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Avant la conquête des JO, Thomas Jolly fait sensation à l'Opéra

Un énorme escalier tournant, du waacking, cette danse née dans les clubs gay dans les années 70, et une Juliette aux allures de Claire Danes dans le film de Baz Luhrmann: en attendant de dévoiler ses cérémonies des JO, Thomas Jolly en met plein les yeux à l'Opéra de Paris.

"Roméo et Juliette" de Charles Gounod, un opéra de 1867, se refait une beauté grâce à celui qui n'en finit pas de conquérir le public avec des univers très divers, de son remake de "Starmania" à cette production lyrique absente du répertoire de l'Opéra depuis 1985.

Jeudi à l'avant-première, réservée aux moins de 28 ans, l'artiste de 41 ans qui signe sa deuxième production dans cette maison, son équipe et la distribution (notamment le Roméo de Benjamin Bernheim et la Juliette d'Elsa Dreisig) ont reçu une ovation debout du jeune public.

Entre cette production monumentale et les préparatifs titanesques des cérémonies des JO, comment a-t-il pu tenir le coup ?

"Je n'ai pas beaucoup dormi ces deux derniers mois, je ne vais pas vous mentir", dit-il à l'AFP, dans les coulisses de l'Opéra Bastille où se tiendra la première samedi. Mais "je suis vivifié, je reçois tellement de la part du public et des interprètes que je n'ai pas le temps d'être fatigué", assure-t-il.

- "Onirisme visuel" -

"J'ai continué le travail sur les cérémonies olympiques tout en maintenant ces répétitions (...) c'est le seul projet que je souhaitais garder", dit-il.

L'Opéra a fait la commande à la suite de son "Roméo et Juliette" au balcon de son appartement à Angers en plein confinement, lorsqu'il joue avec son compagnon le texte de Shakespeare, sur la musique de Gounod et sous les yeux des voisins et des livreurs de repas.

Trois ans plus tard, il se retrouve à l'Opéra de Paris, "une maison qui réalise les rêves" des metteurs en scène, avec son armée de costumiers, décorateurs, constructeurs, accessoiristes, peintres, sculpteurs...

A Bastille, il a, avec le décorateur Bruno de Lavenère, l'idée ingénieuse de reproduire, à une échelle réduite, le grand escalier de Palais Garnier, en le dotant de petits balcons et en le surplombant d'une dizaine de chandeliers.

Au gré des rotations, comme dans un travelling, ce décor grandiose va montrer le choeur chantant ou dansant sur les marches et, en-dessous, des scènes plus intimes comme la rencontre entre les deux amoureux, l'apparition, saisissante, de Juliette sur son balcon, la cellule du Frère Laurent ou la crypte où sommeillera Juliette avant la funeste fin.

Le spectacle porte également la marque de fabrique de l'enfant chéri du théâtre public: la lumière, signée de son complice Antoine Travert, avec des projecteurs qui brillent de mille feux, irradiant jusqu'en direction du public.

Il invite dans ce spectacle le waacking, une forme de danse de rue afro-américaine, avec des chorégraphies signées Josepha Madoki (connue sous le nom Princess Madoki), qui a collaboré à des clips de Beyoncé.

"A chaque fois, j'essaie de créer un onirisme visuel propice à faire éclore le livret et la musique", détaille l'artiste qui y a infusé sa "culture de cinéma, d'animation, de jeux vidéos, de manga".

Le metteur en scène dit croire à la "porosité" de ses projets: "il y a des gens qui m'ont découvert avec +Starmania+ qui, du coup, se disent +je vais aller voir son opéra ou sa pièce de théâtre", dit-il.

Elsa Dreisig retrouve de son côté dans cet univers de Thomas Jolly une inspiration de Luhrmann, réalisateur de "Roméo + Juliette" avec Leonardo DiCaprio et Claire Danes. "C'est "une façon assez rock and roll d'interpréter ce +Roméo et Juliette+ et en même temps, ça nous laisse quand même un accès aux émotions".

Sa production lancée, "maintenant, focus uniquement sur les Jeux olympiques", dit-il.

"Il n'y aura plus que ça jusqu'au 24 juillet pour préparer la grande fête !".

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