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Congrès de l'ANC: le président sud-africain résolu à rester au pouvoir

Le président sud-africain, qui jouit du soutien officiel du parti au pouvoir en dépit d'un scandale, reste grand favori au congrès de l'ANC qui doit désigner ce week-end son prochain dirigeant et probable futur chef d'Etat.

Cyril Ramaphosa, 70 ans, a de bonnes chances de décrocher le sésame pour un second mandat: il est largement en tête auprès des délégués du Congrès national africain (ANC), qui désigne les présidents depuis l'avènement de la démocratie il y a 28 ans.

Dans un long discours vendredi à l'ouverture de la conférence, le chef d'Etat a évoqué les défis à relever comme les succès de son premier mandat, et posé son action dans la continuité, faisant passer un message clair. Tout en concédant qu'il faut avoir "le courage et l'honnêteté de reconnaître nos défaillances et les corriger".

Trois décennies après la fin de l'apartheid, le pays connait un fort chômage et une criminalité affolante, une pauvreté et des inégalités croissantes, et des coupures de courant qui battent des records avec l'aggravation de la crise énergétique.

Quelque 4.500 représentants de l'ANC venus des neuf provinces d'Afrique du Sud, réunis dans un centre de conférence de la banlieue de Johannesburg, doivent procéder au vote déterminant en vue des élections générales de 2024.

Le seul rival de M. Ramaphosa pour l'instant est son ancien ministre de la Santé, Zweli Mkhize, 66 ans, placé loin derrière.

La conférence prévue sur cing jours a déjà accumulé d'importants retards. Mais "le vote aura lieu aujourd'hui (samedi), sauf contretemps", a assuré dans la matinée à l'AFP un porte-parole du parti, Amos Phago.

Les retards sont "extrêmement frustrants", a déploré un délégué de la province orientale du KwaZulu-Natal (KZN, sud-est).

- Pas d'alternative -

M. Ramaphosa attaque cette échéance, cruciale pour son avenir politique, après avoir échappé en début de semaine à une procédure de destitution.

Le chef d'Etat, également richissime homme d'affaires, est accusé d'avoir tenté de dissimuler le vol en 2020 de liasses de dollars, cachées sous les coussins d'un canapé, dans son luxueux domaine de Phala Phala (nord-est). Une enquête est en cours, le président, qui a fait de lutte contre la corruption son cheval de bataille, n'est pas inculpé à ce stade.

La menace d'un départ forcé a été déjouée par l'ANC majoritaire au Parlement, qui a appelé ses députés à "suivre la ligne" du parti. En perte de terrain dans les urnes depuis dix ans, l'ANC n'a pas d'alternative crédible, renforçant les chances de Cyril Ramaphosa de conserver le pouvoir.

En dépit du scandale, il reste très populaire. Et pour l'ANC, passé pour la première fois sous les 50% lors d'élections locales l'an dernier, il représente le meilleur atout pour 2024.

Plusieurs dizaines de délégués, principalement des partisans de l'ex-président Jacob Zuma (2009-2018), ont scandé pendant son discours des slogans réclamant le changement, en tapant sur leurs tables. "Faisons preuve de discipline, de conscience politique", leur a enjoint M. Ramaphosa.

Des caméras ont saisi plus tard M. Ramaphosa riant et échangeant des poignées de mains avec son prédécesseur et ennemi en politique, M. Zuma.

Ramaphosa "va revenir" et rester président, présage Mike Mtsweni, 28 ans, délégué de l'ANC.

Même les plus virulents détracteurs du président le reconnaissent: "Ramaphosa va gagner, nous le savons", dit Thami Chamane, 30 ans, délégué du KZN.

"Mais à cause du scandale de Phala Phala, il devrait se retirer", estime-t-il, ajoutant qu'il donnera, même seulement symboliquement, sa voix au concurrent du président.

Pour Derek Hanekom, l'un des 80 délégués du tout-puissant Comité exécutif national de l'ANC, appeler Ramaphosa à se retirer en raison de la polémique, alors qu'il n'est pas inculpé, n'a pas de sens. "On n'a jamais fait ça à l'ANC", a-t-il confié à l'AFP.

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