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Qui sont les casseurs de Feluy? Les gilets jaunes ont été remplacés par des hooligans, désormais traqués par la Justice

Des hooligans, supporters de football interdits de stade pour violence ? Des anarchistes d'extrême-gauche ? L'extrême-droite ? Des personnes actives sur les réseaux sociaux en mal de reconnaissance ? La police et la justice sont en train de s'atteler à une tâche: identifier les émeutiers qui ont affronté la police cette nuit sur la E19 à Feluy. Tommy Leclercq, le gouverneur de la province du Hainaut, témoigne de la difficulté de la tâche : "Nous sommes dans l'hétérogénéité avec en constat depuis 3 ou 4 jours une mutation profonde. C'est un mouvement qui n'est pas un syndicat donc on n'a pas de liste" à laquelle se rattacher. Seule certitude : il n'y avait plus aucun gilet jaune à l'origine du mouvement hier lors des débordements. Plus qu'infiltrés, ils ont été remplacés.

Cette nuit sur la E19 à Feluy, ils étaient 400. 400 personnes avec la même volonté : se défouler et tout casser. Une véritable bataille rangée contre la police, qui les qualifie de hooligans. Les nombreux chants de supporters de football entonnés menant logiquement vers cette première piste.

Mais pour Bruno Frère, professeur de sociologue à l'Université de Liège, difficile de dire d'où ils viennent, à quelle branche de casseurs les rattacher. "On peut imaginer qu'à partir du moment où il s'agit de s'en prendre à une enseigne pétrolière -là c'est le site de Total- on pourrait être dans une dynamique anticapitaliste de gauche radicale mais c'est extrêmement difficile de le savoir puisque ces mêmes casseurs n'ont pas expliqué pourquoi ils étaient là."

Certains d'entre eux cherchent même la célébrité, comme un blogueur de Fleurus qui publie des vidéos plusieurs fois par jours et qui appelait à la guerre il y a deux jours en ces termes : "Ce soir, besoin de tout le monde à Feluy. Ça va être la guerre les amis. Femmes et enfants interdits. Prenez des défenses et de quoi vous protéger les yeux et voies respiratoires." D'autres se sont filmés en direct cette nuit, parlant directement à leurs "followers".


Plus aucun gilet jaune dans leurs rangs

De quoi leur faire perdre tout soutien des gilets jaunes, les vrais. "Ce n'est pas spécialement le message des gilets jaunes en soi, qui du coup ont l'impression d'avoir été infiltrés d'une certaine manière", note M. Frère.

Tommy Leclercq, le gouverneur de la province du Hainaut qui coordonne le centre de crise, confirmait en direct dans le RTLinfo 13h que sur le terrain, la police n'a plus affaire aux gilets jaunes : "Les gilets jaunes, ce nouveau mouvement social qui est né en France, ce sont des hommes et des femmes issus de la classe moyenne qui veulent exprimer leurs difficultés vis-à-vis du haut niveau des prix, notamment du prix de l'essence. Mais on a vu ces derniers jours que certains avaient infiltré les gilets jaunes. Les infiltrations ont augmenté pour laisser la place à plus aucun gilet jaune pendant la nuit dernière, et laissant la place à 400 personnes d'origine diverse."

Pour lui, il est encore trop tôt pour rattacher ces casseurs à un mouvement précis. "Nous essayons de comprendre leur origine. Parfois étrangère, parfois interne. Parfois très jeunes et parfois plus âgés. Mais toujours avec un comportement d'une certaine violence. Qui veulent en découdre et qui dépassent le cadre de l'état de droit."


"On avance dans la compréhension du profil des personnes"

L'identification de chaque casseur est cependant en cours: "Nous essayons de comprendre d'où ils viennent et ce qu'ils veulent. La réponse à cette 2ème question, nous n'avons pas la réponse. D'où ils viennent, on commence à obtenir des bribes et je salue la collaboration avec le ministre Jambon, avec la Justice. (…) On avance dans la compréhension du profil des personnes à qui nous avons affaire. Ce sont des personnes qui aujourd'hui ne revendiquent plus rien, ne demandent plus rien. Ils agissent hors cadre. Pratiquement tous comportementalement parlant (en tout cas ceux de cette nuit) ont affaire au code pénal, depuis les plus petites jusqu'aux plus grandes infractions. Il sera procédé à une évaluation de ça en "just in time" et puis la justice fera son travail." Le blogueur de Fleurus a d'ailleurs été interpellé hier pour incitation à la haine et n'aurait pas été présent cette nuit à Feluy.


Le dispositif pour ce soir: la police locale laisse place à la police fédérale

Quant au dispositif policier qui sera mis en place aujourd'hui pour faire face à ces casseurs, le gouverneur n'a pas souhaité trop en dire, mais il se montre particulièrement ferme et déterminé. "Le périmètre sera effectif. À partir de 5h, je réenclenche la phase provinciale. Sur le terrain, on interpellera les personnes qui approcheront le site de la raffinerie de Feluy qui est quand même un site Seveso, donc à haut risque. Il y a quand même des combustibles. Je rappelle qu'on a mis le feu à un camion-citerne ces dernières heures. Donc on pourrait s'en prendre à la raffinerie. Plus question aujourd'hui de pouvoir s'en approcher sans expliquer pourquoi. Si la raison est bonne, madame ou monsieur pourra passer. Si la raison n'est pas bonne : demi-tour, aucune raison de venir. Donc c'est ce qui se produira aujourd'hui parce que l'intolérable ne doit plus être toléré. Je remercie nos policiers hier. Toutes les zones de police du Hainaut se sont solidarisées pour procurer des hommes. Aujourd'hui c'est d'avantage la police fédérale. Et donc on agit dans le cadre d'une police intégrée mais qui est toujours proche des citoyens et qui doit toujours l'être. C'est ça le combat du maintien de la démocratie. C'est en fait tout ce que nous faisons. On ne peut plus accepter des situations organisées et pseudo spontanées de non-droit. C'est terminé."

 

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