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NDDL: un homme gravement blessé par une grenade lacrymogène sur la ZAD

Un jeune homme a eu la main arrachée mardi midi sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) au cours d'affrontements avec les gendarmes, quelques jours après une deuxième vague d'expulsions.

Dix escadrons de gendarmes mobiles étaient mobilisés mardi sur la ZAD pour sécuriser des travaux de déblaiement en cours après les expulsions de la semaine dernière.

Mardi, aux alentours de 12H00, à proximité du lieu-dit de la Chateigne, un des habitats précaires évacués la semaine dernière, "une cinquantaine d'opposants radicaux cagoulés se sont attaqués aux forces de l’ordre en leur jetant notamment des cocktails molotov et des projectiles", a affirmé dans un communiqué le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.

Pour "défendre leur intégrité physique" et disperser les opposants, les gendarmes mobiles ont utilisé des grenades de type F4, "une munition à triple effet lacrymogène, sonore et de souffle", précise le ministre.

Selon un communiqué du procureur général de la cour d'appel de Rennes, Jean-François Thony, "un homme âgé de vingt-et-un ans s’est emparé d’une grenade lacrymogène jetée par les forces de l’ordre. Alors qu’il armait son bras pour lancer ce projectile en direction des gendarmes, l’objet a explosé".

Le blessé a été secouru par les gendarmes mobiles et évacué vers le CHU de Nantes. "Au regard des blessures occasionnées, il a été amputé de la main droite et demeure hospitalisé. Ses jours ne sont pas en danger", précise le parquet.

Lors d'une conférence de presse, les zadistes ont démenti cette version des faits. "Il est assez peu probable et pas du tout crédible que la personne ait ramassé la grenade volontairement, étant donné qu'elle était en train de fuir", a expliqué un membre du service médical de la ZAD.

Une enquête a été confiée à la section de recherches d'Angers, selon le procureur général, et "l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) a par ailleurs été saisie afin de préciser les circonstances de cette intervention", a précisé M. Collomb.

Selon l'équipe médicale de la ZAD, "depuis le début des expulsions le 9 avril, on est à plus de 300 blessés. On craint un mort. Si on veut pas qu’il en ait un, il faut arrêter d’utiliser ces armes et calmer le dispositif".

Une personne a été interpellée mardi et placée en garde à vue, selon Sylvie Canovas, procureure de la République de Saint-Nazaire.

Les travaux de déblaiement portaient mardi sur les sites de la Chateigne et la Vosgerie, des habitats démantelés la semaine dernière, dans la forêt de Rohanne. Les gendarmes ont dû à nouveau dégager le chemin de Suez, jonché de barricades récemment construites.

A la Chateigne, le déblaiement était toujours en cours en fin d'après-midi. "On a voulu défendre notre zone. On voulait récupérer notre bois, les affaires récupérables, fenêtres, portes... C'est du vol", affirme un zadiste.

- Entre négociations et affrontements -

Dix "squats" ont été détruits ou évacués jeudi et vendredi dernier, au cours d'une opération qui a mobilisé 1.700 gendarmes. Contrairement à la première phase d'expulsion, entamée le 9 avril, cette deuxième opération n'a été émaillée que d'affrontements sporadiques.

Les forces de l'ordre avaient communiqué aux zadistes les lieux de vie qu'ils comptaient détruire et les gendarmes avaient reçu comme consigne de limiter au maximum les tirs de grenades lacrymogènes.

Quelque 11.000 grenades, dont 10.000 lacrymogènes, avaient été tirées en avril, lors de la première phase d'expulsion et destruction de 29 habitats sur les 97 recensés.

Dimanche, une manifestation de "retour sur la ZAD" n'avait mobilisé que quelques centaines de personnes, contre plusieurs milliers un mois plus tôt. Nombreux étaient les participants à être lassés du climat d'affrontement, privilégiant la négociation avec le gouvernement.

Quinze des 29 projets agricoles déposés fin avril par les occupants de la ZAD ont déjà été jugés éligibles, et l'étude des autres se poursuit.

Mais des opposants encagoulés continuent à ériger des barricades et à creuser des tranchées sur les chemins et les routes de la ZAD, suscitant l'exaspération de certains zadistes.

Ainsi mardi après-midi, la D81 qui traverses la ZAD du nord au sud était encore partiellement bloquée avec des barricades et une banderole sur la route, "Si t’es pas gendarmes soit le bienvenu", même si le calme était revenu après les affrontements de la matinée, a constaté une journaliste de l'AFP.

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