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Des centaines de manifestants ont protesté dimanche à Bangkok contre une décision de la Cour constitutionnelle assimilant l'appel à réformer la royauté à une tentative de renversement de la puissante monarchie.
De brefs heurts avec la police ont fait au moins deux blessés, selon des sources médicales.
La Cour constitutionnelle, accusée de longue date par ses critiques d'être politisée, a jugé mercredi que trois dirigeants protestataires avaient tenu des discours qui "visent à renverser la monarchie constitutionnelle".
Même si cette décision ne débouche sur aucune sanction pénale à l'encontre des dirigeants protestataires, elle est susceptible de réduire encore l'espace de liberté pour la campagne en faveur d'une réforme de la monarchie.
Faisant fi d'une interdiction des rassemblements, des centaines de manifestants se sont massés dans le principal quartier commerçant de Bangkok pour dénoncer la décision de la Cour et affirmer leur refus d'une monarchie absolue.
"la Cour constitutionnelle prend le pouvoir au peuple", a lancé Thatchapong Kaedam, l'un des dirigeants de la contestation, . Des manifestants agitaient des pancartes "réformer ne signifie pas renverser".
Les manifestants ont jeté depuis un pont des effigies des juges de la Cour constitutionnel puis les ont brûlées. Des moines en robe safran effectuaient le salut à trois doigts levés, symbole des pro-démocratie.
Au coucher du soleil, les manifestants se sont rendus à l'ambassade d'Allemagne, en référence aux fréquents séjours du roi Maha Vajiralongkorn dans ce pays européen, à laquelle ils ont remis une lettre exprimant leurs inquiétudes, avant de se disperser.
De brefs heurts ont opposé certains manifestants à la police qui a tiré des balles en caoutchouc dont l'une au moins a touché un protestataire à la poitrine, a constaté un journaliste de l'AFP.
Selon le centre médical d'urgence Erawan de Bangkok, au moins deux personnes ont été blessées.
A l'été et l'automne 2020, un mouvement pro-démocratie porté par la jeunesse thaïlandaise a poussé des dizaines de milliers de personnes dans les rues pour demander une réforme de la monarchie --sujet tabou auparavant dans le pays-- et la démission du Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, un général qui s'était emparé du pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat en 2014 puis a été légitimé en 2019 par des élections controversées.
Le mouvement pro-démocratie s'est ensuite affaibli en 2021 en raison des restrictions sanitaires mises en place face au coronavirus et de la répression judiciaire à l'encontre de dizaines de protestataires.
La Thaïlande est une monarchie constitutionnelle depuis le fin de la royauté absolue en 1932, mais la vie démocratique a été régulièrement entravée par des coups d'Etat dont le dernier en 2014.