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La France a dénoncé lundi dans un communiqué l'"instrumentalisation" dont elle fait l'objet en Centrafrique, tandis que des groupes armés du quartier musulman de Bangui, théâtre de violences depuis début avril, se sont réclamés du soutien de Paris.
"L'ambassade de France dénonce les tentatives d'instrumentalisation dont la France fait l'objet depuis une semaine", indique un communiqué de l'ambassade lundi soir, qui souligne que celles-ci "visent à présenter (la France) comme un soutien de groupes armés".
Une milice armée du quartier musulman de Bangui, le PK5, a distribué des tracts la semaine passée dans le quartier, indiquant avoir "le soutien de la France".
Des violences meurtrières ont secoué le quartier après le début le 8 avril d'une opération militaire des Casques bleus et des forces armées centrafricaines contre les groupes armés du quartier.
Mardi 10, des combats ont opposé les militaires aux milices, faisant au moins 25 morts, dont un Casque bleu, et plus d'une centaine de blessés.
Selon différents rapports internes de la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) consultés par l'AFP, les termes d'"hommes armés" et de "civils" ont été tous deux utilisés pour qualifier ces morts, sans qu'il soit possible lundi de déterminer si les 24 morts étaient des civils ou des combattants.
Depuis, des drapeaux français ont été érigés dans le quartier PK5, en plus des tracts distribués, selon l'AFP.
"La présence de drapeaux français (...) relève d'une grossière manipulation visant à faire croire à une divergence entre les objectifs de la France et ceux des autorités centrafricaines et de la Minusca", dit le communiqué, qui estime que ces drapeaux contribuent "à entretenir un climat de confusion sur le rôle de la France en Centrafrique".
La France, qui est intervenue militairement entre 2014 et 2016 en RCA dans le cadre de l'opération Sangaris, indique lundi qu'elle "se tient aux côtés de tous les Centrafricains" et "place résolument sa confiance dans les capacités des Nations Unies et des autorités centrafricaines à rétablir l'ordre".
La Minusca et la mission française Sangaris sont souvent mises dos à dos en Centrafrique, la population critiquant ouvertement la mission de l'ONU pour son incapacité à faire face aux violences incessantes. Certains habitants appellent en parallèle à un retour de la France en RCA.
Depuis 2013, la Centrafrique est en proie à des conflits. Le renversement du président François Bozizé par l'ex-rébellion de la Séléka avait entraîné une contre-offensive des milices d'"autodéfense" antibalaka, plongeant le pays dans le chaos.
Les groupes armés et des milices s'affrontent aujourd'hui pour le contrôle des ressources et de l'influence dans ce pays de 4,5 millions d'habitants classé parmi les plus pauvres au monde.