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Signé Giltay: ce coup de canif dans la relation entre Israël et les Etats-Unis

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution exigeant un cessez-le-feu à Gaza. Les États-Unis n'ont pas usé de leurs droits de veto, ils se sont juste abstenus. Ce qui a provoqué la colère du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui veut poursuivre la guerre, quitte à se fâcher avec son protecteur historique. 

Benjamin Netanyahu est ulcéré. Ce matin, le quotidien français Libération écrit même qu'il a frôlé l'apoplexie, ce qui est bien sûr une image. Il n'a pas supporté la décision de Washington, dont l'attitude a permis l'adoption par 14 voix contre une abstention de cette résolution qui appelle à un cessez-le-feu immédiat sans le lier impérativement à la libération des otages. Il avait prévenu son principal allié que si ça devait se produire, il y aurait des conséquences. Elles n'ont pas tardé. Dès l'annonce du résultat, la visite d'une délégation israélienne aux États-Unis a été annulée. La Maison Blanche s'est déclarée déçue, mais il y avait déjà un désaccord sur la composition de la délégation israélienne. 

L'objectif était de discuter de l'éventualité d'un assaut sur Rafah, toujours annoncé par Jérusalem. Joe Biden avait demandé à voir une équipe de militaires israéliens, ainsi que des officiels de l'humanitaire et des renseignements. À la place, Netanyahu avait choisi d'envoyer un des leaders de son parti, le Likoud, et son ministre des Affaires stratégiques, dont le principal souci est d'obtenir du temps et des moyens pour réaliser les objectifs d'Israël. 

Ce ministre a estimé dans une interview récente qu'une opération à Rafah, au sud de la bande de Gaza, était inévitable, même si le monde entier se tourne contre Israël. Au secrétaire d'État américain Anthony Blinken, en visite récemment sur place, Bibi avait dit qu'Israël ne tiendrait pas compte de l'avis américain. Il est donc au bord de la rupture. 

En fait, Netanyahu, qui a fait ses études aux États-Unis, veut s'immiscer dans la campagne électorale américaine. Son favori est Donald Trump. Il n'a donc aucun scrupule à essayer d'affaiblir Joe Biden en lui aliénant l'électorat pro-israélien. 

Biden, de son côté, veut ménager les Américains de culture arabo-musulmane, dont le vote sera décisif dans certains États qui se joueront à une poignée de voix. En fait, Trump n'aime pas beaucoup Netanyahu. Mais il est tenu par ses électeurs évangélistes, grands lecteurs de la Bible, qui considèrent Israël comme la terre promise. 

Dans cette crise, tout n'est pas que politique. Israël, très avancé technologiquement, est un allié stratégique des États-Unis au Proche-Orient. C'est pourquoi Washington continue et continuera à lui fournir des armes. Mais depuis hier, comme on dit, il y a un coup de canif dans la relation.


 

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