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Attentat de Nice: les avocats de Chokri Chafroud plaident son acquittement

"Chokri Chafroud ne doit pas être la victime expiatoire" de ce procès, ont plaidé vendredi, au procès de l'attentat de Nice, les avocats de ce Tunisien de 43 ans, ami du tueur de la promenade des Anglais, qui n'a jamais trouvé les mots justes pour se défendre.

"Il faut qu'il sorte", a demandé Me Chloé Arnoux, une de ses conseils, dans une plaidoirie vibrante, la dernière des avocats de la défense, qui a ému même sur les bancs des parties civiles.

"Il est en détention depuis six ans parce que l'autre (Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, ndlr) a écrit des trucs faux. Il n'a rien fait. L'acquitter ne serait ni un scandale ni une honte mais le triomphe de la vertu judiciaire", a plaidé son autre conseil, Me Florian François-Jacquemin.

Ami de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Niçois de nationalité tunisienne qui a tué 86 personnes au volant d'un camion-bélier sur la promenade des Anglais le 14 juillet 2016, Chokri Chafroud est poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste (AMT) et encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Le parquet national antiterroriste (Pnat) a réclamé 15 ans d'emprisonnement à son encontre tout en reconnaissant que les faits qui lui sont reprochés étaient "moins incriminants" que ceux reprochés à Ramzi Arefa, un autre accusé poursuivi pour AMT, qui a reconnu avoir fourni un pistolet au tueur.

Ami du tueur certes mais que savait-il des projets meurtriers de son compatriote, abattu par la police au terme de sa course folle? Rien ou presque, ont répondu en substance ses avocats.

"Chokri Chafroud n'a pas fourni d'arme, il ne l'a pas aidé à louer un camion, il est certes monté le 12 juillet dans le camion qui a servi à l'attentat mais ce n'était pas pour faire un repérage car le trajet emprunté (...) n'était ni dans le même sens, ni au même endroit" que le parcours du fatidique soir du 14 juillet, a insisté Me François-Jacquemin.

- "Il est bête" -

Issu d'une famille rurale du Sud tunisien, Chokri Chafroud a arrêté l'école à l'âge de 11 ans. Après être passé par l'Italie, il s'installe clandestinement à Nice à l'été 2015 où il vit "comme un clochard". C'est là, fin 2015, qu'il fait la connaissance de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Il repart en Tunisie au début 2016, continue d'échanger avec lui via les réseaux sociaux. Il reviendra à Nice au printemps.

Durant l'audience, un expert avait noté que son intelligence se situait "dans la moyenne inférieure". "M. Chafroud, je suis désolée pour lui, mais il est bête", a dit sans prendre de gants Me Chloé Arnoux.

S'il se retrouve dans le box c'est essentiellement à cause d'un SMS envoyé par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, six minutes avant de lancer son camion sur la foule, à Ramzi Arefa. Ce SMS, lu et relu à la barre depuis le début du procès, toutes les parties le connaissent par cœur. "Salam Ramzi (...) Je voulais te dire que le pistolet que tu m'as donné hier c'est très bien, alors on ramène 5 de chez ton copain, 7, rue Miollis, 5e étage. C'est pour Chokri et ses amis, (ils) sont prêts pour le mois prochain".

Pourquoi tant de précisions ? Lahouaiej-Bouhlel voulait-il volontairement incriminer ses amis ? Ce sera à la cour de trancher mais pour les conseils de M. Chafroud leur "opinion" est bien que le tueur était "fou" et "pervers".

L'accusation, et de nombreuses parties civiles, réfutent cette thèse. A l'encontre de M. Chafroud, elles convoquent cette image d'un véhicule fonçant dans la foule qu'il a évoqué à trois reprises dans des message au tueur sur Facebook.

Trois mois avant l'attentat, Chafroud avait écrit à son ami : "Vas-y charge le camion avec 2.000 tonnes de fer et nique, coupe-lui les freins mon cher, et moi je regarde". Interrogé à l'audience sur cette phrase, M. Chafroud avait maladroitement évoqué "l'humour tunisien".

L'accusé aura une dernière occasion de s'exprimer lundi matin avant que la cour se retire pour délibérer. Le verdict est attendu mardi.

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