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Avis de tempête sur le PCF: le secrétaire national Pierre Laurent a subi samedi un camouflet retentissant en voyant, lors du vote des adhérents, sa proposition de "base commune" battue par un texte alternatif, avant le congrès extraordinaire de novembre.
La position du sénateur de Paris est très affaiblie. Habituellement, le texte proposé par la direction réalise des scores hégémoniques, dignes de la culture de consensus du parti.
De jeudi à samedi, les près de 31.000 adhérents qui ont voté ont choisi de placer en tête, avec 42,15% des suffrages exprimés, "le Manifeste pour un PCF du 21e siècle" soutenu notamment par le patron des députés communistes André Chassaigne. Il devient la nouvelle "base commune", qui sera enrichie avant et pendant le congrès.
Le texte du conseil national dirigé par Pierre Laurent n'a récolté que 37,99% des suffrages exprimés. Deux autres textes ont récolté 11,95% et 7,90%. Le taux de participation a atteint près de 63%.
"J'en prends acte", a réagi le numéro un du Parti communiste, qui note "des résultats partagés" et "pas de majorité pour avancer". "Les semaines qui viennent nous appellent toutes et tous au travail commun. Nous avons devant nous un immense débat (...), j'y mettrai toute mon énergie", a-t-il ajouté.
André Chassaigne, pour sa part, s'est réjoui d'un "signal fort" témoignant d'une "nouvelle ambition". Selon l'élu du Puy-de-Dôme, "au soir de ce vote, le PCF est dans une situation inédite: pour la première fois de notre histoire, le texte présenté par le conseil national n'est pas retenu".
Les choix stratégiques de la direction ces dernières années sont condamnés, non plus seulement par quelques cadres, mais par la majorité du parti.
En effet, le "Manifeste" vilipende la "délégation" par le PCF, de 2012 à 2017, de "la prise d'initiatives populaires à Jean-Luc Mélenchon", dans le cadre du Front de gauche.
Le texte regrette aussi que le PCF n'ait pas présenté de candidat à l'élection présidentielle de 2017 et ait fini par soutenir M. Mélenchon, sans participer à sa campagne - une période très mal vécue par les militants communistes.
- "Revenir aux fondamentaux" -
"On ne peut plus commencer par la recherche d'entente au sommet" et de "campagnes communes", peut-on lire dans le "Manifeste". "Cette façon de décréter une unité par le haut corsète l'initiative d'action et de proposition du PCF. Elle rabaisse le niveau des exigences et le besoin de cohérence à partager le plus largement pour gagner."
Pierre Laurent devra-t-il donc partir? "Ca lui donne une grande responsabilité, de donner les conditions pour que les communistes restent unis après le congrès", a jugé auprès de l'AFP Fabien Roussel, député du Nord et soutien du "Manifeste".
Le vote dénote "un besoin de changement et d'avoir une orientation: savoir où on va. Notre texte donne un sens", a-t-il affirmé.
André Chassaigne avait affirmé à l'AFP, lors de la Fête de l'Humanité, vouloir avant tout que l'identité communiste soit restaurée: "Nous devons dire haut et fort que nous sommes communistes, il faut revenir aux fondamentaux. Ce n'est pas un repli sur soi, puisqu'au contraire par nature le communisme c'est l'ouverture aux autres".
"Beaucoup de communistes ont voulu envoyer le message de l'exigence, de l'urgence d'une réaffirmation du parti, qui doit être plus influent et se réinstaller dans le paysage politique", a admis samedi Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF.
Constatant une situation "inédite", ce soutien de M. Laurent souligne cependant que "c'est sur la question du rassemblement que les choses vont se jouer" dans le débat qui s'ouvre. Et "Pierre Laurent, par son expérience, a des choses fortes à dire sur le sujet".
Ainsi, l'écart relativement faible entre les deux textes pourrait laisser à la direction actuelle une grande place dans les discussions à venir.
Le congrès extraordinaire se tiendra du 23 au 25 novembre à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), bastion communiste historique.