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Les brûlis agricoles illégaux faisaient toujours rage jeudi dans le nord de l'Inde malgré des arrestations de cultivateurs, alimentant une pollution atmosphérique dangereuse pour la santé qui va jusqu'à contaminer le Pakistan voisin.
Depuis la semaine dernière, des toux grasses secouent des centaines de millions d'habitants de la région, contraints de respirer un air vicié. Ce nuage toxique est en grande partie nourri par l'intensification ces derniers jours des feux qui brûlent dans les zones rurales du nord-ouest de l'Inde, visibles même depuis l'espace.
D'après les autorités indiennes, plus de 48.000 brûlis agricoles ont d'ores et déjà été signalés depuis fin septembre dans les États du Penjab et de l'Haryana. Cette pratique, interdite, permet aux agriculteurs indiens de nettoyer leurs champs à moindre coût des résidus de la récolte du riz pour pouvoir semer la culture suivante, généralement du blé.
Depuis le début des feux, "plus de 84 personnes ont été arrêtées pour avoir violé la loi. Des poursuites ont été engagées contre 174 agriculteurs", a déclaré à l'AFP un haut responsable de la police du Penjab, grand État agricole indien et principal foyer de ces incendies.
Selon cette source, plus de 17.000 feux ont été recensés au Penjab indien au cours des seuls trois derniers jours. Les brûlis agricoles ont dramatiquement augmenté dans cet État cette année, avec plus de 40.000 feux décomptés à ce jour contre 30.000 en 2018.
La pollution ne connaissant pas les frontières, le "smog" indien s'est même étendu au Pakistan voisin. Dans la nuit de mercredi à jeudi, Lahore, proche de la frontière indienne, a vu la qualité de son air se dégrader violemment, forçant les autorités à laisser les écoles fermées jeudi.
"Hier, le vent a tourné de l'Inde, où l'on brûle énormément de chaume, vers le Pakistan, de sorte que tout le smog en provenance de l'Inde a voyagé et a gravement affecté Lahore", a expliqué à l'AFP Naseem Ur Rehman, un porte-parole de l'Agence de protection de l'environnement (EPA) pakistanaise.
- "Laisser les gens mourir" -
Les concentrations de particules fines PM2,5 dans la deuxième ville pakistanaise ont grimpé mercredi soir jusqu'à 789 microgrammes par mètre cube d'air, selon un relevé du consulat américain sur place. Après de légères pluies, la pollution est cependant redescendue jeudi.
À l'inverse, après une relative amélioration en début de semaine, la pollution notoire de la capitale indienne New Delhi remontait en flèche jeudi. À midi (06H30 GMT), l'ambassade des États-Unis dans la mégapole enregistrait une concentration de PM2,5 de 345, soit près de quatre fois plus que la veille à la même heure. L'Organisation mondiale pour la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser 25 en moyenne journalière.
Comme chaque année, la Cour suprême indienne a fustigé l'incurie des autorités face aux pics récurrents de pollution extrême en début d'hiver et les a appelées à prendre des mesures immédiates pour protéger la santé de leurs concitoyens.
"Vous voulez juste rester assis dans votre tour d'ivoire et diriger. Vous ne vous dérangez pas et vous laissez les gens mourir", a lancé le juge Arun Mishra à l'adresse des responsables politiques et administratifs.
D'un diamètre égal au trentième de celui d'un cheveu humain, les particules fines en suspension dans cet air toxique peuvent s'infiltrer dans le sang à travers les poumons. Une exposition à long terme aux PM2,5 accentue les risques de maladies cardiovasculaires et de cancer des poumons.
En 2017, la pollution de l'air a causé 1,2 million de décès prématurés en Inde, selon l'estimation d'une étude parue l'année dernière dans la revue scientifique The Lancet.
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