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Les Français ont retrouvé samedi leurs parcs et jardins accessibles après plus deux mois de fermeture pour cause de coronavirus, une note ensoleillée tempérée par un tableau économique sombre.
En ce week-end de Pentecôte, et au moment où cafés et restaurants se préparent eux aussi pour accueillir mardi leurs premiers clients, les pelouses étaient réinvesties en nombre comme aux Buttes-Chaumont, l'un des plus grands parcs de Paris.
Joggeurs, marmots béats devant les canards, poussettes, vélo et trottinettes...
"On a un vrai soulagement parce que pour nos enfants, c’est une vraie évasion (...) C’est notre poumon qui a rouvert", se réjouit Cécile.
"Une libération, une respiration profonde, du bonheur, de la détente, et la liberté. Parce qu’il y en avait marre de faire le tour, autour des grilles, en voyant les arbres tout seuls, en train de s’ennuyer", raconte de son côté Philippe, un masque "dans la poche".
Le masque est "recommandé" mais pas obligatoire, et à chaque grille d'entrée, un bidon de gel hydroalcoolique est en libre service, a constaté un journaliste de l'AFP.
Portant le fameux masque, la maire de Paris Anne Hidalgo, qui réclamait la réouverture des parcs depuis plusieurs semaines contre l'avis du gouvernement, ne cachait pas sa joie en traversant les grilles d'un square du 3e arrondissement samedi.
"Nous recommandons le port du masque (...) on espère surtout que tout le monde va pouvoir profiter (...) de ces morceaux de verdure qui sont absolument indispensables à nos vies", a-t-elle dit devant les caméras.
- "Enchantés de pouvoir revivre" -
Le gouvernement a donné jeudi son feu vert à la levée de nombreuses restrictions grâce à la baisse continue depuis le 9 avril du nombre de malades soignés en réanimation.
Tous les départements sont en zone verte à l'exception de ceux de l'Ile-de-France, la Guyane et Mayotte, passés du rouge à l'orange, et où le déconfinement y sera un peu plus prudent.
A Paris, l'heure de la réouverture a sonné également pour les Galeries Lafayette, devant lesquelles une queue de plusieurs dizaines de personnes s'était formée en matinée, boulevard Haussmann.
"On ne pousse pas, on rentre calmement! Il faut un masque pour rentrer", martèle un vigile. A 11H00 pile, les portes se sont ouvertes et la petite foule est entrée sous les applaudissements des employés, après désinfection des mains à l'entrée.
"Nous sommes enchantés de pouvoir revivre", témoigne Martha, manageuse au rayon maroquinerie.
Les plages et les lacs devraient être de nouveau accessibles progressivement à partir du 2 juin, date à laquelle d'autres restrictions vont être levées, comme la suppression de la limite des déplacements à plus de 100 km du domicile, la réouverture des lycées et des cafés-restaurants. Le parc Astérix rouvrira lui le 15 juin "avec des mesures sanitaires exceptionnelles".
Mais attention, la règle des 100 km est "encore en vigueur ce week-end" et il y aura des "contrôles", a prévenu le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, appelant "à la responsabilité et au civisme" des Français pour cette phase 2 du déconfinement.
Au total, le Covid-19 a tué 28.771 personnes, avec la mort de 57 nouveaux malades à l'hôpital en 24 heures, selon le bilan publié samedi, qui n'a pas actualisé les chiffres en Ehpad. Le nombre de patients en réanimation continue à diminuer, à 1.325.
Depuis la levée du confinement le 11 mai, 109 foyers d'infection ont été repérés en France. Mais aucun n'a été à l'origine d'une dissémination de l'épidémie jusqu'ici, selon l'agence sanitaire Santé publique France, qui estime qu'il n'y a "pas de signaux en faveur d'une reprise de l'épidémie".
Toutefois, le virus circule encore alors les experts restent sur leurs gardes.
Même si "les gens font plus attention", l'épidémie pourrait refaire surface dans quelques mois "ou même dans quelques semaines" notamment à la faveur des vacances, a estimé l'épidémiologiste Catherine Hill sur Europe 1 samedi. "Plus vous rencontrez des gens, plus vous prenez de risques".
- "Le séisme" Renault -
En parallèle, l'urgence pour l'exécutif est aussi de relancer la machine économique, grippée par deux mois déconfinement.
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a ainsi appelé les Français à "ressortir" et "consommer" les 60 milliards d'euros "mis en épargne" pendant le confinement.
La chute du PIB atteint 5,3% au premier trimestre, avant un plongeon attendu au deuxième trimestre. Et le chômage a fait un bon spectaculaire de 22% en avril, avec 843.000 demandeurs d'emploi supplémentaires.
Autre mauvaise nouvelle: l'annonce vendredi par Renault de la suppression de près de 4.600 emplois en France, sur 48.000, dans le cadre d'un plan d'économies de 2 milliards d'euros sur trois ans.
Quelques milliers de personnes ont manifesté samedi devant l'usine Renault de Maubeuge (Nord), à l'arrêt depuis vendredi, pour manifester contre cette cure d'austérité.
"C’est un séisme qui est en train de se passer. Nous voulons garder notre entreprise ici", a déclaré à l'AFP Jérôme Delvaux, secrétaire du syndicat CGT-MCA.
Sur le front scolaire, il n'y aura pas d'allégement du protocole qui encadre l'accueil des élèves d'ici aux vacances d'été le 4 juillet, selon le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer.
Plus de 80% des écoles ont été rouvertes en France mais elles n'accueillent que 22% des élèves, en raison d'une multitude de contraintes.
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