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Au moins cinq journalistes de chaînes audiovisuelles équatoriennes ont reçu des lettres contenant des engins piégés, dont un a explosé lundi, blessant légèrement son destinataire, selon les autorités et les médias concernés.
Le ministre de l'Intérieur Juan Zapata a précisé que trois enveloppes avaient été envoyées à Guayaquil (sud-ouest) et deux à Quito, depuis la localité de Quimsaloma, dans la province côtière de Los Rios.
L'alerte a été déclenchée quand la chaîne de télévision régionale privée TV Ecuavisa a rapporté qu'un de ses journalistes avait reçu une enveloppe contenant une clef USB qui a explosé après avoir été insérée dans un ordinateur.
Le journaliste basé à Guayaquil a été superficiellement blessé à une main et au visage, a déclaré le chef de la police criminelle, Xavier Chango.
L'explosion, survenue dans la salle de rédaction, n'a pas fait d'autres blessés ni de dégâts matériels. Selon lui, l'explosif utilisé pourrait être "du RDX", "un explosif de type militaire".
D'autres enveloppes contenant des explosifs ont été adressées à des journalistes de TC Televisión, de Teleamazonas, de la radio EXA et à un journaliste qui présente des programmes sur plusieurs médias locaux.
L'enveloppe adressée à ce dernier a été interceptée par la police avant d'arriver à destination, a indiqué M. Zapata, qui a précisé que "la capsule détonante est effectivement la même dans les cinq endroits".
Il s'agit d'un "message absolument clair visant à faire taire les journalistes", a encore déclaré le ministre.
Le parquet a ouvert une enquête pour terrorisme, un crime passible de jusqu'à 13 ans de prison.
L'organisation de défense de la liberté de la presse Fundamedios considère ces attaques comme "une nouvelle escalade de la violence contre la presse : inquiétante, inacceptable, violant la liberté d'expression et nécessitant l'intervention immédiate de l'Etat".
- Insécurité croissante -
Dans un communiqué, le gouvernement, via son Secrétariat à la communication (Segcom), a exprimé sa solidarité, rejetant "catégoriquement tout type d'actes violents" et "tentatives d'intimidation contre les journalistes et les médias".
L'an passé en Equateur, la chaîne nationale RTS a été la cible de tirs, et en 2020 un engin explosif a visé les locaux de la chaîne de télévision Teleamazonas.
Gangréné par le narcotrafic, le port de Guayaquil, la deuxième ville d'Equateur, est désormais l'une des zones les plus violentes du pays. Gangs et groupes criminels, dont certains sont liés aux cartels mexicains, s'y disputent le contrôle des routes du trafic de drogues.
Situé entre la Colombie et le Pérou, les plus grands producteurs mondiaux de cocaïne, l'Equateur est passé du statut de simple pays de transit à celui d'important centre de distribution vers l'Europe et les Etats-Unis.
Les saisies de drogue ne cessent d'augmenter, et le taux de morts violentes est passé de 14 pour 100.000 habitants en 2021 à 25 en 2022.