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Charles le Téméraire, Bourguignon ambitieux ouvrant la voie aux Habsbourg

Charles de Bourgogne, surnommé "le Téméraire" (1433-1477), imbu de pouvoir mais avec beaucoup d'allure, a ouvert la voie au XVe siècle à la dynastie autrichienne des Habsbourg, comme le démontre une exposition ouverte lundi soir au Kunsthistorisches Museum (KHM) de Vienne.

Intitulée "Charles le Téméraire: splendeur et décadence du dernier duc de Bourgogne", l'exposition plonge le visiteur dans l'opulence de cette période du Moyen-Age, sous les hauts plafonds décorés du prestigieux musée au coeur de la vieille ville de la capitale autrichienne.

Dans huit salles sont exposées des statues, dont l'une en or, des portraits sévères, des tapisseries imposantes et des manuscrits impressionnants relatant la vie du fils de la Princesse Isabelle du Portugal et de Philippe III "le Bon".

Montée en collaboration avec le Historisches Museum de Berne et le Groeningemuseum de Bruges et avec des contributions d'une dizaine d'autres collections, cette exposition est présentée dans la capitale historique des Habsbourg jusqu'au 10 janvier 2010.

Charles "le Téméraire" a "posé la première pierre de l'empire des Habsbourg", souligne la directrice du KHM, Sabine Haag, lors d'une visite ouverte à la presse.

Les conservateurs de l'exposition y voient bien plus qu'une rétrospective d'une période du Moyen-Age car, pour eux, il s'agissait plutôt de dresser le portrait d'un homme excessif: "Il était cruel, mais également pieux", selon le conservateur Franz Kirchweger. L'unique fils de Philippe le Bon ayant survécu -- ses frères sont décédés en bas âge -- était fasciné par les orages et les tempêtes et rêvait la nuit de braver les éléments en haute mer, comme on peut l'apercevoir en arrière-fond d'un portrait signé Peter Paul Rubens.

L'un des dirigeants les plus puissants de son époque, Charles "le Téméraire" régnait sur un empire incluant une bonne partie de la France actuelle ainsi que la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.

Doté d'un fort esprit chevaleresque, Charles avait pris pour devise "Je l'ay emprins" ("J'ai osé le faire"), qui lui valut son sobriquet de "Téméraire".

Pourtant, ses contemporains l'ont aussi décrit comme étant superficiel, obstiné et assoiffé de pouvoir, cherchant constamment la querelle avec ses voisins.

Pour tenter de s'approprier la couronne du Saint Empire romain germanique, Charles avait même offert sa fille Marie en mariage. Mais, finalement, elle devait épouser le fils de l'empereur Frédéric III, Maximilien Ier, de la dynastie des Habsbourg. L'expansion à l'ouest de leur empire devait ainsi se poursuivre pacifiquement.

Le souverain bourguignon, mort au combat à Nancy à l'âge de 44 ans seulement, n'a même pas assisté à la noce qui a été l'une des plus luxueuses de l'époque.

Et sa fin a été triste, comme le montre le tableau de la scène de l'identification de son corps, déchiqueté par des loups sur le champ de bataille, par un domestique comme étant bien celui du dernier des ducs de Bourgogne grâce notamment à son deuxième orteil démesurément long.

Les trésors de son règne, récupérés par les Suisses lorsque leurs troupes ont vaincu celles de Bourgogne dans les batailles de Grandson et Morat en 1476, sont exposés pour la première fois en plus de 500 ans en dehors de la Suisse.

Parmi les pièces présentées au KHM, on trouve la seule statuette en or existant encore de Charles "le Téméraire", ainsi que les textes des traités et alliances, dans un état parfait de conservation, qui lui avaient permis d'étendre son empire.

Outre des tapisseries fines, de l'argenterie, des armures ou des tissus délicats et des manuscrits magnifiquement illustrés, le visiteur peut aussi voyager à travers le temps en remontant les arbres généalogiques des puissants de l'époque.

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