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"Une histoire d'amour" a eu un tel succès au théâtre qu'en l'adaptant au cinéma, Alexis Michalik a voulu relever une gageure: il a gardé la même distribution, y compris lui-même.
Michalik est plus que jamais omniprésent: son deuxième film sort en salles mercredi, quatre de ses productions se jouent en ce moment à Paris -dont la comédie musicale les Producteurs- et il prépare l'animation de la cérémonie des Molières fin avril, ainsi qu'une nouvelle pièce pour 2024.
Créée à la Scala Paris en janvier 2020, "Une histoire d'amour" raconte l'idylle de Justine (Marie-Camille Soyer) et de Katia (Juliette Delacroix). Toutes deux tentent une insémination artificielle et c'est Katia qui tombe enceinte... avant d'être abandonnée par Justine. Douze ans plus tard, atteinte d'un cancer, Katia supplie son frère William (Alexis Michalik), un écrivain désabusé, de s'occuper de sa fille Jeanne (Léontine d'Oncieu).
- "Un énorme cadeau" -
L'idée de garder la même distribution paraît simple mais le réalisateur de 40 ans craignait tellement de pas obtenir de financements qu'il avait initialement caché le projet aux comédiennes de la pièce.
"Je leur avais dit que j'allais prendre d'autres actrices, je ne voulais pas les décevoir", confie-t-il dans un entretien à l'AFP.
"Elles viennent toutes du théâtre mais, un rôle au cinéma, on en rêve tous. C'est un énorme cadeau", affirme Alexis Michalik, qui a joué plusieurs rôles sur le grand écran. "On est heureux... et après on est flippé parce qu'on veut être à la hauteur", sourit-il.
Sans star à l'affiche, le dramaturge, un des plus plébiscités de la dernière décennie, est parvenu à réaliser ce film grâce à sa propre boîte de production et en obtenant le soutien de l'une des plus importantes sociétés de distribution indépendantes françaises "Le pacte", de France 2 et de Canal+.
Il avait connu le parcours inverse avec "Edmond", qu'il avait d'abord rêvé en film pendant 15 ans. Faute de financements, il se tourne vers le théâtre pour raconter la création difficile de "Cyrano de Bergerac" par Edmond Rostand.
C'est le triomphe de la pièce qui va consacrer Michalik et rendre le film possible: depuis 2016, elle est jouée au théâtre du Palais-Royal à Paris sans interruption (hors pandémie), et va bientôt être créée en espagnol à Buenos Aires. Le filme a vu le jour en 2018.
Michalik, qui a écrit "Une histoire d'amour" après une rupture amoureuse, joue à travers le film avec la chronologie de la pièce mais sa patte est bien reconnaissable: un concentré de narration et d'émotion, mais aussi de l'humour, dès que les scènes deviennent trop tristes.
"Je n'aime pas plonger les gens dans le malaise. J'aime qu'on communie dans une émotion, qu'on rie et qu'on pleure en même temps", affirme le réalisateur.
Se disant toujours "hyperactif" mais plus apaisé depuis des années, le dramaturge récompensé de plusieurs Molières prépare une nouvelle pièce sur les réfugiés. Non pas pour verser dans le politique, mais toujours dans le souci d'une narration "qui puisse surprendre le public".
"J'ai toujours fait des formats de moins de deux heures, très rythmés, qui puissent parler à un public qui n'a jamais mis les pieds dans une salle de spectacle", dit celui dont les pièces se jouent souvent dans de petites jauges.
Dans un monde faisant la part belle aux séries, le Franco-Britannique -sa mère anglaise Pamela Hargreaves a traduit certaines de ses œuvres jouées en 2019 en Grande-Bretagne- a toujours été adepte des "pièces à tiroirs", des "histoires qui convoquent plusieurs époques et rebondissements".
Il a connu son premier succès avec "Le Porteur d'histoire" (2011) quand il n'avait que 28 ans et cette pièce se joue encore au théâtre des Béliers Parisiens. "C'est fou, c'est inespéré", commente-t-il.