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La Commission baleinière s'échoue sur les plages d'Agadir

La Commission baleinière internationale (CBI), qui visait un assouplissement du moratoire sur la chasse à condition d'en assurer l'entier contrôle, a dû constater un nouvel échec mercredi à Agadir.

En une matinée, son projet d'accord a été plié et la Commission a décidé de se donner "une année de réflexion", comme l'a résumé son vice-président Anthony Liverpool, promettant "de nouvelles idées" d'ici vendredi et la clôture de la session.

"Ce n'est pas la fin du monde, si nous n'avons pas d'accord ici. Mais il est temps de refermer la porte sur ce document", avait jugé le ministre australien de l'Environnement Peter Garrett.

Pour les pays attachés au moratoire en vigueur depuis 1986, les concessions des chasseurs sont insuffisantes, en particulier celles du Japon qui refuse d'abandonner la traque des baleines dans l'Antarctique, au coeur du sanctuaire baleinier adopté par la CBI en 1994, sur des quotas qu'il s'auto-attribue.

Quant aux chasseurs (Islande, Norvège, Japon), ils dénoncent l'intransigeance des nations qui prétendraient leur faire cesser cette activité.

"Certains membres ne veulent pas de chasse du tout, sauf la chasse aborigène: cette position signifie une impasse" a prévenu en séance la ministre adjointe de l'Agriculture et des pêches du Japon, Yasue Funayama.

Plus de 1.500 baleines ont été officiellement chassées l'an passé (plus de 1.000 par la flotte nippone) sans compter les quotas attribués par la CBI aux communautés autochtones comme en Alaska ou au Groenland.

Mais la réalité est plus nuancée, insiste le commissaire de Monaco, Frédéric Briand: "Il n'y a pas deux camps qui s'affrontent. Parmi les chasseurs, la préoccupation majeure c'est le Japon en raison de la dimension géographique de sa chasse qui constitue une menace pour le reste du monde", juge-t-il. "Or le compromis de la CBI, rédigé par une poignée de pays, n'en tient pas compte".

Pour Monaco, la ligne rouge ce n'est pas la fin de la chasse baleinière mais la chasse dans les eaux internationales, précise son représentant.

"La Norvège a montré qu'il était possible de conduire une chasse limitée, non seulement en termes de chiffres mais aussi de zone de chasse. Il faut redessiner la géographie de la baleine", a-t-il plaidé mercredi. Et considérer l'état des stocks espèce par espèce, par région et par sous-région.

Le Japon a fait valoir ses concessions: division par deux de ses quotas de chasse dans l'océan austral, aucune délivrance de nouveaux permis et supervision internationale de ses activités, y compris à bord de ses bateaux.

"Mais exiger la fin de la chasse dans l'océan austral, c'est irréaliste", tranche le porte-parole (néo-zélandais) de la délégation, Glenn Inwood.

Légèrement à contre-pied, le maire de la ville baleinière de Taiji - théâtre du documentaire oscarisé "The Cove" sur le massacre des dauphins -, présent à Agadir, a "salué le fait que des propositions émergent en faveur de la pêche côtière".

Taiji et trois autres communautés du littoral japonais demandent à reprendre leur chasse traditionnelle, interdite par le moratoire.

Au-delà de la baleine, le Japon et l'Islande, deux pays insulaires, défendent une culture et surtout le droit d'exploiter leurs ressources marines: "Si nous lâchons sur la baleine, ça va devenir très difficile quand on parlera de (la gestion) des pêcheries", a confié à l'AFP le commissaire islandais Tomas Heidar. A la différence que l'Islande ne chasse que dans ses eaux.

La CBI poursuit ses travaux jusqu'à vendredi, avec un handicap relevé par le commissaire néo-zélandais, Geoffrey Palmer: "Est-elle un organisme de conservation des baleines ou un traité de chasse?" a-t-il demandé.

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