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Humain, Voiture et Maison: que dit du futur cette nouvelle stratégie de Xiaomi?

Xiaomi veut redéfinir l'avenir de la technologie avec sa vision "Humain, Voiture, Maison", dévoilée à Barcelone. En s'écartant des sentiers battus de l'industrie des smartphones, l'entreprise chinoise lance (en Chine pour le moment) la SU7, une voiture électrique intégrée à son nouveau système HyperOS. Cette stratégie audacieuse nous amènerait vers une ère de connectivité et d'intelligence artificielle. Faut-il encore concrétiser les annonces, et ça n'est pas une mince affaire. 

Une entreprise technologique a bien compris que c'était le moment ou jamais d'aller titiller Samsung et Apple en se présentant comme un acteur majeur de l'électronique mobile grand public ; et je ne parle pas des noms historiques du marché tels que Sony ou LG, qui ont (pratiquement) jeté l'éponge sur ce secteur. Mais bien de Xiaomi, qui a fondé son succès au fil des ans avec des smartphones à prix très contenus, une grande communauté de fans et une (très, trop?) large variété de produits connectés. 

L'entreprise chinoise voit grand, très grand. Elle a ainsi présenté à Barcelone, à la veille du Mobile World Congress (le plus grand salon professionnel dédié aux technologies mobiles), sa vision du futur. Et il aura aussi lieu… sur la route ! 

Human X  Car X Home

Effectivement, alors que toutes les marques cherchent des moyens d'incorporer de l'intelligence artificielle à toutes les sauces, Xiaomi agrandit son riche écosystème composé jusqu'alors de smartphones et de "IoT" (objets connectés), avec la SU7. Il s'agit d'une voiture électrique qui a la particularité de partager le nouveau système d'exploitation (OS) de Xiaomi, HyperOS. D'où le nouveau 'motto' (slogan) de l'entreprise, présenté sur la scène du Convention Center de Barcelone par William Lu, président de Xiaomi Corporation: Human X Car X Home. 

Qu'est-ce qui se cache derrière ce slogan relativement étonnant ? C'est ce que j'ai tenté de comprendre dans les coulisses du stand de Xiaomi sur le Mobile World Congress. 

Un système d'exploitation transversal: HyperOS

Tout d'abord, il y a un nouveau système d'exploitation. Xiaomi veut aller plus loin que sa surcouche Android, il a donc lancé HyperOS (préinstallé sur les nouveaux smartphones de la 14 Series présentés à Barcelone, en mise à jour sur quelques anciens modèles), "la plus grande reconstruction (du logiciel Xiaomi, NDLR) depuis le lancement MiuiOS en 2010", selon le président. A l'instar que ce que propose Huawei avec HarmonyOS, HyperOS veut s'émanciper d'Android et même s'il restera basé sur cette architecture de Google pour les smartphones et tablettes, il entend être une (grosse) couche logicielle supplémentaire, capable de parler avec tous les autres appareils de Xiaomi qui seraient, eux aussi à l'avenir, basés sur cet écosystème. Et parmi ces autres appareils, il y a bien sûr tous les gadgets connectés (TV, aspirateur, trottinette, lampe, ventilateur, etc), mais aussi, vous l'aurez compris, la voiture. Car on le sait, la partie logicielle et "tech" d'une voiture prend de plus en plus de place, affichée sur des écrans de plus en plus grands. Sachez également que cet HyperOS très transversal, se voudra également "proactif" en utilisant de l'intelligence artificielle: il analysera vos usages des appareils compatibles et anticipera vos besoins (une belle promesse qui devra faire ses preuves, cependant). 

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Une voiture: la SU7

Au-delà de ces investissements considérables dans le logiciel, il y a bien sûr ceux, non moins considérables, dans… une voiture électrique luxueuse. Xiaomi n'a pas dévoilé le prix de la SU7 mais elle a des performances similaires aux meilleurs modèles du marché (Tesla, Porsche, etc), tant au niveau de la puissance (637 ch) que de l'autonomie (800 km) et de la charge rapide (310 km récupérés en 10 minutes). Oui, on dirait qu'on parle d'un smartphone ! On n'en connaît pas encore le prix, mais il sera forcément élevé. 

Une entrée via le segment premium justifiée de cette manière par un autre président de Xiaomi à CNBC récemment: "Nous avons déjà 20 millions d'utilisateurs premium en Chine, basés sur le smartphone". En clair: si Xiaomi est surtout connu en Europe pour ses smartphones à bas prix qu'il vend par dizaines de millions, en Chine il y a déjà un public qui met plus de 1.000€ pour les modèles Ultra (dont le Xiaomi 14 Ultra présenté dimanche, dont je vous parlerai plus tard). Ce public chinois 'premium' est donc la "cible initiale" de Xiaomi pour sa berline luxueuse électrique SU7, qui intégrera par ailleurs tout ce que vous pouvez imaginer de technologies mobiles, notamment un très ambitieux Xiaomi Pilot présenté comme "un logiciel de conduite autonome" (mais on sait que c'est très, très compliqué). 

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Une grande ambition: l'écosystème ultime

L'ajout de la voiture, un marché nouveau pour Xiaomi (même si c'est l'entreprise chinoise publique Baic Group qui va la fabriquer), montre les ambitions vertigineuses de Xiaomi en tant que conglomérat asiatique. Il s'agit de ces grands groupes d'entreprises qui produisent et commercialisent des tas des produits sur des tas de marchés, à l'instar de Samsung (qui n'a cependant pas de voiture pour le moment). 

Xiaomi veut une interface logiciel unique pour tous ces appareils, de la voiture à l'aspirateur en passant par la TV et bien sûr, le smartphone. Une "unicité" qui ouvre la voie à des interconnexions pouvant s'avérer utiles pour l'utilisateur. On peut s'imaginer, dans 10 ans, que votre voiture Xiaomi se préchauffe avant votre départ, que ses caméras intégrées servent de surveillance de l'extérieur de la maison, que vous puissiez y accéder sur votre TV ou votre smartphone Xiaomi de manière parfaitement fluide. La voiture et la maison sont les endroits où nous passons le plus de temps, il est logique de les intégrer le plus possible dans la vie quotidienne. Human, Car, Home: on y est. 

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Qu'est-ce que cette stratégie nous dit du futur ? 

Au total, Xiaomi dit qu'il a dépensé "des milliards de dollars" pour son écosystème et sa voiture, et on le croit. Cela dit beaucoup du futur vers lequel on se dirige: des écosystèmes de plus en plus globaux, détenus par de moins en moins de grandes marques. Écosystèmes où logiciel et matériel seront de plus en plus liés, vous forçant la main pour rester chez Apple, Samsung, Google ou, vous l'avez compris même s'il n'opère pas aux Etats-Unis, Xiaomi. Qui concentre déjà 699 millions d'appareils connectés dans le monde, sans compter les tablettes et les smartphones, un marché sur lequel il est clairement N3, derrière les indétrônables Samsung et Apple. 

Mais je peux vous le dire: des promesses et annonces, ambitieuses et mondiales, de grandes entreprises, j'en ai déjà entendues, au MWC de Barcelone, à l'IFA de Berlin ou au CES de Las Vegas. Concrétiser une telle stratégie en commercialisation effective des produits et des services à l'échelle mondiale, c'est un (long) chemin semé d'embûches techniques, réglementaires et financières. Xiaomi a les moyens, mais y parviendra-t-il ? 

Il y a peu sur RTL info, nous évoquions le succès de BYD, entreprise chinoise de voitures électriques, en Belgique :

 

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