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Une décision favorable en Californie, le début d'une collaboration avec l'autorité britannique de la concurrence: Microsoft a vu s'éclaircir l'horizon mardi dans sa quête du rachat de l'éditeur américain de jeux vidéo Activision, jusqu'ici coincé dans les filets des régulateurs.
Une juge fédérale de Californie a d'abord débouté l'autorité américaine de la concurrence (FTC) de sa demande de suspension immédiate de l'acquisition, infligeant un premier revers au gouvernement américain dans ce dossier.
La décision, datée de lundi et publiée mardi, ne concerne que la procédure d'urgence intentée par la FTC et non le fond de l'affaire, qui sera tranché ultérieurement. Une audience est prévue fin août dans ce dossier.
L'autorité de la concurrence avait lancé cette procédure en référé sur la base d'articles de presse "suggérant que (Microsoft et Activision) envisageaient sérieusement de finaliser l'acquisition" malgré l'opposition de plusieurs régulateurs, selon le document déposé mi-juin.
Outre la FTC, son équivalent britannique - la CMA - a mis son veto à ce mariage au nom de la concurrence sur le marché du "cloud gaming" (jeux vidéo joués à distance, sans téléchargement).
Mais le président de Microsoft Brad Smith a néanmoins annoncé mardi que le groupe allait soumettre à la CMA des propositions pour tenter de "répondre (à ses) inquiétudes" concernant le rachat d'Activision "d'une manière acceptable".
"Nous sommes prêts à examiner toute proposition de Microsoft pour amender la transaction", a indiqué la CMA à l'AFP.
En signe d'apaisement, Microsoft a choisi de suspendre l'action intentée devant la justice britannique contre le veto initial du régulateur, laquelle devait faire l'objet d'une audience en appel fin juillet.
Selon la chaîne CNBC, le groupe de Redmond (Etat du Washington) a proposé des ventes d'actifs "mineures" pour obtenir le feu vert de la CMA.
La Commission européenne a approuvé ce rachat en mai.
Il ferait du géant de l'informatique le troisième acteur mondial du secteur, moyennant une opération valorisée 69 milliards de dollars, selon l'estimation publiée lors de l'annonce initiale en janvier 2022.
- Camouflet -
S'il ne s'agit que d'une décision en référé, les attendus du jugement californien constituent bien un camouflet pour la FTC et augurent d'un parcours judiciaire difficile pour le régulateur.
"La FTC n'a pas démontré qu'elle était capable de prouver que cette opération était susceptible d'affaiblir la concurrence dans cette industrie", a écrit la juge fédérale Jacqueline Scott Corley.
"Nous sommes reconnaissants envers le tribunal de San Francisco pour cette décision rapide et approfondie et espérons que d'autres juridictions continueront à oeuvrer à une résolution rapide" des contentieux encore en cours, a réagi dans un communiqué le patron de Microsoft, réaffirmant la volonté du groupe de "répondre aux préoccupations des régulateurs".
"Nous sommes déçus de cette décision, vu la menace claire que cette fusion représente pour le jeu en ligne, les services par abonnement et les consoles", a indiqué à l'AFP Douglas Farrar, porte-parole de la FTC.
"Dans les prochains jours, nous annoncerons l'étape suivante de notre combat pour préserver la concurrence et protéger les consommateurs", a-t-il ajouté.
Le gouvernement de Joe Biden a adopté une posture beaucoup plus offensive que la plupart de ses prédécesseurs en matière de protection de la concurrence, avec un bilan jusqu'ici contrasté.
Il a notamment obtenu fin octobre le blocage du rachat du géant de l'édition Simon & Schuster par son concurrent Penguin Random House ou, plus récemment, la fin de l'alliance entre les compagnies aériennes JetBlue et American Airlines.
Préalablement, il avait poussé en 2021 les courtiers en assurance Aon et Willis Towers Watson à renoncer à leur union.
Il a, en revanche, été débouté dans plusieurs autres dossiers, notamment le rachat d'EverWatch Corp par Booz Allen Hamilton dans l'industrie de la défense, ou celui du spécialiste de réalité virtuelle Within Unlimited par Meta (Facebook).