Accueil Actu

La FGTB menace de bloquer GSK qui commence à produire un vaccin anti-Covid: Di Rupo intervient comme médiateur

Alors que l'un des leaders mondiaux des vaccins commence à produire CureVac, un nouveau vaccin contre Covid-19, sur son gigantesque site de Wavre, le syndicat FGTB a menacé de bloquer l'usine suite à des tensions sociales. Une situation jugée problématique en pleine course à la vaccination qui a poussé le gouvernement wallon lui-même à intervenir.

Cette semaine, le géant pharmaceutique GSK commence la production d’un nouveau vaccin contre le Covid-19 élaboré par CureVac, une entreprise de biotechnologie allemande. "On vient d’entamer la production sur notre site à Wavre. Nous recevons les lots en vrac et nous nous chargeons de la formulation et du remplissage avant de les renvoyer chez CureVac. Nous nous sommes engagés à produire 100 millions de doses première génération pour cette année", explique Elisabeth Van Damme, porte-parole de GSK.

Des projets de délocalisation pour certains vaccins

Mais ce lancement de production risque toutefois d’être miné par un conflit social qui règne au sein de l’entreprise. Depuis une dizaine de jours, le syndicat socialiste FGTB dénonce les décisions prises par la direction.

"Quasiment un an après avoir dévoilé un plan social qui a impacté 720 personnes, GSK annonce sans aucune vergogne la délocalisation envisagée de la production du vaccin de l’hépatite B à Singapour", dénonce Ludovic Calonne, délégué Setca (aile de la FGTB pour les employés). "La partie animalerie va aussi sans doute partir en Italie, où GSK possède un nouveau bâtiment. Sans parler de la délocalisation de la production du vaccin contre la malaria en Inde. En gros, cela ne fait que commencer. Il y a déjà 5 vaccins qui ont quitté la Belgique", regrette le délégué syndical qui estime que l’emploi est "clairement menacé".

Notre site à Wavre est le plus grand site de production de vaccins au monde

Près d'un milliard d'investissements pour les sites de Wavre et Rixensart

Des inquiétudes qui sont non-fondées selon la direction d'une entreprise qui n'est ni plus ni moins que l'un des plus gros employeurs privés de Wallonie avec près de 9000 travailleurs. Hier, GSK a rappelé que 600 millions d'euros ont été investis, rien que pour les deux dernières années, sur ses deux sites de Rixensart et Wavre dans le Brabant wallon. Et 330 autres millions vont venir s'y ajouter prochainement : "Ces investissements importants devraient rassurer. La Belgique reste importante. C’est un signal fort. Le fait de vouloir moderniser nos infrastructures permet d’augmenter la capacité de nos productions afin de pérenniser l’emploi en Belgique."

Concernant une délocalisation de la production du vaccin contre la malaria, "nous avons lancé une étude de faisabilité pour réaliser ce transfert au plus tôt en 2025", assure la porte-parole de GSK qui précise que la délocalisation du vaccin contre la malaria en Inde a déjà fait l’objet de discussion. "Ce n’est pas neuf. Nous avons déjà dit qu’il s’agit d’un vaccin qui n’est pas voué à rester dans notre portefeuille. Nous avons consacré pas mal de temps à son développement, mais ce n’est pas tenable de garder sa production sur le long terme. Nous avons donc cherché un partenaire que nous avons trouvé. Une partie de la production sera donc réalisée en Inde et une autre partie restera en Belgique", explique-t-elle. Pour l’animalerie, l’entreprise a en effet décidé de garder la partie recherche et développement sur son site à Rixensart et de transférer la partie contrôle de qualité en Italie. "Nous sommes une grande société qui évolue. Notre site à Wavre est le plus grand site de production de vaccins au monde. On doit renouveler nos activités. On fait le choix de se séparer de certains vaccins, mais on en intègre aussi des nouveaux. C’est en évolution constante", assure Elisabeth Van Damme.

Il n’y a pas de moment approprié

Mais le quasi milliard d'euros d'investissements ne satisfait pas la FGTB : "C’est juste un écran de fumée. Ils vont investir des millions pour rénover les bâtiments. Il va donc y avoir de nouveaux laboratoires. Mais au niveau de l’emploi, c’est quasiment nul. Investir c’est bien, mais qu’en est-il de l’emploi ? Nous espérons maintenir au moins les 9.000 emplois actuels. Nous n’avons aucune garantie", regrette Ludovic Calonne, délégué Setca.

Bloquer complètement les sites et leurs 9000 travailleurs pendant 24 heures

La semaine dernière, des tracts ont été distribués par la FGTB (qui dispose d'un quasi monopole syndical chez GSK) pour évoquer leur intention de bloquer les sites pendant 24h un jour de cette semaine, sans préciser lequel. Cette action pourrait avoir un impact sur le lancement de la production du vaccin contre le Covid-19. Dès lors, est-ce le bon moment, sachant la course engagée par la Belgique et les autres pays du monde pour vacciner au plus vite une fraction suffisante de la population pour mettre fin à l'épidémie ?

"Il n’y a pas de moment approprié", répond le délégué Setca. "On défend les droits des travailleurs, on prend nos responsabilités. Certains sont d’accord avec nous et d’autres peut-être pas. En tout cas, on assume nos choix. Et s’il le faut, nous mènerons nos actions. Nous n’avons pas peur", ajoute Ludovic Calonne. Il explique que leur ras-le-bol est alimenté depuis de nombreux mois : "Trop, c’est trop. La direction ne s’est pas gênée à évoquer des délocalisations alors qu’on sort à peine de l’application du plan social et que nous sommes en pleine crise."

Refus de dialoguer ?

De son côté, la direction déplore l’attitude de la FGTB qui a rompu tout dialogue social : "La FGTB refuse de participer aux réunions de concertation sociale prévues en interne. Il s’agit pourtant des organes dédiés à ce genre de discussions, mais les représentants syndicaux ne veulent pas venir alors que la direction est ouverte au dialogue. Nous avons des difficultés à comprendre car pour nous ce ne sont pas des nouvelles négatives. Nous ne parlons pas de perte d’emplois mais de tout faire pour maintenir l’emploi", assure Elisabeth Van Damme. "Pour nous, ce type de discussions doivent être débattues en délégation syndicale en présence des délégués cadres. Ils doivent être présents autour de la table", rétorque Ludovic Calonne.

Le gouvernement wallon intervient en tant que médiateur

Pour tenter de trouver une solution et éviter un mouvement de grève, le gouvernement wallon est lui-même intervenu. Le ministre-président Elio Di Rupo a rencontré ce lundi matin la FGTB-Setca. "Monsieur Di Rupo a écouté l’exposé de la situation comme il a eu des informations émanant du management", confirme son porte-parole.

"Elio Di Rupo nous a demandé de lui accorder un délai afin de jouer le rôle de médiateur. On va donc lui laisser du temps pour tenter de trouver un terrain d’entente et se remettre autour de la table. On va donc revoir notre agenda. Nous avons déposé un préavis de grève et nous mènerons nos actions s’il n’y a pas d’avancées. Si nous rencontrons la direction juste pour dire "bonjour", cela ne servira à rien évidemment", réagit le délégué Setca.

Les prochains jours risquent donc d’être cruciaux pour espérer une sortie positive dans ce dossier. En tout cas, les actions prévues sont donc suspendues pour le moment.

À lire aussi

Sélectionné pour vous