Charlotte, employée du Delhaize de Bouffioulx, est déterminée à poursuivre le combat: "On ne lâchera rien"

Au début du mois de mars, la direction du groupe de distribution du Delhaize a annoncé vouloir franchiser l'ensemble de ses 128 magasins en gestion propre, ce qui a suscité une levée de bouclier des syndicats et l'incompréhension parmi les travailleurs. Depuis lors, beaucoup de ces supermarchés sont restés portes closes, en particulier à Bruxelles et en Wallonie. Parmi les succursales accessibles samedi, on n'en recensait d'ailleurs aucune dans la capitale (qui en compte 22) et seulement dix (sur 41) au sud du pays. En Flandre, 45 magasins ont ouvert normalement.

Cette grève serait-elle surtout francophone ? Dominique Michel, administrateur-délégué de COMEOS, explique sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche que la différence nord-sud existe depuis très longtemps. "Chaque fois qu'il y a une grève, il y a 4-5 magasins fermés en Flandre et beaucoup de magasins fermés à Bruxelles et en Wallonie. Donc il y a véritablement une culture tout à fait différente qui est parfois difficile à comprendre".

Ce qui le "dépasse" et l'étonne chaque fois est que la couverture dans la presse est complètement différente au nord et au sud du pays. "La presse francophone est submergée. Les gens disent que ça va être la catastrophe de travailler pour des franchisés tandis que du côté flamand, il y a certains témoignages dans ce sens-là et d'autres qui expliquent que ce n'est pas du tout l'enfer de travailler pour un franchisé et qu'il y a des avantages aussi."

Pierre-Yves Dermagne, vice-Premier ministre et ministre de l’Économie et du Travail, estime que les francophones "se montrent plus combatifs dans un conflit tel que celui-là" pour exiger de la direction de Delhaize qu'elle revoie son plan et s'inscrive réellement dans une négociation avec les représentants des travailleurs et travailleuses.

Charlotte travaille depuis 9 ans au Delhaize de Bouffioulx dans la province de Hainaut. Elle dit "non" au plan de l'entreprise et "non" à la franchise. "Ce n'est pas au travailleur à payer le fait que des actionnaires à l'heure actuelle ne sont pas contents du bénéfice qu'ils font sur le dos des travailleurs", s'insurge-t-elle.

Elle explique que Delhaize est une multinationale qui est en bénéfice."On essaie de réduire les droits des travailleurs pour que les actionnaires s'en mettent encore plus dans la poche et ça les travailleurs en ont conscience", lance-t-elle. "Le message est clair, on ne lâchera rien."

Dominique Michel, administrateur-délégué de COMEOS, réagit aux propos de Charlotte en expliquant que, selon lui, la grève dure très longtemps alors qu'il n'y aura pas de perte d'emploi et tout le monde va garder ses conditions. "Il y a quelque chose que je ne comprends pas", dit-il.

Pierre-Yves Dermagne, ne partageant pas du tout ce point de vue, a répondu à Dominique Michel. "Dire qu'il n'y aura pas de perte d'emploi est faux car Delhaize a annoncé des pertes d'emploi au siège (...) Dans les magasins, cela est vrai sur le court terme grâce à ce qu'on appelle la convention collective mais personne n'est là pour le garantir ad vitam."

De leur côté, les syndicats ont annoncé différentes actions de rassemblement ce samedi devant une quarantaine de Delhaize à travers le pays, dont les 22 situés à Bruxelles et ceux de Tournai, Verviers, Nivelles et Marche. Les représentants des travailleurs souhaitent de la sorte manifester leur solidarité avec les salariés concernés. Les clients sont appelés à rejoindre ces actions pour montrer leur soutien et seront invités à signer une pétition.