Accueil Actu

Un cousin du président argentin admet avoir corrompu l'administration précédente

Plusieurs chefs d'entreprise, dont un cousin du président argentin Mauricio Macri, ont avoué lundi avoir versé des pots-de-vin à l'administration de l'ex-présidente Cristina Kirchner, après avoir été cités dans un scandale de corruption.

Le cousin du président, Angelo Calcaterra, 60 ans, s'est présenté spontanément lundi matin au tribunal de Comodoro Py à Buenos Aires, où il a été entendu par le juge Claudio Bonadio, qui a interpellé huit haut fonctionnaires et neuf dirigeants d'entreprises dans le cadre du scandale des "Cahiers de la corruption", et convoqué l'ex-présidente Cristina Kirchner.

Le 3 août, la publication des cahiers du chauffeur du ministère de la Planification a mis à nu un système de remise de sacs d'argent à des fonctionnaires de l'administration précédente, allant jusqu'au domicile du couple Kirchner.

Le procureur estime que les pots-de-vin versés pourraient atteindre 160 millions de dollars.

- "Repenti" -

Angelo Calcaterra est passé aux aveux pour obtenir le statut de "collaborateur repenti", qui lui permet de conserver la liberté.

Selon le site d'information Infobae, le cousin du président a confirmé au juge ce que le chauffeur Oscar Centeno avait écrit dans ses cahiers. Il a dit avoir été victime d'une "extorsion" et de "pressions" de fonctionnaires qui exigeaient de l'argent pour les campagnes électorales de 2013 et 2015.

M. Calcaterra avait racheté en 2007 l'entreprise IECSA, fondée par son oncle et père du président, Franco Macri, spécialisée dans la construction d'équipements et d'infrastructures tels que des ponts, autoroutes, gazoducs ou barrages.

Le directeur général de la société IECSA, Javier Sanchez Caballero, interpellé mercredi dernier, a suivi le même chemin et a pu ressortir libre.

"C'est un changement énorme en Argentine, des chefs d’entreprises proches du président se présentent devant la justice, il n'y a d'impunité pour personne", a commenté Elisa Carrio, influente parlementaire membre de la coalition gouvernementale de centre-droit Cambiemos (Changeons).

Vendredi, Juan Carlos de Goycochea, patron en Argentine de la multinationale espagnole Isolux Corsan, avait été le premier à collaborer à l'enquête. Il a affirmé que son entreprise avait été la cible de "pressions pour contribuer au financement de campagnes électorales" de la coalition kirchnériste.

Le dernière détention s'est produite lundi. Hector Zabaleta, un ancien dirigeant de la multinationale argentine Techint la plus grande entreprise du pays, a été interpellé pour soupçon de versement de dessous de table.

Pendant les années Kirchner, Techint a construit des routes et des canalisations d'une centrale nucléaire, en lien avec le ministère de la Planification.

- Ministère de la corruption -

Parmi les neuf patrons de grandes entreprises du secteur du BTP arrêtés la semaine dernière, quatre devaient être entendus lundi. S'ils fournissent des informations utiles à l'enquête, le juge peut leur octroyer le statut de repenti, avec une remise en liberté.

Le chauffeur à l'origine des révélations, Oscar Centeno, un ancien militaire qui notait minutieusement les détails de chaque remise d'argent entre 2005 et 2015, a également offert sa collaboration et obtenu liberté et protection.

Il était le chauffeur de Roberto Baratta, vice-ministre de la Planification, arrêté lui aussi le 3 août, en même temps que plusieurs autres hauts fonctionnaires du ministère qui gérait les travaux publics, réputé pour être un centre névralgique de la corruption pendant la présidence de Nestor (2003-2007), puis Cristina Kirchner (2007-2015).

Roberto Baratta devrait rejoindre en prison le ministre de la Planification de 2003 à 2015, Julio De Vido, un proche des Kirchner, en détention préventive dans le cadre d'une autre affaire de corruption.

En juin 2016, lors d'une rocambolesque opération, un autre vice-ministre de la Planification, Julio Lopez, a été arrêté alors qu'il tentait de dissimuler 9 millions de dollars dans un couvent.

Lundi prochain, Cristina Kirchner est convoquée par le juge Bonadio dans le cadre de l'affaire des Cahiers de la corruption. Habituée aux convocations judiciaires depuis qu'elle a quitté la présidence, Mme Kirchner peut être inculpée, voire jugée, mais son immunité parlementaire de sénatrice la met à l’abri d'une arrestation.

"Cristina n'est pas corrompue", a plaidé son avocat Gregario Dalbon.

À lire aussi

Sélectionné pour vous