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Longtemps, elle est restée silencieuse. Puis, par petites touches, elle s'est montrée plus présente. Cette semaine, Melania Trump a donné de la voix, de façon spectaculaire.
En réclamant publiquement le départ d'une conseillère de son mari Donald Trump, la troisième femme du président américain a pris tout le monde par surprise.
Bien sûr, d'autres Premières dames dans l'histoire des Etats-Unis se sont mêlées du fonctionnement de la "West Wing", l'aile de la Maison Blanche où travaillent le président et son cercle rapproché. Mais elles ne le faisaient en général pas en pleine lumière.
"Nancy Reagan a milité, avec succès, pour le départ de Donald Regan du poste de secrétaire général de la Maison Blanche sous Ronald Reagan dans les années 80", rappelle Katherine Jellison, enseignante d'histoire à l'université de l'Ohio. "Mais elle l'a fait de manière discrète et sans aucune annonce publique".
En affirmant via sa porte-parole que Mira Ricardel, qui occupait un poste-clé au sein du puissant Conseil à la sécurité nationale, ne méritait plus "l'honneur de travailler à la Maison Blanche", Melania Trump, 48 ans, est allée au rapport de force avec certains hauts responsables de l'administration. Et a contraint l'exécutif à annoncer le départ de cette dernière.
Selon plusieurs médias américains, la polémique était en particulier liée à la répartition des sièges dans l'avion avec lequel la First Lady s'est rendue en Afrique le mois dernier.
"Il y a toujours eu une tension entre le domaine du président dans la West Wing et celui de la Première dame, dans la East Wing", souligne Kate Andersen, auteure d'un livre sur l'évolution du rôle de Première dame dans l'histoire. "La différence ici est que le président Trump a bâti sa présidence sur le modèle d'un reality show et que, désormais, la Première dame semble adopter le même ton".
L'ex-mannequin d'origine slovène, qui a épousé Donald Trump en 2005 et est devenue Américaine l'année suivante, a marqué son indépendance dès les premiers jours en indiquant qu'elle ne déménagerait pas tout de suite à Washington pour laisser son fils Barron finir son année scolaire à New York.
Mais une fois installée au 1600 Pennsylvania avenue, elle s'est montrée d'une extrême discrétion, laissant les observateurs spéculer en vain sur la personnalité de cette femme à laquelle était systématiquement rattaché l'adjectif "énigmatique".
Réponse aux 'médias de gauche'
Dans un entretien accordé mi-octobre à la chaîne ABC, à l'occasion de son voyage en Afrique, Melania Trump a donné les premiers signes d'un changement de ton.
Pour la première fois, elle a embrassé une partie de la rhétorique agressive de son mari vis-à-vis des médias.
Pourquoi avait-elle choisi, fin juin, lors d'un déplacement à la frontière avec le Mexique, de porter une veste sur laquelle on pouvait lire "I really don't care, do u?" (Je m'en fiche complètement, et vous?).
Le message était destiné "aux gens et aux médias de gauche qui me critiquent", avait-elle répondu. "Je veux leur montrer que cela m'est égal. Ils peuvent critiquer autant qu'ils veulent, cela ne m'empêchera pas de faire ce que j'estime être juste".
"Je suis la personne la plus harcelée au monde", avait-elle ajouté. "Vous devriez voir ce que les gens disent de moi", avait-elle encore dit, suscitant de vives réactions tant son mari est connu pour ses sorties agressives et moqueuses, par tweets interposés, contre tous ses adversaires.
La nouvelle posture, plus visible, de Melania Trump sera-t-elle un atout politique pour Donald Trump qui a déjà les yeux braqués vers la prochaine élection présidentielle de 2020? Peut-être. Mais l'équation est compliquée.
"L'une des qualités que nombre de gens admirent chez Mme Trump est sa capacité à rester au-dessus de la mêlée", explique à l'AFP Katherine Jellison. "Dans un contraste saisissant avec la personnalité tempétueuse de son mari, elle a essentiellement fait preuve de calme et de retenue en public".
"Si elle évolue vers un comportement peut-être plus proche du sien, elle pourrait perdre une partie du capital sympathie qu'elle a accumulé".