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En visite à bord du Galaxy Leader, un navire capturé par les rebelles du Yémen

Au Yémen en guerre, certains sont prêts à parcourir des centaines de kilomètres pour visiter le Galaxy Leader, un cargo lié à un homme d'affaires israélien et capturé par les rebelles Houthis, qui en ont fait un site à leur gloire.

Venu de la capitale Sanaa, aux mains des Houthis depuis 2014, Zubair al-Haidari dit avoir fait cinq heures de route pour voir "le navire israélien" ancré au large de Hodeida, autre grande ville du pays échappant au contrôle des autorités officielles.

D'un port de la région de Saleef, une petite embarcation en bois l'emmène en mer, avec une dizaine d'autres visiteurs qui brandissent leur téléphone pour filmer la scène tout en mâchant du qat, une plante euphorisante largement consommée dans le pays le plus pauvre de la péninsule arabique.

Le trajet, qui coûte l'équivalent d'environ un dollar, soit le prix d'un repas, se fait sans gilets de sauvetage et dans la bonne humeur.

C'est "un honneur et une fierté pour nous (...) que nos forces armées accomplissent ce travail formidable en soutien à leurs frères opprimés en Palestine et à Gaza", dit-il à un collaborateur de l'AFP qui a aussi fait la traversée.

Le Galaxy Leader est détenu par une société britannique, elle-même propriété d'un homme d'affaires israélien.

Il était affrété par une compagnie japonaise lorsqu'il a été capturé le 19 novembre, avec ses 25 membres d'équipage, par les rebelles, affirmant agir "en solidarité" avec les habitants de la bande de Gaza, en proie à la guerre entre Israël et le Hamas palestinien.

Ces insurgés proches de l'Iran ont mené depuis de nombreuses attaques contre des navires qui seraient liés à Israël au large du Yémen, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, poussant les Etats-Unis et le Royaume-Uni à frapper leurs positions.

Dans ce contexte, les Houthis ont fait du Galaxy Leader un symbole de leur combat, y organisant des excursions cinq fois par semaine, réservées aux hommes.

Hizam al-Assad, membre du bureau politique des Houthis, en parle même comme d'une "destination touristique". "C'est la preuve que le peuple yéménite (...) est impatient de rencontrer l'ennemi et de l'affronter", affirme-t-il.

- "Source de fierté" -

Après une dizaine de minutes en mer, Zubair al-Haidari et ses compagnons montent enfin à bord du cargo, où ils s'empressent de prendre des photos souvenirs.

Certains entament une danse traditionnelle, à l'aide des poignards que la plupart des Yéménites portent à leur ceinture, sur fond de chants à la gloire des Houthis.

Hamada Al-Baydani, pour qui le navire est "une source de fierté pour les Yéménites", raconte être venu d'Al-Bayda, à 400 kilomètres de là.

Les trajets, organisés deux fois par semaine entre les provinces de Hodeida et Al-Bayda sur des routes cahoteuses, peuvent prendre jusqu'à huit heures, pour l'équivalent de 22,6 dollars.

Sur le pont du Galaxy Leader, aucun des visiteurs rencontrés par l'AFP n'a dit avoir aperçu les membres d'équipage d'origine, des Bulgares, Philippins, Ukrainiens ou encore Mexicains, dont le sort est inconnu.

Quelques jours après le détournement du navire, les Houthis avaient publié une vidéo montrant un général accueillant un groupe de personnes, présentées comme les membres d'équipage, mais ils n'ont plus communiqué depuis à ce sujet.

Seuls les drapeaux yéménites et palestiniens flottent désormais sur le cargo ainsi que des banderoles aux slogans anti-américains et anti-israéliens.

Après une heure passée à bord, sous un soleil de plomb, Zubair al-Haidari et son groupe prennent le chemin du retour, en scandant: "Dieu est grand, mort à l'Amérique, mort à Israël".

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