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Montée de l'extrême droite: "Les médias alimentent une sorte de populisme, de démagogie, de discours faciles et légers"

Le Ministre d'Etat et ancien ministre des Affaires étrangères Louis Michel (MR) était l'invité politique de la rédaction de Bel RTL ce matin. Il répondait aux questions de Fabrice Grosfilley.


Fabrice Grosfilley: Louis Michel, l'extrême droite qui s'installe en Suède et en Italie. Cela doit vous inquiéter?

Louis Michel: Evidemment, cela m'inquiète chaque fois que l'extrême droite s'installe quelque part en Europe. C'est totalement en contradiction avec les ADN de l'Europe. Et quand je vois, par exemple, les discours de la personne qui va diriger l'Italie maintenant, c'est archi conservateur, c'est réactionnaire. Ce n'est pas un projet intégrateur.

Fabrice Grosfilley: C'est le choix des Italiens...

Louis Michel: Oui, c'est le choix des Italiens. Donc, il faut nécessairement qu'il s'impose à nous, donc il faut peut-être aussi qu'on s'interroge globalement et pas seulement sur les acteurs politiques mais aussi sur les acteurs médiatiques. Les acteurs médiatiques et les leaders d'opinion doivent aussi s'interroger un tout petit peu sur la responsabilité qu'ils portent.

Fabrice Grosfilley: Que voulez-vous dire?

Louis Michel: Je veux dire que les médias, pesammant alimentent une sorte de populisme, de démagogie, de discours faciles et légers, participent aussi quelque part à la démolition, au dézingage, pas encore systématique mais on n'en est pas loin de tout ce que le politique fait. Si vous prenez par exemple, les questions européennes, vous avez une sorte de scepticisme véhiculé par les médias. C'est jamais assez bien. C'est jamais assez bon. Mais quand on voit, par exemple, la réponse européenne par rapport au problème du Covid ou par rapport aux problèmes actuels de la guerre en Ukraine, on se rend compte quand même que l'Europe avance et c'est un peu ça la question qu'il faut se poser. Si l'Europe n'était pas là, comment un pays comme la Belgique ferait face à des défis pareils. Ils ne pourraient pas faire face à des défis pareils. On serait dans un chaos généralisé.

Fabrice Grosfilley: Votre critique pour les médias. Elle est pour l'Italie ou pour la Belgique aussi?

Louis Michel: Elle est pour tous les pays européens. Nous avons l'extraordinaire avantage d'être dans des démocraties, mais le problème c'est que la démocratie n'exclut pas la nécessité d'une certaine forme de rigueur, notamment au niveau de l'information, parce que l'information c'est une variante positive de la formation des citoyens. Les citoyens ont le droit d'avoir accès à une information nuancée, articulée, recherchée qui se fonde sur des réalités. On est trop souvent dans l'émotionnel. Maintenant on se forge une opinion qui est souvent une humeur à partir de l'émotionnel et ça c'est vraiment très grave.

Fabrice Grosfilley: Le politique a aussi déçu un certain nombre de citoyens en Italie, en Belgique et ailleurs.

Louis Michel: Je conviens que le politique a une part de responsabilité immense. Notamment dans le fait que quand un politique se retrouve devant un journaliste, il modèle, il façonne son discours pour ne pas choquer (...) Donc, je veux dire qu'à un moment donné ce dont le citoyen a besoin, c'est d'un discours sincère, d'un discours vrai, d'indignation véritable, mais pas de tout le temps flatter les gens en fonction de ce qu'ils veulent entendre. 

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