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Que s'est-il passé dans le train 3416 entre La Louvière et Bruxelles le dimanche 8 septembre dernier vers 16h30 ? Rien de grave selon le parquet après enquête. Mais le témoignage d'une passagère qui nous a incités à nous pencher sur ces faits est inquiétant. En l'absence de caméra de surveillance à bord, c'est paroles contre paroles. Et c'est bien gênant, car au milieu, il y a une petite fille.
Un père interpellé en gare d'Ecaussinnes
Certains faits ne font aucun doute. Un père a bien été interpellé par la police locale à 16h40 en gare d'Ecaussinnes après que l'accompagnatrice de train a appelé le SOC (Security Operations Center), le service téléphonique de garde de la SNCB. La cheminot a téléphoné car des passagers l'ont informé qu'un père venait de brutaliser sa fille. La police de la zone Haute Senne est intervenue à la demande de la police des chemins de fer qui ne pouvait pas arriver suffisamment vite à la station pour cueillir l'individu dans le train qui avait quitté La Louvière. La police des chemins de fer a repris la main dès son arrivée sur les lieux. Elle a reçu les explications du père ainsi que le témoignage d'un passager avant de transmettre le dossier à la section jeunesse du parquet de Mons.
Un geste isolé
Le parquet nous a appris que l'homme ne sera pas poursuivi. Par ailleurs, aucune mesure de protection de l'enfant n'a été prise. Cet après-midi du 8 septembre, sa fille était très agitée, elle jouait avec le téléphone plutôt que de faire ses exercices de mathématiques. Refusant d'obéir, elle a poussé son père à l'attraper fermement au niveau de l'oreille, rien de plus. Ce récit rassurant a été jugé crédible après que la mère a été entendue. Elle n'était pas dans le train mais elle assure que le père de leur fille n'a jamais eu de comportement déplacé envers elle. Il s'agit donc d'un geste isolé provoqué par l'impossibilité de calmer un enfant.
Un témoin évoque des faits d'une plus haute gravité
Mais une autre femme a un récit bien différent. Elle était dans le train avec ses deux enfants. Juste en face du père et sa fille qui devait "avoir entre 8 et 10 ans", estime-t-elle. "Choquée" par ce qu'elle a vu, elle a dès le lendemain pressé le bouton orange Alertez-nous. "J'étais occupée avec mes deux petits garçons. Quand il a mis la première gifle à la petite fille, on s'est tous retournés", commence la témoin. La violence sur l'enfant serait montée d'un cran: "Ensuite, il a asséné un coup de poing à sa fille", décrit la passagère qui précise toutefois qu'il ne s'agissait pas d'un coup de poing comme on en porterait à un adulte. Enfin, "il a saisi sa fille par le col et l'a assise brutalement", affirme la mère de famille.
Le compartiment est loin d'être vide, il y a de nombreuses personnes selon l'alerteuse. "Personne n'a bronché", regrette-t-elle. Sauf un homme, probablement le passager dont la police a recueilli le témoignage. Il se lève pour s'interposer mais se heurte aux menaces du père qui se lève à son tour, selon la témoin. Elle se rappelle ces mots: "Éduque ton gosse, n'éduque pas le mien!" Il se rassied ensuite comme s'il ne s'était rien passé. La petite fille, elle, est "terrorisée", affirme la voyageuse. "On a prévenu la contrôleuse et elle a appelé la police", continue la mère de famille. Le porte-parole de la SNCB confirme: "Lorsque l’agression a eu lieu, deux voyageuses ont immédiatement prévenu l’accompagnatrice."
À la compagnie des chemins de fer, la procédure veut que l'accompagnatrice de train téléphone au SOC (Security Operations Center) lorsqu'un problème de sécurité survient. Le SOC est accessible 24h/24 et ses opérateurs se chargent d'appeler le bon service en fonction de la nature de l'incident. Une sorte de 101 du rail qui a joint la police des chemins de fer. Comme écrit plus haut, l'homme a été interpellé à la gare d'Ecaussinnes. On notera l'efficacité et la rapidité de la procédure depuis l'appel de l'accompagnatrice jusqu'à l'arrestation.
Dans le train, avant d'arriver à Écaussinnes, la petite fille aurait parlé à l'alerteuse ainsi qu'à une ou plusieurs autres personnes qui l'avaient éloigné de son père sans que celui-ci ne réagisse. Celle-ci aurait d'abord minimisé. Il n'y a rien, "juste une pincette", dit-elle, selon la témoin. Mais ensuite, "elle a quand même fini par nous dire qu'elle était frappée chaque jour", se rappelle la témoin. Avant de s'inquiéter pour son géniteur : "Mon papa va aller en prison?", demande-t-elle selon la témoin qui achève son récit, non sans confier ressentir de pénibles frissons de s'être rappelé cette scène.
Que s'est-il passé ce dimanche 8 septembre dans le train 3416 ? Au parquet de Mons, on nous assure que ce genre de faits n'est jamais minimisé et toujours pris très au sérieux. S'il y a eu relaxe, c'est que les éléments d'enquête ont plaidé pour un fait isolé qui n'appelle aucune sanction. Un dossier a toutefois été transmis au service d'aide à la jeunesse.