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Pour Thierry, la solution au chômage est la semaine à 32 heures: Charles Michel n'y croit pas et donne deux raisons

À l'initiative de Bel RTL, le Premier ministre a reçu ce mercredi matin dans son bureau du Lambermont plusieurs citoyens. Ceux-ci ont eu l'occasion de lui adresser des questions ou lui faire des propositions. C'est le cas de Thierry. Pour ce Liégeois de 51 ans, la solution au chômage réside dans la réduction du temps de travail et le passage à la semaine de 32 heures. Charles Michel n'est pas de son avis. Il s'en est expliqué.


Thierry: Moi, je vous propose une solution avec moins de chômeurs, plus de pouvoir d'achat et moins de taxes pour les entreprises. Êtes-vous prêt à m'écouter?

Charles Michel: Très intéressé, je vous écoute.

Thierry: Vous parlez de 45 heures/semaine pour avoir plus de flexibilité. Moi, je voudrais vous proposer 32 heures/semaine. Pourquoi? Parce qu'on a 400.000 chômeurs indemnisés et ça permettrait justement de recréer de l'emploi. Avec la semaine des 45 heures, je ne vois pas comment vous allez recréer de l'emploi. Au contraire, vous allez pousser les ouvriers à devoir être plus flexibles mais ils vont perdre de l'argent parce que forcément, ils n'auront plus d'heures supplémentaires, ils n'auront plus de facilité à négocier leur travail, leur position, etc. Aujourd'hui, je pense que l'important pour les citoyens, c'est le pouvoir d'achat, le pouvoir travailler et avoir une meilleure vie.

Charles Michel: Je ne partage pas votre point de vue. Je répondrai en deux points.

Premier point. Contrairement à ce que vous dites, on ne va pas passer à la semaine de 45 heures.

On va rester à la semaine de 38 heures mais celle-ci pourra être calculée sur base annuelle.
Le gouvernement précédent avait déjà programmé cette réforme mais il n'a pas réussi à la mettre en oeuvre. Pourquoi est-ce intéressant à la fois pour les entreprises et les travailleurs?

Pour les travailleurs, cela peut permettre de prendre en compte l'équilibre vie personnelle/vie professionnelle. À certains moments de l'année, on doit pouvoir ou vouloir travailler un peu plus. À d'autres moments, travailler un peu moins.

Et puis il y a des entreprises qui à certains moments de l'année, ont besoin de produire un peu plus et d'autres moments un peu moins. Quelqu'un qui vend des tondeuses va en vendre plus pendant l'été que pendant l'hiver, par exemple.

Je voudrais corriger ce faux message: on ne passe pas à la semaine des 45 heures.

Olivier Schoonjans (journaliste): Cela veut dire que, dans ce cas-ci, le temps de travail par semaine peut augmenter quand le patron le décide. Vous dites que ça peut aider l'employé aussi, mais il n'est pas maître de son agenda.

Charles Michel: Je vais être clair. Il y a vraiment des désinformations qui ont été communiquées. Certains ont dit que dorénavant l'employeur pourra, sans préavis, forcer le travailleur, dès le lendemain matin... Ce n'est pas vrai. Il y a d'ailleurs en ce moment une concertation qui a démarré entre le ministre Peeters, les syndicats et les employeurs. Précisément pour voir comment on peut activer les modalités de manière équilibrée, en respectant les droits fondamentaux des travailleurs mais en prenant aussi en compte la nécessité des entreprises belges d'être compétitives et donc de créer davantage d'emplois.

Deuxième point. L'idée qu'on devrait travailler moins et que, si on travaille moins, il y aura plus de travail pour tout le monde, c'est ça votre raisonnement. Je ne suis pas d'accord avec cela.

Tous les exemple où on a tenté d'aller dans cette direction-là ont été des échecs.
La France a voulu réduire le temps de travail, la France est l'un des pays d'Europe où il y a plus de difficulté sur le plan économique.

Pardon de donner ce langage de vérité. Ce n'est pas juste de penser qu'en travaillant moins on va gagner plus. Ce n'est pas juste de penser qu'en travaillant moins, alors que nous vivons de plus en plus âgé, et donc il faut payer plus cher les pensions et les soins de santé, qu'en réduisant l'activité et en partageant différemment l'emploi, on pourrait s'en sortir. Chaque année, les pensions coûtent 1 milliard en plus par rapport à l'année précédente. Ce qu'il faut, c'est augmenter le gâteau, c'est faire grandir la tarte, c'est doper l'activité, par de la valeur ajoutée, par l'innovation, par la formation, c'est comme ça qu'on va pouvoir s'en sortir.

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