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Comment passer l’éponge après une dispute? Voici les conseils d'un psychologue et thérapeute de couple

Comment passer l'éponge après une dispute ? Que ce soit au sein de son couple, en famille ou avec des amis… Comment arriver à dépasser une dispute et retrouver à nouveau la sérénité ? Le psychologue et thérapeute de couple Jean Van Hemelrijck nous ivre quelques éléments de réponse.

Comment parvenir à passer au-dessus d'une dispute dans son couple, en famille ou avec des amis? Pour nous guider, le psychologue et thérapeute de couple Jean Van Hemelrijck était l'invité du RTL Bienvenue. Il répond à nos questions. Mais d'abord, est-ce normal de se disputer ou est-ce quelque chose qu’il faut réprimer absolument ?

Surtout pas réprimer, c'est fondamental de se disputer. Vivre en groupe, en couple, en relation… C'est une chose impossible. Comment être toujours d'accord avec l'autre ? Comment toujours s'accorder – sur quelques points que ce soit d'ailleurs – avec l'autre ? C'est impossible donc la dispute est un régulateur de distance, tout à fait nécessaire à l'économie relationnelle. Même si ce n’est pas gai. C’est donc normal de se disputer, et c'est même plutôt l’inverse qui n’est pas normal... On n’est pas en train de se frapper dessus ou s’injurier, non. On est en train de mettre au point le processus relationnel. La distance entre vous et moi est chose délicate trouver. Suis-je trop près ? Suis-je trop loin ? Est-ce que je partage les mêmes idées que vous ? Ce n'est pas chose évidente, donc à certains moments, on se cogne parce que vous et moi, nous n'avons pas la même conception du monde, les mêmes intérêts, les mêmes désirs au même moment… Donc, il y a des désaccords et la dispute est un processus qui amorce la relation. On est bien d'accord sans violence, sans injure, sans humiliation… Vraiment un désaccord et on se dispute, on crie, on va dans ses émotions, on fait du bruit et après on n’est pas bien pendant un moment mais ça réinvente la relation. La relation est un processus d'évolution. Ce n’est pas quelque chose de stable. Il n’y a rien de plus horrible qu'une relation qui ne bouge pas. Ce que vous êtes aujourd'hui ne sera pas ce que vous êtes dans 10 ans et ce que vous étiez il y a 10 ans. Vous êtes un personnage en évolution, en changement, ce qui vous plaisez avant vous plaît moins maintenant, vous avez des enfants, vos parents vieillissent, votre travail évolue… Tout votre contexte de vie change constamment et en vertu de ça, le personnage que vous êtes doit se réinventer. Et la dispute participe à cela. Ce sont des mécanismes, parmi d'autres, qui consistent à réinventer sa vie, à la réorganiser.

Mais souvent, la dispute laisse des traces. Alors comment éviter cela ? Comment sortir d'une dispute ?

Mais en quoi les traces sont mauvaises ? Les traces, c’est une manière d'avoir mémoire, de se souvenir, de faire progresser… Je comprends que dans la dispute, il y a des choses que l’on dit qui dépasse notre intention.

Faut-il commencer par des excuses ? Est-ce qu’après une dispute, il y en a un des deux qui doit forcément s’excuser ?

Pas forcément et en même temps, il faut quand même bien amorcer le lien. Une fois qu'on s’est disputé, on se met dans la distance et on doit réinventer une manière d'aller vers l'autre. L'excuse fait partie des outils, mais il y en a d'autres.

Certains ont besoin d'avoir un peu plus de temps pour digérer la dispute, d’autres ont besoin d’en parler… Comment s’accorder alors ?

Souvent dans les disputes, on réinvite la précédente. Il y a des choses qui ne s'oublie pas, des choses qui reviennent… Donc, ce qui est important ce n’est pas tellement les excuses, c'est de profiter de ce qui est dit, pouvoir s'inspirer de ce qui est dit dans ces moments où, peut-être, on ouvre une boîte que l’on ouvre rarement et dans laquelle des mots viennent. Ces mots sont souvent disqualifiés parce qu'on les pense sous l'emprise de l'emportement mais en réalité, à ce moment-là, il y a des choses importantes qui se disent parce qu’au fond ce que je dis à l'autre à ce moment-là, c’est peut-être une chose que je n'aurais pas osé lui dire dans d'autres contextes et qui vaut la peine d'être entendus. Bien sûr, qu'il y a des blessures, des griffes… Mais on ne parle pas de coups, on parle de petits bleus à l’âme qu’il faut de temps en temps réparer. C'est vrai qu’après ça, après avoir dit des choses durant la dispute, il faut pouvoir réhabiliter ce qu’on a dit par des mots d’excuses, des mots d’amour, des mots de tendresse, des mots d’amitié… Les excuses sont une manière de dire à l’autre que ce n’était pas l’intention de lui faire du mal, de le blesser, de l’humilier, de le rabaisser…

Parfois, quand on reparle on relance la dispute… C’est normal ?  

Oui, il y en a certaines qui tournent en rond pendant un certain temps. Si on regarde dans son couple, il y a des disputes qui ne se règlent jamais. Elles sont là comme des sortes de rituels de retrouvailles. C’est le signe d’un couple qui va bien. Ce sont des rituels, des procédures relationnelles bien établies. Dans chaque couple, il y a des zones qui ne sont pas gérables. On n'est jamais totalement d'accord avec l'autre. Il y a des parts de soi qu'on ne livrera jamais à l'autre, il y a des parts de soi dont on a honte, dont on est gêné, dont on est encombré… A certains moments l'autre le voit et la dispute est une manière de le camoufler. Donc un couple qui se dispute, c'est un couple qui est d'accord de penser que sa relation est complexe et qu'il faut la mettre au travail. Il n’y a rien de pire qu'un couple qui croit qu'il a établi une sorte de procédure absolue où rien ne se passera parce qu'un beau jour, ce couple va se casser.

En famille, on peut aussi facilement se disputer parce que quand on est dans une famille qui fonctionne bien, on peut se permettre de se disputer. C'est plus compliqué dans une relation amicale, car on risque de perdre un ami…

Si la relation est amicale, elle ne se détruira pas par la dispute. Naturellement, il faut encore voir de quoi il s'agit, bien sûr. Mais une relation amicale offre suffisamment de sécurité relationnelle que pour permettre la dispute. Si la dispute la détruit, on n'était pas sur une relation amicale mais sur une relation fragile.

Certains sont plus rancunier que d'autres. Comment travaille-t-on ce sentiment de rancune, de ressasser, d'en vouloir à l’autre ?

En allant chercher l'autre, en ne le laissant pas dormir avec sa rancune, en ne l’évitant pas, en la mettant sur la table… C’est l’autre qui doit aller chercher la personne rancunière.

Mais comment la personne rancunière peut-elle travailler ?

Le rancunier, c'est quelqu'un qui qui n'arrive pas à digérer et ça veut dire que la rancune n'est pas absolue. Elle touche à certains sujets, on a tous une histoire, un passé, de temps en temps il se passe dans notre présent des choses qui rappellent ce qui s'est passé hier et qui nous a blessé. Souvent, la rancune n'est jamais que le rappel d'une blessure ancienne qui n'est pas guérie.

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