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Le néerlandais obligatoire dès la 3e primaire en Wallonie? "Il y a une pénurie de professeurs", "Il faut donner la priorité à l'allemand"

Le néerlandais ne fait pas rêver en Wallonie. Si en 2009-2010 la moitié des élèves qui rentraient en secondaire le choisissaient en seconde langue, aujourd’hui, ils ne sont plus qu’un tiers. Certaines écoles ne l’enseignent d’ailleurs plus, au profit de l’anglais.

Pour sauver la langue du nord, la Ministre de l’Enseignement, Caroline Désir, souhaiterait rendre son apprentissage obligatoire dès la 3e primaire.  

A Bertrix (dans la province de Luxembourg), et pas uniquement dans cette commune, les écoles communales ont décidé d'enseigner l'anglais et non le néerlandais. "On n'est pas anti néerlandais. On a simplement voulu voir le côté pratique en mettant les élèves dans de bonnes conditions dans le secondaire. A Bertrix, les deux écoles secondaires ne permettent pas l'apprentissage du néerlandais en première et deuxième secondaire. On avait l'impression que c'était du temps perdu d'apprendre le néerlandais en 5e et 6e primaires pour avoir ensuite un trou de deux ans sans pouvoir continuer l'apprentissage. A Bertrix, on apprend l'anglais depuis la 3e maternelle, donc on va même plus loin que ce que la ministre Désir souhaite", explique Mathieu Rossignol, le bourgmestre de Bertrix. 

Si le projet d'obliger l'apprentissage du néerlandais dès la 3e primaire prend forme, les écoles de la commune devront recruter des professeurs. "Il y a une pénurie de professeurs, c'est très clair. On le voit dans des remplacements, et un professeur de néerlandais est plus difficilement remplaçable. Mais on veut vraiment s'inscrire dans la démarche de la ministre. Je me réjouis car ça fait 40 ans qu'on attend que les ministres prennent des décisions pour que l'apprentissage des langues soit une priorité pour nos jeunes wallons", ajoute Mathieu Rossignol.

Céline, professeur de néerlandais dans une école de Court-Saint-Etienne, estime qu'il sera difficile de trouver des professeurs de néerlandais. "Trouver des traducteurs pour remplacer des professeurs, comme j'ai pu l'entendre, est-ce bien? Un traducteur n'est pas un professeur. Je sais qu'il n'y a parfois pas le choix..." 

Par rapport à cette pénurie, Stéphanie Cortisse, députée à la Fédération Wallonie-Bruxelles (MR), ajoute qu'avec le tronc commun, dès l'année prochaine, la première langue obligatoire (cela peut-être par exemple le néerlandais ou l'anglais) sera enseignée en 3e primaire au lieu de la 5e primaire. "Il y a déjà environ 400 équivalents temps plein à trouver pour l'année prochaine. Le gouvernement penche déjà sur des mesures, comme l'activation d'enseignants de seconde carrière, en valorisant une ancienneté de maximum 5 ans. On n'a pas assez d'enseignants et la pénurie est déjà là", précise-t-elle.

Pour Sébastian, apprendre le néerlandais "n'est pas une perte de temps". "C'était obligatoire pour moi quand j'étais à l'école. Mais il faudrait plus donner la priorité à l'allemand car nous vivons proches du Grand-Duché du Luxembourg et qu'au niveau des opportunités d'emploi, l'anglais et l'allemand sont nettement plus utilisés. Le néerlandais, je ne l'utilise pas du tout dans ma profession. Si il faut imposer quelque chose, il faudrait laisser le choix en fonction de la situation géographique. Il faudrait plus imposer l'allemand dans l'école d'Arlon, par exemple, car on est destiné à aller travailler du côté germanophone."

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