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Une nouvelle attaque d'un drone ukrainien contre une base aérienne dans le sud de la Russie a fait trois morts lundi, jour durant lequel Kiev compte appeler à l'exclusion de Moscou du Conseil de sécurité de l'ONU.
La défense aérienne russe a abattu le drone ukrainien alors qu'il s'approchait, dans la nuit, de la base d'Engels dans la région de Saratov, ont rapporté lundi les agences de presse russes.
Située à plus de 600 km de l'Ukraine, elle a déjà frappée par une attaque au début du mois.
"À la suite de la chute de l'épave du drone, trois techniciens russes qui se trouvaient sur l'aérodrome ont été mortellement blessés", selon l'agence de presse TASS citant le ministère de la Défense.
L'Ukraine, qui n'a pas fait de commentaire sur cette attaque, prévoit de son côté d'appeler lundi à l'exclusion de la Russie en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, a déclaré dimanche le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba.
"Nous exprimerons officiellement notre position. Nous avons une question très simple: la Russie a-t-elle le droit de rester membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et d'être à l'ONU?" a-t-il dit, s'exprimant tard dans la nuit de Noël lors d'un marathon télévisé national.
"Nous avons une réponse convaincante et raisonnée: non, elle ne l'a pas."
La veille, le président russe a cherché à justifier l'offensive militaire du Kremlin contre l'Ukraine qui dure depuis plus de 10 mois, mais qui n'a toujours pas permis à la Russie d'atteindre ses objectifs.
"Tout est basé sur la politique de nos adversaires géopolitiques, qui visent à diviser la Russie, la Russie historique", a dénoncé
Vladimir Poutine dans un entretien rendu public dimanche par la télévision publique.
Le président russe utilise régulièrement le concept de "Russie historique" pour justifier l'intervention militaire en Ukraine par le besoin de rassembler Ukrainiens et Russes, qui ne formeraient qu'un seul et même peuple.
"+Diviser pour mieux régner+: ils ont toujours essayé de le faire, ils essaient de le faire maintenant, mais notre objectif est tout autre: unir le peuple russe", a-t-il affirmé.
Selon Vladimir Poutine, l'armée russe "agit dans la bonne direction" en Ukraine.
Et il a promis que les troupes russes élimineraient le système de défense antiaérienne Patriot, que Kiev a obtenu cette semaine des Américains.
"Bien sûr, nous allons le détruire, à 100%!", a lancé Vladimir Poutine, trois jours après avoir affirmé que son armée trouverait "un antidote" pour contrer "ce système assez vieux".
Outre le système Patriot, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est reparti de sa visite aux Etats-Unis avec une promesse d'enveloppe de 45 milliards de dollars d'aide prévue dans le prochain budget fédéral américain.
Si l'état-major russe a confirmé viser la conquête de la totalité de la région industrielle de Donetsk, M. Zelensky a lui juré vouloir reprendre les quatre régions ukrainiennes annexées fin septembre par la Russie - Donetsk, Lougansk, Zaporijjia, Kherson -, ainsi que la péninsule de Crimée, annexée en 2014.
Fin d'année "sombre"
Il a fustigé les "terroristes" russes qui ont mené des bombardements samedi contre le centre-ville de Kherson, ville du sud de l'Ukraine reprise le 11 novembre après huit mois d'occupation par les troupes de Moscou.
Le marché central et des rues adjacentes ont été bombardés, faisant au moins 10 morts et 55 blessés, un "acte de terreur", selon le président ukrainien.
M. Zelensky a appelé les Ukrainiens à se préparer à de nouvelles attaques d'ici la fin de l'année. "Nous devons être conscient que notre ennemi va essayer de rendre ce moment sombre et difficile".
Vladimir Saldo, le chef de l'administration prorusse de Kherson, a, lui, imputé l'attaque à l'armée ukrainienne, fustigeant "une provocation écoeurante visant bien sûr à faire accuser les forces armées de la Fédération de Russie".
Rejet de "l'influence russe"
Dimanche à Kiev, des orthodoxes ont fêté Noël, aux côtés des catholiques, un signe fort de défiance envers les autorités religieuses russes, qui célèbreront elles la naissance de Jésus dans deux semaines.
"La guerre nous a amené tellement de chagrin", a confié à l'AFP dans une église du centre-ville une fidèle, Olga Stanko. "On ne peut pas rester sous l'influence russe", a-t-elle ajouté, alors que le conflit militaire s'est déplacé ces dernières semaines sur le terrain religieux.
L'Ukraine, un pays dont la population est en majorité orthodoxe, est en effet divisée entre une Eglise dépendant du Patriarcat de
Moscou - qui a annoncé rompre ses liens avec la Russie fin mai du fait de l'offensive russe - et une Eglise indépendante de la tutelle russe.
Créée fin 2018, cette dernière a prêté allégeance au Patriarcat oecuménique de Constantinople, qui a son siège à Istanbul.