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A New York, "la petite Ukraine" a peur de la guerre avec la Russie

A New York, les habitants de "la petite Ukraine", quartier niché entre deux pâtés de maisons du sud de Manhattan, tremblent pour leurs proches à 8.000 km de là, de peur que la Russie n'envahisse le pays de leurs familles.

"C'est comme un mauvais rêve", souffle Anna Shestopalova, rencontrée par l'AFP devant l'église catholique ukrainienne Saint-George.

Arrivée aux Etats-Unis en 1996, cette femme, qui refuse de donner son âge et sa profession, exprime simplement sa peur pour sa soeur et ses neveux restés en Ukraine: "Je lui ai parlé ce matin, elle est très inquiète. Je ne pensais jamais vivre une telle situation", confie-t-elle.

"La petite Ukraine" ("Little Ukraine") ou "le village ukrainien" ("Ukrainian Village") est une minuscule enclave communautaire, comme New York en compte des centaines, coincée entre les première et troisième avenues du sud de Manhattan, le long des sixième et septième rues.

Une partie du très à la mode East Village, de plus en plus gentrifiée et de moins en moins authentiquement ukrainienne.

- "Le coeur lourd" -

Mais au centre de cette petite communauté, se dressent toujours quelques échoppes, comme le restaurant Veselka qui affiche fièrement le drapeau ukrainien jaune et bleu. On y sert les mets traditionnels de la région, la soupe bortsch et les pierogis.

Mais on y parle surtout du président russe Vladimir Poutine et des menaces d'invasion de l'est de l'Ukraine.

"Je suis très triste, j'ai le coeur gros", confie à l'AFP le propriétaire Jason Birchard, Ukrainien de la troisième génération aux Etats-Unis et dont le grand-père avait ouvert ce restaurant en 1954.

Et même "si nous espérons un règlement pacifique, la situation est tellement explosive que nous sommes très inquiets", reconnaît-il.

Nombre de ses clients soutiennent l'Ukraine, "expriment leurs voeux et leurs prières et s'enquièrent du sort des employés et des familles", explique cet homme de 54 ans.

Son manageur Vitalii Desiatnychenko, 30 ans, souffre, lui, d'être séparé de ses parents qui vivent à Kiev. "Physiquement à New York, mais la tête ailleurs", admet le jeune homme: "Même si je suis ici depuis dix ans, je reste Ukrainien. Je suis enfant unique et je ne peux pas ne pas m'inquiéter pour eux".

- "Le même peuple" -

D'après le recensement américain de 2019, un peu plus d'un million de personnes ukrainiennes et d'origine ukrainienne vivent aux Etats-Unis, parmi lesquelles 160.000 à New York, mosaïque culturelle de près de neuf millions d'âmes.

La mégapole compte aussi une large population russe ou d'origine russe concentrée dans "la petite Odessa" ("Little Odessa") au sud de Brooklyn.

Et même si des personnes âgées russes aux Etats-Unis peuvent être sensibles à la "propagande" de Moscou sur l'Ukraine, Vitalii Desiatnychenko n'a pas perdu ses amis russes new-yorkais.

"C'est que de la politique! On est le même peuple, on vient des mêmes territoires. Les Ukrainiens ont de la famille en Russie, les Russes ont de la famille en Ukraine", résume le trentenaire.

Mais à 8.000 km de l'est de l'Ukraine, la politique et la peur de la guerre s'affichent à New York: là, un drapeau ukrainien accroché à une fenêtre du marché à la viande de l'East Village, ici une pancarte d'appel à manifester en soutien à Kiev.

Et à l'entrée du centre culturel ukrainien, une affichette ose même "dire non à Poutine". Natalia Lemishka, professeure de danse, a un message tout simple à l'adresse du président russe qui menace d'envahir son pays: "Ne fais pas ça, ne fais pas ça".

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