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Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se rend en Europe mercredi soir où il aura fort à faire pour convaincre du leadership américain au moment où les Etats-Unis peinent à débloquer une aide pour l'Ukraine et paraissent paralysés dans l'ombre de Donald Trump.
M. Blinken, qui doit participer vendredi et samedi à la Conférence sur la sécurité de Munich aux côtés de la vice-présidente Kamala Harris, doit se rendre d'abord à Tirana, en Albanie, y réaffirmer le soutien des Etats-Unis à cet allié clé dans les Balkans.
Mais l'aide militaire à l'Ukraine, qui commence à manquer de munitions face à la Russie, et les déclarations de l'ancien président Donald Trump mettant en cause l'Otan, éclipseront cette tournée éclair.
Le Sénat américain a approuvé mardi à une confortable majorité une enveloppe budgétaire de 95 milliards de dollars pour l'Ukraine, Israël et Taïwan, mais son adoption finale dépend de la Chambre des représentants dominée par les républicains dont le "speaker" (président) refuse de soumettre le texte au vote.
Et samedi dernier, l'ancien président Trump a affirmé qu'il "encouragerait" la Russie à s'en prendre aux pays de l'alliance de défense si ceux-ci ne payaient pas leur part, provoquant une levée de boucliers en Europe et aux Etats-Unis.
"C'est idiot, c'est indigne, c'est dangereux, c'est anti-américain", a asséné mardi le président américain Joe Biden, lors d'une allocution à la Maison Blanche.
La conférence de Munich rassemble chaque année le gotha de la défense du monde entier, et se veut un véritable baromètre des relations transatlantiques.
En Europe, justement, nombre de responsables s'inquiètent de l'incertitude entourant le soutien des Etats-Unis à Kiev alors que le républicain Donald Trump pourrait revenir à la Maison Blanche en novembre.
"Ce qui est très clair (...), c'est que ceux qui observent les Etats-Unis apparaissent nerveux. Je pense que les Etats-Unis sont toujours vus au niveau international comme un acteur influent, à la fois de façon positive et négative. Mais je pense qu'il y a de plus en plus d'inquiétude, d'appréhension, de malaise quant à l'incertitude, l'imprévisibilité, la polarisation et la division", assurait à l'AFP la présidente du Crisis Group, Comfort Ero, lors d'une récente interview.
A Washington, des responsables américains s'évertuent à faire bonne figure alors que M. Blinken arrivera de facto à Munich les mains vides.
"Je pense qu'ils (les alliés) se réjouiront de l'ampleur du vote (au Sénat) et du soutien apporté par le président à la législation telle qu'elle a été élaborée, ce qui nous donnera une position de force dans ce domaine", veut croire Jim O'Brien, sous-secrétaire d'Etat en charge de l'Europe.
- L'allié albanais -
Avant Munich, le chef de la diplomatie américaine se rend en Albanie afin d'y "réaffirmer la force de la relation bilatérale avec ce partenaire clé pour la stabilité dans les Balkans", a indiqué mardi à des journalistes une haute responsable du département d'Etat, Yuri Kim.
L'Albanie s'est résolument tournée vers l'Occident après des décennies d'isolement sous le régime communiste d'Enver Hoxha. Le petit pays des Balkans a rejoint l'Otan en 2009 et est candidat à l'Union européenne.
Il s'agira de la première visite à Tirana de M. Blinken depuis sa prise de fonctions il y a trois ans.
"Nous voulons insister et mettre en exergue l'excellente coopération que nous avons avec l'Albanie et les remercier d'avoir accueilli des Afghans" ayant collaboré avec les Etats-Unis après le retrait des troupes américaines d'Afghanistan en août 2021, a précisé Mme Kim.
M. Blinken doit y s'entretenir avec le Premier ministre albanais Edi Rama et participer à une rencontre avec une centaine de jeunes albanais.