Accueil Actu Magazine Hi-Tech

Lindsay: pressé de réagir, le gouvernement promet de muscler la lutte contre le harcèlement scolaire

Mis sous pression par la famille de Lindsay, l'adolescente qui s'est suicidée en mai, le gouvernement a promis mercredi de faire du harcèlement scolaire une "priorité absolue" et d'accélérer son action pour renforcer son dispositif existant, jugé encore insuffisant.

La Première ministre s'est emparée du sujet mardi à l'Assemblée nationale, lors des questions au gouvernement. "Nous allons faire de la lutte contre le harcèlement la priorité absolue de la rentrée 2023", a-t-elle déclaré.

Elle a aussi exprimé "toute sa solidarité et son soutien" à la famille de Lindsay, adolescente de 13 ans scolarisée à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), qui s'est suicidée le 12 mai, victime de harcèlement scolaire.

La mère et le beau-père de la jeune fille ont indiqué qu'ils devaient être reçus mercredi par Brigitte Macron, très impliquée sur la question du harcèlement.

Reçue lundi par Pap Ndiaye, la famille de Lindsay avait estimé que le ministre de l'Education n'avait pas été "sincère" et leur avait apporté une réponse "insuffisante". L'avocat de la famille, Me Pierre Debuisson, avait déploré qu'il n'y ait "pas de mesures concrètes, pas de moyens financiers alloués à cette cause".

Après ces critiques, Pap Ndiaye a promis "des moyens supplémentaires", avec notamment la création d'un référent sur le harcèlement "dans chaque établissement".

Ce responsable sera nommé à partir de la rentrée prochaine, avec une rémunération supplémentaire pour cette mission, a précisé le ministère. Il pourra s'agir d'une infirmière, d'un conseiller principal d'éducation (CPE) ou d'un enseignant.

Mais "nous devons aller plus loin", a martelé la Première ministre.

Elle a énuméré les autres actions du gouvernement: "étendre au lycée" le programme Phare de lutte contre le harcèlement à la rentrée, "protéger davantage les élèves victimes en primaire en ouvrant par décret la possibilité d'écarter d'une école un élève auteur de harcèlement", une mesure annoncée récemment par le ministre de l'Education, "rendre obligatoire la formation des personnels contre le harcèlement" et "augmenter les moyens des plateformes d'alerte et d'écoute", le 3020 (pour les familles et victimes) et le 3018 (sur le cyberharcèlement), sans plus de précisions.

- "Il va falloir du temps" -

Mis en place en 2019 et expérimenté pendant deux ans dans six académies, le programme Phare a été généralisé cette année dans toutes les écoles et collèges. Selon le ministère de l'Education, 91% des collèges et 64% des écoles sont aujourd'hui inscrits dans ce dispositif.

Il prévoit la formation d'une équipe de référence d'au moins cinq personnes par collège, la nomination et la formation de dix élèves ambassadeurs au moins par collège et dix heures de formation par an pour les enfants.

Mais les effets de ce dispositif restent encore limités, en raison du temps nécessaire à sa mise en place ou encore faute de moyens.

Pour Nicole Catheline, pédopsychiatre et auteure d'un livre sur le sujet, qui a participé à l'élaboration du programme Phare, "comme toujours, il va falloir du temps pour que ça se mette en place". "On a formé environ 50.000 enseignants. Il y en a 800.000", ajoute-t-elle.

Pour elle, en outre, "c'est plus la réalisation sur le terrain et l’accompagnement des enseignants qui risque de poser problème".

"On n’est pas arrivés au bout", résume auprès de l'AFP Jérôme Fournier, secrétaire national en charge des questions d'éducation au syndicat SE-Unsa.

Pour Rachel Marquer, principale d'un collège de 625 élèves à Châtellerault, qui a mis en place le programme à la rentrée 2021, celui-ci a permis de "régler 80% des situations qui pourraient devenir graves".

Mais "ce qui est dommage, c'est que ça demande énormément d’investissement, et que ça ne fait pas partie des missions qui peuvent être valorisées financièrement", déplore-t-elle.

Les effets de ce programme restent en outre limités à l'heure du cyberharcèlement, qui se fait en dehors de l'école. "Il faut absolument contraindre les réseaux sociaux", qui sont "beaucoup trop hésitants", a souligné Pap Ndiaye.

Avec ses homologues de la Justice, de l'Intérieur et du Numérique, il souhaite rencontrer les principaux responsables des réseaux sociaux pour qu'ils se saisissent du sujet "à bras-le-corps et agissent de manière à bloquer les messages insultants".

À lire aussi

Sélectionné pour vous