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Elections locales et référendum sur l'extradition en Equateur

Les Equatoriens ont voté dimanche pour des élections locales et pour un référendum clé qui décidera, entre autres, si le pays accepte l'extradition des narcotrafiquants vers les Etats-Unis.

Selon le Conseil national électoral (CNE), 80,74% des quelque 13,4 millions d'électeurs se sont déplacés pour voter, dont le président Guillermo Lasso, dans sa ville natale de Guayaquil (sud-ouest). Les autorités électorales ont dix jours pour compter les votes et proclamer les résultats.

Les électeurs doivent désigner leurs maires, les conseillers municipaux, et les préfets de province (gouverneurs) qui prendront leurs fonctions en mai pour un mandat de quatre ans.

Les enjeux sont surtout locaux, mais constitueront inévitablement un test pour le président de droite, au pouvoir depuis 2021, et dont l'impopularité atteint des records (80% selon un dernier sondage).

Le vote intervient dans un contexte préoccupant de violences criminelles croissantes dans le pays, liées au narcotrafic.

Samedi, un candidat à la mairie d'une ville côtière a été assassiné, deux semaines après l'assassinat d'un autre candidat, également dans une ville côtière.

"Le pays est marqué par l'insécurité et cela est dû aux mafias criminelles qui se développent", a dit à l'AFP un électeur d'un bureau de vote du nord de Quito, Jorge Cevallos, avocat de 63 ans.

- Huit questions -

Parallèlement à ce scrutin, les électeurs doivent se prononcer sur huit questions, dans le cadre d'un référendum convoqué en novembre par le président Lasso, sur divers thèmes de sécurité, de politique et d'environnement.

Au centre du débat, l'extradition des Equatoriens, interdite depuis huit décennies.

Selon un sondage mené samedi, dont les résultats ont été publiés après la fin du vote dimanche, 66% des personnes interrogées étaient en faveur du oui à l'extradition.

Dans le cadre de sa lutte contre le trafic de drogues, le président Lasso défend la remise d'Equatoriens à d'autres pays s'ils commettent des délits liés au crime organisé international.

L'objectif est l'extradition vers les Etats-Unis pour les narcotrafiquants, avec le risque pour eux d'y croupir en prison de longues années, dans des conditions dures et sans possibilité d'y corrompre leurs gardiens.

L'arme avait été utilisée avec succès en Colombie voisine à partir des années 90, agissant comme particulièrement dissuasive contre les maîtres d'oeuvre du trafic dans ce pays, premier producteur au monde de cocaïne.

L'Equateur a vu monter en flèche ces dernières années la violence et la criminalité liées au trafic, en même temps que les saisies de drogue. Le taux d'homicide a presque doublé entre 2021 et 2022. Les prisons sont le théâtre de massacres sanglants et récurrents entre gangs de détenus rivaux, sous la coupe de dangereux cartels mexicains.

Le chef de l'Etat veut "affaiblir et démanteler les plus de 25 bandes criminelles qui opèrent actuellement" en Equateur, a expliqué à l'AFP Karen Sichel, une responsable juridique à la présidence.

Utilisé à quatre reprises depuis 2008, le référendum "va être une forme d'évaluation du gouvernement" qui, au sein du Congrès monocaméral, fait face à une opposition majoritaire mais fragmentée, analyse pour l'AFP le politologue Santiago Basabe.

Le vote se déroule "dans un contexte défavorable" au président Lasso, avec une "gouvernabilité fragile", des "inégalités et de la pauvreté", de même qu'une "insécurité due à la présence du crime organisé", a déclaré à l'AFP un autre politologue, Santiago Cahuasqui.

Le parti présidentiel ne dispose que de 13 des 137 députés à l'Assemblée nationale. L'opposition, menée par "Révolution Citoyenne" qui soutient l'ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017), a appelé à voter non.

Parmi les questions soumises au vote, le président Lasso souhaite réduire le nombre de députés, proposition rejetée par l'opposition.

Le référendum entend également définir si les mouvements politiques locaux (le pays en compte 272, pour sept partis nationaux), doivent être contrôlés par l'organisme électoral, comme le sont les partis, alors que certaines de ces formations, souvent minuscules, sont soupçonnées d'être liées au trafic de drogue.

M. Lasso veut par ailleurs réduire les pouvoirs du CPCCS, organisme créé sous l'administration Correa, chargé notamment de nommer diverses autorités comme le procureur général, le contrôleur de l'Etat, le médiateur et les membres de la commission électorale nationale (CNE).

Sur l'environnement, le référendum propose d'inclure les régions humides de jungles et marais dans la liste des zones protégées. Il propose aussi de verser des indemnités aux personnes et communautés autochtones qui protègent la nature. Traversé par la Cordillère des Andes, l'Equateur abrite aussi une vaste zone amazonienne, menacée par l'exploitation pétrolière et les mines illégales.

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