Aire de Venoy près d'Auxerre. Km 166 sur l'A6, dite autoroute "du soleil": à quelques jours des vacances de l'été 1969, ouvrait le 1er restaurant d'autoroute, un Jacques-Borel, du nom de son concepteur.
"Ca a été immédiatement un succès", s'enorgueillit encore Jacques Borel, 82 ans, dont le nom reste associé à la malbouffe, pour avoir importé le hamburger et développé une vision industrialisée de la restauration.
A l'époque, l'autoroute Paris-Lyon-Marseille n'était pas achevée. Elle fût inaugurée "le 29 octobre 1970, à midi trente par le président Pompidou à l'aire de repos de Savigny-les-Beaune, au km 296", précise M. Borel, soucieux d'exactitude.
Quelques aires étaient équipées d'une station service, la plupart n'offraient que des toilettes.
La problématique était simple : "comment restaurer des centaines d'automobilistes, qui s'arrêtent en même temps et veulent manger en 35 minutes tout compris", résume-t-il.
Avec d'autres questions sous-jacentes : "comment rentabiliser un restaurant qui n'est accessible que d'un seul côté de l'autoroute", qui peut accueillir "200 clients un jour et 4.000 le lendemain", et qui est "loin de tout centre d'approvisionnement", s'interroge alors M. Borel. Il "importe d'Italie les ponts-restaurants", "embauche et forme rapidement les filles des fermes alentour pour les jours de pointe", et revoit tous les modes d'approvisionnements.
"Dans une ville comme Auxerre vous ne pouviez pas alors fournir 2.000 croissants frais par jour !", détaille-t-il.
Le self-service a permis de passer "jusqu'à 10 clients à la minute, soit 6.000 clients par jour, là où un restaurant avec service à table est limité à 400 couverts", explique encore ce chef d'entreprise.
Au menu, 18 plats, dont des spécialités régionales comme les oeufs meurettes ou la tourte aux champignons. Rapidement, il apparaît que "six plats représentent 96% des ventes". "Que croyez-vous qu'il advint aux 12 autres ?", interroge-t-il.
Sont restés à la carte : steak-frites, poulet grillé, salade niçoise et même jambon braisé à l'os sauce madère.
A la même époque, il a fallu travailler sur la propreté des toilettes parce qu'"il est plus facile de nourrir 14.000 personnes (le record établi par un Jacques-Borel est, selon lui, de 14.238 clients en 24 heures, NDLR) que de maintenir propres les toilettes de 14.000 personnes".
