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Madame Arthur, une soirée dans le plus queer des cabarets parisiens

Un pianiste déjanté, de flamboyantes drag queens reprenant en français de grands tubes, des spectacles aux thèmes régulièrement renouvelés: menacé de disparition, Madame Arthur, premier cabaret travesti parisien, connaît de nouveau le succès auprès d'un public jeune, sans avoir dévié de ses fondamentaux.

Du jeudi au dimanche, une quinzaine d'artistes burlesques en costumes extravagants, débordant d'humour et de folie, s'y approprient par roulement le patrimoine de la chanson francophone mais pas seulement, de Stromae à Céline Dion en passant par Barbara, Björk ou encore Michael Jackson dûment traduits.

Sous la houlette du pianiste et compositeur Charly Voodoo, la trentaine, ex-professeur du conservatoire qui signe arrangements et improvisations, Madame Arthur réussit le tour de force de proposer un spectacle différent chaque semaine.

Et la soirée se prolonge jusqu'au bout de la nuit: après les représentations de 20H00 et 23h00, le cabaret, qui a cassé le mur le séparant du Divan du Monde, ex-salle de concert, se transforme en discothèque.

Fondé en 1946, ce petit cabaret de Pigalle, dont les stars ont été les premières femmes transgenres françaises Bambi et Coccinelle, et qui a vu jouer Serge Gainsbourg, cultive depuis 77 ans l'extravagance et l'impertinence.

Ici, pas de playbacks comme chez Michou, le voisin d'en face, mais des talents queer aux voix ensorcelantes, rivalisant de répartie.

Actuel propriétaire et directeur de Madame Arthur, Fabrice Laffon reconnaît que le sauvetage du cabaret, resté fermé de 2010 à 2015, s'est fait in extremis. "Nous sommes partis de zéro mais en faisant en sorte que l'histoire du lieu continue", assure-t-il.

"Nous avons eu la chance de rencontrer de jeunes artistes incroyables, autour de l'ADN chant-piano, travestis ou pas, filles ou garçons, mais jamais transformistes (se transformant en personnalité connue, NDLR), comme ailleurs. On n'est pas du tout dans l'imitation !"

"En 2015, à la réouverture, on était plus nombreux sur scène que dans la salle !", se souvient Charly Voodoo, l'un des pionniers de cette renaissance.

"On a misé sur un retour aux sources avec un cabaret queer dans l'état d'esprit et des créatures singulières, comme Diamanda Callas, Odile de Mainville ou encore Lola Dragoness Von Flame, en retwistant les tubes français. Le bouche-à-oreille a fait le reste", dit-il.

Succès oblige, Madame Arthur part régulièrement en tournée et propose aussi la diffusion de ses spectacles parisiens en direct sur Internet.

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