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Un an après, Biden n'est guère porté par sa grande loi climat

Si c'était à refaire, il choisirait un autre nom... Un an après, Joe Biden peine à convaincre les Américains des bienfaits de son "Inflation Reduction Act", ce pharaonique projet de transition énergétique, de puissance industrielle et de justice sociale.

Le 16 août 2022, quand le président américain signe ce texte à 750 milliards de dollars, les Etats-Unis sont en proie à une flambée des prix qui envoie la cote de popularité du démocrate par le fond.

D'où cet intitulé, la "loi de réduction de l'inflation", pour un projet qui vise surtout à encourager, à coup de subventions et de crédits d'impôt d'un montant de plus de 350 milliards de dollars, les investissements dans les énergies vertes.

"Je regrette de lui avoir donné ce nom parce qu'il s'agit moins d'inflation que de générer de la croissance économique", a lâché Joe Biden jeudi lors d'une rencontre avec des donateurs en Utah (ouest).

La veille, le démocrate de 80 ans, qui briguera un second mandat en 2024, avait inauguré un projet industriel emblématique, selon lui, de ce texte.

Il s'agit d'une fabrique de tours d'éoliennes, installée sur un site qui produisait auparavant de la vaisselle en plastique, et dans un Etat, le Nouveau-Mexique, qui subit les conséquences du changement climatique au travers d'incendies et de températures extrêmes.

- 110 milliards -

La Maison Blanche assure que quelque 110 milliards de dollars d'investissements dans les énergies propres ont été annoncés aux Etats-Unis depuis la signature du texte, qui a bousculé les Européens et d'autres alliés avec son ambition affichée de souveraineté industrielle.

C'est "la loi la plus significative de l'histoire américaine en matière de climat et d'énergie propre", applaudit Lori Bird, du World Resources Institute, organisation non-gouvernementale de défense de l'environnement.

Les incitations prévues dans le texte "sont conçues pour durer une décennie" et les effets s'en feront sentir "encore au-delà", prédit-elle.

Selon une étude menée par neuf équipes de recherche américaines, l'"IRA" devrait réduire de 43 à 48% les émissions des Etats-Unis d'ici 2035 et par rapport à 2005.

C'est moins que l'objectif officiel, qui est de les diviser par deux d'ici 2030.

Pour l'atteindre, font valoir de nombreux activistes, il ne faut pas se contenter de "carottes" financières mais brandir aussi des "bâtons", des régulations contraignantes - qui risqueraient toutefois de se fracasser sur la très conservatrice Cour suprême.

Dans l'immédiat, la préoccupation de Joe Biden est surtout de capitaliser, avant le scrutin de l'automne 2024, sur ce qu'il appelle les "Bidenomics". Le terme est censé décrire la vigueur présente de l'économie américaine tout comme les perspectives radieuses promises par l'IRA ainsi que deux autres grandes lois d'investissement, dans la technologie et dans les infrastructures.

- Hétéroclite -

Les Américains connaissent mal ces textes qui regorgent de promesses hétéroclites - soutenir l'informatique quantique et tenir tête à la Chine, construire des voitures électriques et créer des emplois, baisser le prix de l'insuline et démocratiser l'accès à internet...

"Cela va prendre du temps parce que les gens ne comprennent pas que les changements qui se produisent sont une conséquence de ce que nous avons fait", a admis le démocrate jeudi, face aux donateurs.

Le parti républicain a attaqué, dans un communiqué paru mardi, "les tentatives désespérées" du président pour "vendre sa prétendue loi de réduction contre l'inflation", qualifiée d'"arnaque".

Joe Biden réplique que les élus de droite n'en accueillent pas moins volontiers les investissements liés à son texte.

Mercredi, il s'en est pris à une parlementaire trumpiste particulièrement virulente, Lauren Boebert. Le président a ironisé sur le fait qu'une gigantesque usine d'éoliennes allait voir le jour dans la circonscription de cette "dame républicaine très discrète", qui, comme tous ceux de son camp, a voté contre le "Inflation Reduction Act".

"Mais maintenant tout va bien, elle se réjouit", a lancé Joe Biden.

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