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Cent jours après, la guerre fait toujours rage à Gaza

La guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas a franchi dimanche le cap des 100 jours, avec davantage de civils tués à Gaza et des proches d'otages israéliens toujours dans l'angoisse sur leur sort.

L'armée israélienne a encore bombardé dimanche la bande de Gaza, dont la population vit une crise humanitaire majeure, tandis que la poursuite du conflit exacerbe les tensions régionales.

Les Israéliens ont exprimé dimanche leur solidarité avec les otages retenus dans le territoire palestinien par le Hamas et ses alliés pour marquer les 100 jours de leur détention et soutenir la mobilisation de leurs familles.

Mais le porte-parole de la branche militaire du Hamas, Abou Obeida, a affirmé dans la soirée que beaucoup d'otages ont "probablement été tués récemment", les autres étant "en grand danger", ce dont il a rejeté la "pleine responsabilité" sur Israël.

La branche armée du Hamas a ensuite diffusé une vidéo montrant trois otages israéliens en vie, deux hommes et une femme. Cette vidéo ne donne aucune indication sur la date à laquelle elle a été filmée. Les trois otages y demandent en hébreu aux autorités israéliennes d'agir pour leur libération.

Le retour des otages est un des objectifs de la guerre menée par Israël après l'attaque sans précédent du Hamas sur son sol le 7 octobre, qui a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien.

Quelque 250 personnes ont été prises en otages lors de cette attaque, et 132 sont toujours à Gaza, dont au moins 25 auraient été tués, selon les autorités israéliennes. Une centaine ont été libérées en vertu d'une trêve fin novembre.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il classe groupe terroriste comme les Etats-Unis et l'Union européenne. Dans la bande de Gaza, le conflit a fait au moins 23.968 morts, principalement des femmes et mineurs, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

" Nous n'abandonnons personne" -

Des centaines de milliers d'Israéliens ont observé dans la matinée une grève de 100 minutes, autant que les jours de détention des otages, a annoncé la grande centrale syndicale Histadrout.

A Tel-Aviv, sous la pluie, des centaines de personnes ont pris part à une série d'événements, dont un concert d'Artifex, le dernier DJ à avoir joué au festival Tribe of Nova - dont 364 participants ont été tués par le Hamas selon les chiffres israéliens.

"Cent jours et ils sont toujours abandonnés là-bas... Cent jours et il n'y a aucun signe de retour", se désole dans la foule Amit Zach, un graphiste.

Bashir al-Zayadna, 27 ans, dont l'oncle et le cousin, Youssef et Hamza al-Zayadna, 53 et 22 ans, sont otages dit n'espérer qu'une chose: pouvoir les serrer dans ses bras et "leur dire que tout est fini".

"Nous n'abandonnons personne. Nous faisons tout pour les ramener tous chez eux", a assuré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanhyahu, en marge d'une réunion ministérielle.

- La guerre "la plus dure" -

Selon le Hamas, plus de 100 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens nocturnes sur la bande de Gaza, notamment à Khan Younès.

L'armée israélienne dit concentrer désormais ses opérations sur cette ville, dans le sud de la bande de Gaza où sont massés des centaines de milliers de civils déplacés par les combats.

Elle a annoncé dimanche la mort d'un soldat, portant à 188 le nombre de militaires tués depuis le début des opérations terrestres à Gaza le 27 octobre.

Dans le territoire assiégé, les 2,4 millions d'habitants manquent de tout, nourriture, médicaments et carburant. L'ONU estime que 1,9 million de personnes ont dû quitter leur foyer.

A Rafah, près de la frontière avec l'Egypte, Liga Jabr, adolescente en 1948, dit se souvenir de la "Nakba", la "catastrophe" que fut pour les Palestiniens le déplacement et l'expulsion d'environ 760.000 d'entre eux de leurs terres à la création de l'Etat d'Israël.

Mais "cette guerre est plus dure que tous les déplacements" de population qu'elle a connus, dit-elle à l'AFP.

Un vidéojournaliste palestinien de 28 ans de la chaîne de télévision arabe Al-Ghad, basée au Caire, a été tué dimanche "dans le nord de Gaza", a par ailleurs annoncé ce média, imputant sa mort à une frappe israélienne.

- Tensions régionales -

Le conflit nourrit aussi les violences régionales avec des groupes armés soutenant le Hamas.

L'armée israélienne a annoncé avoir tué dimanche trois hommes armés infiltrés sur son territoire, dans la région frontalière avec le Liban, où deux civils israéliens, une mère et son fils, ont également péri dans un tir de missile venu du pays voisin.

Le Hezbollah libanais pro-iranien a indiqué avoir mené six attaques sur le sol israélien, dont une sur le village des deux victimes.

Les échanges de tirs entre le Hezbollah et les forces israéliennes sont quotidiens depuis le 7 octobre.

Le chef du puissant mouvement islamiste libanais, Hassan Nasrallah, a estimé dimanche qu'Israël n'avait "remporté aucune victoire réelle ou semblant de victoire" à Gaza.

Les tensions se sont aussi accentuées en mer Rouge où les rebelles yéménites Houthis soutenus par l'Iran attaquent des navires qui seraient liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens de Gaza. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené vendredi et samedi en riposte des frappes contre des sites Houthis.

Les médias Houthis ont fait état dimanche soir de nouvelles frappes anglo-américaines sur Hodeida (ouest), mais Washington a immédiatement démenti.

En Cisjordanie occupée, l'armée israélienne a fait état de l'arrestation, pour "incitation au terrorisme", de deux sœurs du numéro deux du Hamas Saleh al-Arouri, tué le 2 janvier au Liban dans une attaque de drone attribuée à l'armée israélienne.

Cinq Palestiniens y sont morts dimanche après des incidents et affrontements avec l'armée israélienne, dont un adolescent de 16 ans tué près de Jéricho, a indiqué le ministère de la Santé palestinien.

Les forces israéliennes ont pour leur part indiqué avoir "neutralisé deux terroristes" près de Hébron et "deux assaillants" qui avaient lancé un explosif sur une base militaire, proche de Ramallah.

burx-cn/cab

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