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Déconfinement - LA PHASE 2 - les tatoueurs peuvent reprendre lundi: "On a eu pas mal de demandes de tatouages liées au coronavirus"

Le coronavirus en Belgique continue d’affecter de manière forte la vie sociale et économique du pays. Concernant les métiers dits de contact comme les tatoueurs, les incertitudes ont été levées, ils peuvent redémarrer leurs activités le 18 mai, sous de strictes conditions, et ils pourront travailler uniquement sur rendez-vous.

Le Conseil national de sécurité a tranché ce mercredi : en tant que métier de contact, au même titre que les coiffeurs et les professions liées à l’esthétique, les tatoueurs peuvent reprendre, sous de strictes conditions, dès le lundi 18 mai.

Nous avons recueilli le témoignage de l’un de ces passionnés : François (nom d’emprunt) est tatoueur dans un collectif de la région de Charleroi. Le trentenaire a débuté dans le tatouage de manière professionnelle, il y a 5 ans. "Je me suis fait tatouer à 18 ans et j’ai directement accroché au niveau artistique", confie-t-il.

"Je dessinais déjà mais j’ai appris sur le tas, notamment en regardant d’autres faire… Le métier est assez fermé. Il faut faire des recherches, il y a beaucoup de débrouille et je me suis pas mal entraîné sur peaux synthétiques". La seule formation obligatoire et officielle est celle liée à l'hygiène.

"On a peur que cela ne reprenne pas comme avant"

Ce qu’il aime dans le tatouage ? L’aspect créatif, on ne dessine jamais trois fois la même chose. Le partage avec le client et le côté psychologique qui peut accompagner un tatouage. "Cela peut libérer pas mal d’émotions", avance-t-il.

Après avoir travaillé comme ouvrier et employé dans d’autres domaines, il ouvre son premier salon en 2015. A l’heure actuelle, ils sont plusieurs tatoueurs à travailler dans le même lieu et avant la crise, cela se passait bien, leurs agendas étaient remplis. Aujourd’hui, ils sont dans le flou et ils appréhendent un peu le retour.

François est marié et père de trois enfants. Son manque à gagner pour l’instant est énorme. Il bénéficie du droit passerelle et en théorie, il a droit à la prime de 5.000 euros pour les petites entreprises touchées par la crise mais "il manque des documents, c’est compliqué de réunir le dossier".

"Je suis en stress total… je fais vraiment attention, je ne me paie pas de salaire pour garder la société, payer les factures. On a tous peur que cela ne reprenne pas comme avant, et qu’il faille changer de vie à nouveau", affirme François.

En attendant, il avoue qu’il a été pas mal sollicité pour des demandes de tatouages durant le confinement qu’il ne pouvait évidemment pas réaliser : "On a coupé le téléphone, 20 à 25 messages par jour, ce n’était plus possible". "On a eu aussi des demandes spécifiques par des personnes touchées par le coronavirus et guéries ou concernant des proches décédés, mais on refuse de le faire maintenant, on leur dit de revenir plus tard".

"En tant que tatoueur, on a déjà les masques, les gants, les tabliers"

François commence à trouver le temps long, il a hâte de reprendre : "Rester enfermé tout le temps, ce n’est pas gai et c’est le seul métier que j’ai exercé sans avoir les pieds de plomb. Il y a de l’adrénaline. Tatouer, même quand je pars en vacances, cela me manque".

Il se dit prêt à redémarrer son activité au plus vite : "En tant que tatoueur, on est plus préparé que certains médecins. On a déjà des masques, des gants, des manchettes en plastique, des tabliers jetables. Cet aspect-là ne nous fait pas peur". Et il a déjà établi les mesures qu’il allait appliquer lors de la reprise et notamment : plus de possibilité d’être accompagné, port du masque, lavage des mains à l’entrée, prise de température, interdiction de toucher à son téléphone et d’autres précautions aussi par rapport aux machines.

Les séances pour réaliser un tatouage peuvent être très longues : "Entre 20 minutes et 6 heures, mais niveau organisation et précautions à prendre, je préfère une longue intervention plutôt que 10 petites séances".

Même avec la reprise autorisé de son activité dans les prochains jours, il a quelques craintes pour l'avenir : "le plus dur, c’est de ne pas savoir comment cela va se passer. Il faudrait qu’on travaille au moins deux semaines, un mois, avant un éventuel reconfinement". Il conclut en résumant, ce qui est le plus important pour lui : "Même si je gagne moins, je voudrais continuer à faire ma passion".

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