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Espagne: Puigdemont annonce sa candidature au scrutin de mai en Catalogne

L'indépendantiste Carles Puigdemont, en exil en Belgique depuis plus de six ans pour fuir la justice espagnole, a annoncé jeudi qu'il serait de nouveau candidat aux élections régionales du 12 mai en Catalogne.

M. Puigdemont a fait cette annonce depuis le territoire français, lors d'un discours en catalan devant une assistance enthousiaste à Elne, une petite localité des Pyrénées-Orientales (sud de la France) proche de la frontière espagnole, région qu'il a décrite comme "la Catalogne du nord".

"J'ai décidé de me présenter aux prochaines élections au Parlement catalan", a-t-il déclaré à une tribune qui portait la mention "President Carles Puigdemont". Derrière lui avaient été placés un drapeau européen et le drapeau catalan sang et or.

Ce sera la troisième fois que M. Puigdemont se présente aux élections régionales en Catalogne depuis son départ en exil, en 2017. Il n'a jamais pu occuper son siège en raison du mandat d'arrêt qui pèse sur lui depuis la tentative de sécession avortée de la Catalogne de 2017, qu'il avait menée en tant que président de la région, et qui lui avait valu un mandat d'arrêt de la justice espagnole qui est toujours en vigueur.

- Pas de date de retour -

L'actuel président catalan Pere Aragonès, chef de file du parti indépendantiste Gauche républicaine de Catalogne (ERC), le grand rival du parti de M. Puigdemont Ensemble pour la Catalogne (JxCat), avait annoncé la semaine dernière la tenue d'élections anticipées au Parlement catalan le 12 mai, prenant tout le monde par surprise.

Cette annonce survenait à la veille de l'adoption à Madrid par les députés espagnols d'une loi d'amnistie pour les séparatistes impliqués dans la déclaration unilatérale d'indépendance de la Catalogne de 2017.

Cette amnistie était la condition mise par ERC et surtout par JxCat pour voter la reconduction du socialiste Pedro Sánchez au poste de Premier ministre.

Actuellement en cours d'examen au Sénat, la loi d'amnistie devrait être définitivement adoptée vers la fin du mois de mai.

"Cette amnistie, qui était impossible, est à deux mois d'être approuvée", a-t-il dit, dans une référence au fait que M. Sánchez n'en voulait pas il y a moins d'un an.

M. Puigdemont avait jugé la semaine dernière "assez raisonnable" de penser qu'il pourrait participer au débat d'investiture du prochain président catalan, qui devrait avoir lieu dans la seconde moitié de juin, donc après la promulgation de la loi d'amnistie, et n'avait pas caché qu'il le souhaitait ardemment.

S'il dispose dans la prochaine assemblée d'une majorité prête à appuyer sa candidature au poste de président de la "Generalitat" (le gouvernement catalan), alors "j'abandonnerai définitivement l'exil pour assister à la session plénière du Parlement", a-t-il dit sans plus de précision sur la date de son retour.

Il a précisé qu'avant l'annonce d'un scrutin anticipé en Catalogne, son intention était de briguer de nouveau un mandat de député au Parlement européen, où il a été élu en 2019, mais qu'il y renonçait.

- Un référendum "possible" -

Dans des déclarations à la presse en début d'après-midi à Bruxelles, où il participe à un Conseil européen, M. Sánchez s'était efforcé de minimiser la candidature de M. Puigdemont, qu'il considérait visiblement comme une certitude.

"Je crois que la démocratie consiste à regarder devant, pas derrière soi, et en fin de compte, le candidat Puigdemont n'est qu'un candidat qui s'est déjà présenté en 2021, si je me souviens bien, et aussi en 2017", avait-il déclaré.

"Par conséquent, je ne crois pas que ce soit quelque chose de nouveau", avait-il ajouté à propos de la candidature de M. Puigdemont, qui n'était alors pas encore annoncée. Il avait aussi lancé un appel à "l'unité de la Catalogne".

A ce sujet, M. Puigdemont a rappelé que son objectif n'avait pas changé d'un iota. "Nous ne renoncerons pas à obtenir l'indépendance si c'est la volonté des Catalans", a-t-il lancé sous les ovations du public.

Un référendum d'autodétermination est "possible", a-t-il dit. "Il n'y a aucun obstacle constitutionnel et ils le savent", a poursuivi M. Puigdemont.

Les élections en Catalogne, région de près de huit millions d'habitants, s'annoncent très disputées. Selon un sondage publié jeudi, le Parti socialiste catalan, branche régionale du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Pedro Sánchez, arriverait en tête avec de 35 à 42 sièges, suivi d'ERC (de 26 à 32) et de JxCat (24 à 29), désormais ennemis jurés.

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