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Les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune ont officiellement tourné la page vendredi de la dernière crise diplomatique entre leurs deux pays, a annoncé l'Elysée qui affirme vouloir continuer à "renforcer la coopération" entre Paris et Alger aux relations très tumultueuses.
Les deux chefs d'Etat ont levé au cours d'un entretien téléphonique les "incompréhensions" liées à la brouille autour d'une militante franco-algérienne et sont "convenus de renforcer les canaux de communication (...) pour éviter que ne se renouvelle ce type de malentendus regrettables", a ajouté la présidence française dans un communiqué.
La présidence algérienne a diffusé un communiqué identique à celui des Français.
Malgré une interdiction de sortie du territoire en Algérie, la militante Amira Bouraoui était entrée en Tunisie le 3 février, avant d'être interpellée au moment où elle tentait d'embarquer en direction de Paris.
Elle avait finalement pu partir en avion vers la France le 6 février malgré une tentative des autorités tunisiennes de l'expulser vers l'Algérie.
Alger avait jugé que son départ pour la France constituait une "exfiltration illégale" effectuée à l'aide de membres du personnel diplomatique et sécuritaire français et rappelé son ambassadeur à Paris, Saïd Moussi, pour consultation.
"Le Président Abdelmadjid Tebboune a informé le chef de l'État du retour en France de l'ambassadeur d'Algérie dans les prochains jours", selon le communiqué, confirmant des déclarations en ce sens de M. Tebboune cette semaine.
Par ailleurs, un nouvel ambassadeur de France en Algérie est sur le point d'être nommé, a fait savoir une source gouvernementale française.
Mme Bouraoui s'est fait connaître en 2014 lorsqu'elle s'est opposée à un quatrième mandat du président d'alors, Abdelaziz Bouteflika, avant de s'engager dans le mouvement de protestation "Hirak".
Elle a été condamnée en juin 2020 à un an de prison avant de bénéficier d'une remise en liberté provisoire en juillet de la même année.
- Redémarrage -
Après un grave coup de froid à l'automne 2021, la France et l'Algérie avaient scellé un réchauffement à l'occasion du déplacement d'Emmanuel Macron à Alger en août dernier, avant cette nouvelle brouille, un énième rebondissement dans des relations très agitées.
Selon le communiqué, les deux présidents "ont fait un point sur la relation bilatérale et sur la mise en œuvre de la Déclaration d'Alger signée à l'occasion de la visite du président de la République en Algérie, en août dernier. Ils ont souligné la nécessité de renforcer la coopération entre les deux pays dans tous les domaines, dans la perspective de la visite d'État en France du président Abdelmadjid Tebboune".
Le chef de l'Etat algérien est attendu en France au mois de mai, un jalon particulièrement important dans la tentative de rapprochement entre ces deux pays qui partagent des liens humains et historiques très forts, marqués par la colonisation, la guerre d'indépendance et l'immigration algérienne en France.
Cette volonté de redémarrage s'inscrit dans un contexte de grandes manoeuvres diplomatique entre la France, l'Algérie, et le Maroc, le rival régional de l'Algérie, qui entretient aussi des relations étroites avec Paris et ne goûte guère sa volonté de rapprochement avec Alger.
La fin de la politique française de restrictions dans le nombre des visas pour le Maghreb, actée en décembre, avait laissé entrevoir une nouvelle ère dans les relations diplomatiques mais l'affaire Bouraoui avait marqué une embardée, comme cela arrive régulièrement.
"Les deux présidents ont par ailleurs abordé les enjeux régionaux de stabilité, en particulier la lutte contre le terrorisme au Sahel", conclut la présidence française, l'Algérie étant un acteur important dans la bande sahélo-saharienne, dont les pays (Mali, Niger, Mauritanie, Burkina Faso) sont confrontés à des groupes jihadistes très actifs et où la France déploie un important dispositif militaire.