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Pas de trottinette électrique avant 14 ans, et des sanctions alourdies en cas d'infraction: le ministre des Transports a présenté mercredi un nouveau plan pour mieux réguler ces engins devenus omniprésents.
Plus de 2 millions de Français possèdent des trottinettes électriques, dont le prix a fortement baissé ces cinq dernières années, et des centaines de milliers en louent occasionnellement en libre-service, selon les acteurs du secteur. Mais les décès liés à des accidents de trottinette se sont multipliés ces dernières années, selon la sécurité routière, et même l'Académie de médecine a tiré la sonnette d'alarme face à des blessures gravissimes.
Dans le prolongement de la loi d'orientation des mobilité (LOM) votée en 2019, le gouvernement a présenté mercredi un plan destiné à réguler l'usage de ces engins sur la voie publique, qui doit être appliqué par décret dans les semaines à venir.
Il coupe ainsi l'herbe sous le pied de la mairie de Paris, qui propose dimanche aux Parisiens une votation "pour ou contre" les trottinettes en libre-service.
"Il faut passer d'un stade anecdotique, folklorique, à une étape d'encadrement, d'apaisement de l'espace public", a lancé le ministre des Transports Clément Beaune lors d'une conférence de presse au ministère. "Les trottinettes peuvent être une chance si elles sont bien organisées, bien régulées".
- Clignotants -
L'âge minimum pour conduire une trottinette électrique est notamment relevé de 12 à 14 ans, comme pour les scooters.
Les amendes sont fortement augmentées, passant de 35 à 135 euros pour sanctionner la circulation à deux personnes sur un engin ou sur les voies interdites.
Les trottinettes devront également être obligatoirement équipées de feux stop et de clignotants (l'application de cette mesure doit encore être précisée).
Difficile de savoir pour le moment si la police sévit: les données ne sont pas centralisées, affirme le ministère. Un observatoire national de la micromobilité va justement être mis en place pour suivre l'accidentologie ou les bénéfices environnementaux des trottinettes, qui restent contestés.
Karima Delli, président de la Commission des Transports au Parlement européen, a salué ce "choix judicieux de la régulation contre celui de l’interdiction".
Le plan proposé "doit toutefois aller plus loin", a souligné la députée écologiste, en introduisant le casque obligatoire "pour toutes les mobilités motorisées", vélo électrique compris, et en réglementant mieux la vitesse des micromobilités, "qu’elles soient en libre-service ou pas".
L'immatriculation des trottinettes, qui pourrait permettre leur débridage, mais serait lourde à mettre en place, n'est pas envisagée pour le moment. Quant au port obligatoire du casque, l'option reste sur la table, selon le ministère.
- Charte contre vote -
Le ministère a également fait signer une "charte d'engagements" aux opérateurs de trottinettes en libre-service.
Basée sur la confiance, elle généralise des mesures déjà mises en place à Paris ou Lyon, comme le bridage de la vitesse dans les zones piétonnes, la vérification de l'âge des utilisateurs, ou l'identification des trottinettes par une petite plaque.
La charte ajoute une double béquille, pour éviter que les trottinettes ne chutent et jonchent le sol, ainsi qu'un objectif de cinq ans de durée de vie pour les engins et un recyclage de leurs batteries en France.
Les opérateurs ont également obtenu du ministère qu'il recommande une durée des contrats allant jusqu'à deux ou trois ans.
Après avoir appliqué la plupart de ces mesures, la mairie de Paris entame dimanche un nouveau chapitre de son bras de fer avec les opérateurs des 15.000 trottinettes de la capitale, Lime, Dott et Tier, avec une votation ouverte à tous les électeurs de la capitale.
L'on s'attend à ce que les électeurs parisiens votent contre les trottinettes en libre accès, de l'avis du ministre comme des opérateurs. Ceux-ci ont rémunéré des influenceurs pour inciter les fans de trottinettes à aller voter (sous le mot-clé #sauvetatrott). Lime a offert des minutes gratuites aux utilisateurs inscrits sur les listes électorales. La mairie, de son côté, a lancé une campagne d'affichage.
Député de Paris, Clément Beaune a souligné qu'il n'avait "pas beaucoup de doutes sur l'issue de ce référendum". "Il y a zéro information, les arguments n'ont pas pu s’exprimer, il n'y a qu'un bureau de vote par arrondissement. Je regrette que ce sujet soit binaire", a lancé le ministre sur Europe 1.