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Marylise Léon, nouvelle tête d'affiche de la CFDT au défi d'imprimer sa marque

De l'ombre à la lumière: Marylise Léon, qui prend à 46 ans mercredi la tête de la CFDT, était depuis cinq ans la numéro deux du syndicat. Décrite comme "décidée", "pugnace", elle devra imprimer sa marque après Laurent Berger, et face à la charismatique cheffe de file de la CGT, Sophie Binet.

Née le 23 novembre 1976 au Mans, Mme Léon sera la deuxième femme à prendre la tête de la Confédération, après Nicole Notat, qui l'a dirigée de 1992 à 2002.

Secrétaire générale adjointe depuis 2018, elle était chargée de dossiers stratégiques comme l'assurance-chômage et les relations intersyndicales. Elle représentait la CFDT au sein du Pacte du pouvoir de vivre, alliance de plus de soixante organisations agissant pour la convergence des questions écologiques et sociales.

Elle incarne sur la ligne une continuité par rapport à Laurent Berger, qui dit avoir convenu avec elle depuis au moins un an et demi de lui transmettre le témoin en juin 2023.

"Elle est prête. Elle a eu le temps de composer ses équipes qui sont pour une part les mêmes (...) Elle a une bonne aura dans la maison, elle a un savoir-être exceptionnel. C'est quelqu'un de bien, qui a du caractère, qui ne va pas se laisser bouffer tous les matins", loue M. Berger auprès de l'AFP.

Le président du Sénat, Gérard Larcher, corrobore: elle est "dans la même veine (que Laurent Berger). A la fois très décidée, de l'écoute, une volonté réformatrice, une forme d'exigence (...) Je pense que c'est quelqu'un qui va compter, comme Berger a compté", salue l'ancien ministre du Travail.

Du côté des syndicats, Simon Duteil (Solidaires), qui l'a beaucoup côtoyée ces derniers mois au sein de l'intersyndicale, dépeint une femme "pugnace", qui a une "vraie écoute", "une bonne capacité de travail en commun".

Une source gouvernementale décrit une responsable "dure en affaire", qui "connaît parfaitement ses dossiers, hyper structurée".

C'est "une femme dont la connaissance du monde du travail est remarquable", a jugé le ministre du Travail Olivier Dussopt sur Radio J.

- "Poker face" -

Elle a "un côté poker face", image un vieux compagnon de route. "Elle peut être très dure avec le sourire. Ca va être terrible pour Emmanuel Macron, elle ne va pas être facile à balader", anticipe-t-il.

Cette source observe aussi que "son centre de gravité est (...) plus écolo que Berger", notant que "c'est son métier". "Berger l'est devenu au fur et à mesure. Elle est née avec l'écologie", résume-t-elle.

Diplômée en chimie, celle qui se dit "fascinée par le monde végétal" même si elle n'a "pas la main verte" a notamment travaillé comme responsable sécurité environnement dans un cabinet de conseil.

En 2003, peu après la catastrophe AZF, elle est embauchée à l'institut d'étude et de formation de la fédération Chimie énergie de la CFDT pour épauler les représentants syndicaux dans les entreprises sur les questions de sécurité et d'environnement.

A partir de 2009 elle est chargée au sein de cette fédération des questions de santé au travail, et du suivi des branches chimie, verre et papier carton. En 2014, elle entre à la Confédération comme secrétaire nationale confédérale, en charge des dossiers développement durable, responsabilité sociale des entreprises, politique industrielle et énergétique, dialogue social. Et devient secrétaire général adjointe en 2018.

Un parcours d'"experte", plus que de "militante", convient-elle, ce en quoi elle se distingue de la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, ancienne militante à l'Unef et au PS.

Fin connaisseur des questions sociales, le consultant Pierre Ferracci prédit une "belle émulation" entre les deux dirigeantes, soulignant que si on ne peut encore juger de l'espace que va occuper Marylise Léon, "Sophie Binet n'a pas tardé à occuper le sien", avec un parler cash qui fait mouche dans les médias.

Interrogée à son sujet vendredi, Mme Binet s'est dite "très confiante pour la suite", ayant le sentiment que Mme Léon est "franche, efficace". "Si on n’est pas d’accord, on se dit les choses et si on est d’accord on avance".

Mère de deux enfants, Mme Léon s'adonne au tricot et au semi-marathon - des disciplines qui requièrent endurance et patience.

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