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L'anesthésiste Frédéric Péchier a été mis en examen mercredi pour trois nouveaux empoisonnements présumés de patients à Besançon, portant à 29 le nombre de cas pour lesquels il est soupçonné, a-t-on appris auprès du parquet et de la défense qui a déposé une demande de récusation de la juge instruisant le dossier.
Sur ces trois cas, deux sont mortels, a indiqué à l'AFP à l'issue de l'interrogatoire le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux.
M. Péchier, 51 ans, est désormais mis en examen pour 29 cas d'empoisonnements présumés de patients à Besançon, dont 12 mortels, et placé en qualité de témoin assisté pour un autre.
Cet interrogatoire était une nouvelle étape dans la série d'auditions entamée le 8 mars par la juge d'instruction Marjolaine Poinsard durant laquelle elle souhaitait aborder huit nouveaux cas d'empoisonnements potentiels et récapituler l'ensemble des dossiers pour lesquels elle mettra in fine M. Péchier en examen.
Au total, les enquêteurs le suspectent en effet de 32 cas, dont 13 seraient mortels. A ce stade de la procédure, il reste encore deux cas supplétifs à examiner, selon M. Manteaux.
Ils pourraient l'être lors du prochain interrogatoire, prévu selon M. Manteaux mercredi 29 mars, et lui valoir deux nouvelles mises en examen.
Le procureur a indiqué qu'il tiendrait une conférence de presse à la fin de cette série d'interrogatoires.
La défense de l'anesthésiste a par ailleurs annoncé avoir déposé des requêtes en nullité ainsi qu'une demande de récusation visant la juge d'instruction.
"L'idée (...), c'est simplement de parvenir à avoir un regard un peu neuf sur ce dossier", a indiqué aux journalistes à la sortie de l'interrogatoire l'un des avocats de M. Péchier, Lee Takhedmit.
"Ça fait plus de quatre ans que ce dossier", ouvert début 2017, "est au point mort. (...) Je pense que le juge est un peu usé", a-t-il ajouté, estimant qu'un "changement" de magistrat instructeur "serait une bonne chose".
"Ca me semble difficile de maintenir une véritable impartialité lorsqu'on est la tête dans le guidon depuis des années", a-t-il poursuivi.
Comme lors du précédent interrogatoire, son client a gardé le silence mercredi, a indiqué le conseil, estimant que "le programme des questions" présenté par la juge ne permettait pas à M. Péchier de répondre "dans des bonnes conditions".
La défense affirme notamment avoir reçu trop tardivement des contre-expertises - il y en a 32 au total -, qui constituent le socle de ces nouvelles auditions.
"M. Péchier a hâte de pouvoir s'exprimer (...) mais dans de bonnes conditions", a assuré Me Takhedmit.
Libre sous contrôle judiciaire, Frédéric Péchier était arrivé peu après 09h30 au tribunal judiciaire de Besançon aux côtés de Lee Takhedmit et d'un autre de ses avocats, Me Randall Schwerdorffer.
"Je n'ai pas de réponse à vous donner", a-t-il répondu à un journalistes qui l'interrogeait sur son état d'esprit.
Frédéric Péchier est soupçonné d'avoir pollué, entre 2008 et 2017, les poches de perfusion de patients dans deux cliniques privées de Besançon pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.