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L'Epiphanie orthodoxe brave la pandémie de Covid-19

Dans les eaux glaciales de la rivière Toundja, en Bulgarie, une centaine d'hommes ont bravé dès l'aube les mesures anti-Covid pour une ronde censée leur garantir une santé de fer, à l'occasion de l'Epiphanie célébrée mercredi dans le monde orthodoxe malgré les restrictions.

"Personne n'est en mesure d'arrêter cette fête. Elle révèle le caractère combattant des habitants de Kalofer", lançait, bravache, le maire Roumen Stoyanov.

S'il a lui-même renoncé exceptionnellement cette année au rituel, il a laissé faire les habitants, faisant fi de l'interdiction de rassemblements.

Et pour payer l'amende de 1.000 leva (500 euros), tous seront mis à contribution, a prévenu l'édile.

Des danseurs ont saisi la croix en bois jetée à l'eau par un prêtre pour la remettre à un garçon de 5 ans trônant sur les épaules de son père.

- 'Nous sommes forts' -

Chemise brodée et pantalon traditionnel, ils ont tenu le rythme plus longtemps que de coutume pour manifester leur ténacité, avant de sortir tout mouillés, assurant qu'ils ne craignaient "ni le Covid, ni d'autres maladies".

Sous la bénédiction du prêtre, quelques-uns se sont même permis un baiser à la croix, pourtant déconseillé par l'Eglise en temps de pandémie.

"Rien, pas même une pandémie ne peut empêcher cette tradition que nous avons respectée toute notre vie et qui vivra", assurait Stanimir Nikolov, 25 ans.

"Des générations de nos hommes se sont immergés dans la rivière pour la santé. C'est une façon de montrer que nous sommes forts et combattrons les défis", confirmait Iliana Mintcheva, une spectatrice de 51 ans, un peu déçue que la rivière ne soit pas glacée cet hiver.

Les habitants du village, un des seuls du pays à observer cette ronde, n'avaient pris aucune précaution contre la pandémie, même si la Bulgarie affiche un des taux de mortalité de Covid-19 les plus élevés de l'Union européenne.

- De Bucarest à Istanbul -

A Sofia, à Bucarest et dans d'autres villes de Bulgarie et de Roumanie, la croix a été jetée dans un lac ou une rivière, le premier des nageurs à l'avoir récupérée y voyant un présage de bonne santé.

Si certaines localités ont renoncé à la cérémonie, la ville bulgare de Bansko (ouest), renommée pour sa station de ski, a trouvé une solution moins risquée: jeter la croix dans la fontaine de la place publique.

En Roumanie voisine, les prélats, soucieux d'éviter des bousculades dans les églises, avaient préparé des dizaines de milliers de bouteilles en plastique remplies d'eau bénite à l'intention des croyants.

Les queues traditionnelles devant une citerne ont ainsi été évitées. Mais à Constanta (est), prêtres et fidèles ont négligé le port du masque.

Dans le village de Facaeni (est), environ 150 personnes, la plupart sans protection aucune contre le virus, ont assisté au traditionnel "baptême des chevaux".

Une trentaine d'animaux de trait, parés de rubans et de clochettes, ont été aspergés d'eau bénite par un prêtre avant de participer à une course.

En Grèce, la célébration de l'Epiphanie malgré le confinement strict a provoqué une polémique, l'Eglise orthodoxe refusant de renoncer aux messes.

L'Eglise a cependant consenti à annuler la célébration de "la bénédiction des eaux", une tradition selon laquelle les fidèles se rassemblent au bord de la mer pour y jeter une croix.

Une vingtaine d'habitants de Thessalonique (nord), la ville la plus touchée ces derniers mois par le coronavirus après la célébration d’une fête religieuse fin octobre, ont tenté de braver les consignes mais la police est rapidement intervenue, infligeant des amendes et procédant à des interpellations.

Pas de controverse à Istanbul en revanche, où des dizaines de membres de la communauté grecque orthodoxe ont assisté à une cérémonie du même acabit, après une messe en présence du patriarche Bartholomée de Constantinople.

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