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Les communistes plébiscitent Fabien Roussel et son "effet brise-glace"

Longtemps frustrés par l'effacement de leur parti, les militants communistes ont récompensé "l'effet brise-glace" du secrétaire national sortant Fabien Roussel en votant massivement dimanche pour son texte d'orientation, en vue du Congrès d'avril à Marseille.

Près de 82% des 29.212 suffrages exprimés contre seulement 18% pour ses opposants: "C'est un plébiscite au-delà de nos espérances", jubile Guillaume Roubaud-Quashie, membre de la direction.

Le score est le plus élevé depuis l'apparition en 2001 de la possibilité de présenter au vote un texte alternatif à celui de la direction. "Fabien Roussel est le mieux installé chez lui" de tous les dirigeants de gauche, alors qu'Olivier Faure a frôlé la défaite au PS et que Jean-Luc Mélenchon essuie des critiques à LFI, estime le coordinateur de l'exécutif, Igor Zamichiei.

Le triomphe de Fabien Roussel est d'autant plus marqué que des opposants divisés au Congrès de 2018 s'étaient ligués contre lui, de l'ancien secrétaire national Pierre Laurent au député Stéphane Peu, proche de LFI.

Après avoir soutenu Jean-Luc Mélenchon en 2012 et 2017, "un effort quasi-sacrificiel pour les militants", à la présidentielle de 2022 "un espoir renaissait avec la candidature de Fabien Roussel", explique Barbara Gomes, porte-parole de sa campagne et conseillère de Paris.

"L'époque où les gens nous disaient sur les marchés +Ca existe encore les communistes?+ est terminée", se réjouit-elle, parlant de "l'effet brise-glace" du député du Nord. Par son sens de la formule et sa défiance à l'égard de Jean-Luc Mélenchon, le candidat Fabien Roussel s'est fait connaître et inviter dans les médias.

Ces qualités ont primé sur les crispations réelles qu'ont suscitées, à gauche et jusque dans le parti, ses déclarations sur la gauche "des allocs" ou ses marottes alimentaires autour d'"une bonne viande, un bon vin, un bon fromage". Tout juste en trouve-t-on une trace par la position minoritaire (46%) de ce texte dans l'importante fédération de Seine-Saint-Denis.

- "Contre-exemple" -

Pour la députée Elsa Faucillon, soutien du texte alternatif défait, "c'est sur la promesse de ne pas se laisser marcher sur les pieds par les partenaires, LFI et Jean-Luc Mélenchon" que s'est joué le vote. "Plutôt que sur comment on a diffusé les idées, comment on a perdu une délégation au parlement européen et sur le bilan de l'initiative solitaire à la présidentielle", soldée par un score de 2,3%, regrette-t-elle.

Mais selon Léon Deffontaines, président des Jeunes communistes, le score très large montre que "le vrai débat n'était pas si on continue ou pas la stratégie engagée en 2018 mais sur comment on la continue: ça fait longtemps que je n'ai pas vu le parti se questionner autant sur la manière de se structurer" efficacement.

Une déclaration qui inquiète Elsa Faucillon: "Ce n'est pas une réunion exécutive mais un Congrès". Elle rappelle que s'ouvre désormais une phase de discussion et d'amendement de la "base commune" dans les sections et fédérations, avant le Congrès du 7 au 9 avril.

En privé, un dirigeant du parti estime que l'ampleur de la victoire de Fabien Roussel, inattendue, est aussi due "au contre-exemple du PS" - qui a évité de peu la scission le weekend dernier - "et par la bataille des retraites". En prenant l'initiative du premier meeting Nupes contre la réforme à Paris, Fabien Roussel a pu rassurer ceux qui craignaient que son scepticisme vis-à-vis de la coalition de gauche Nupes perturbe le nécessaire rassemblement dans la séquence.

Qu'on ne s'y trompe pas, cependant, analyse l'historien du PCF Roger Martelli sur le site de la revue Regards: "Dans l’équilibre, classique pour la culture communiste, entre l'affirmation identitaire et le souci du rassemblement majoritaire à gauche, c’est le premier terme qui a été jugé plus fondamental que le second".

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