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Tentative d'enlèvement d'un ministre, fusillades et violences répétées: la Belgique peut-elle être considérée comme un narco-état?

Tentative d'enlèvement d'un ministre, fusillades et violences répétées, notamment dans la région d'Anvers... Depuis quelques mois, les actes criminels liés au trafic de stupéfiants se multiplient chez nous. D'où cette question que certains commencent à se poser : la Belgique est-elle en train de devenir un "narco-état" ?

Un narco-état, un état dans lequel l'économie de la drogue déciderait de tout. Que ce soit sur le plan économique, politique ou de la vie de tous les jours, comme c'est déjà le cas dans certaines parties du monde, notamment en Amérique latine.

Après le projet d'enlèvement du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, les tirs, les tentatives d'incendie et les attaques contre des domiciles ou des commerces se multiplient... La Belgique peut-elle être considérée comme un narco-état, autrement dit un état rongé par la corruption ? "On n'est quand même pas dans un narco-état où l'argent du crime organisé et du narco-trafic en particulier décideraient de tout, de qui est élu, de quelles décisions sont prises, de quelle économie fonctionne, de quelle économie ne fonctionne pas... On est, sans dire qu'on n'a pas de problème, quand même très loin de ça", estime Michael Dantinne, criminologue à l'Université de Liège.

Ce lundi, nous nous sommes rendus au Parlement pour une réunion des ministres de l'Intérieur et de la Justice. Au programme : le trafic de drogue qui, durant l'été, a donné lieu à un déchaînement de violence inédit dans le pays. Sujet complexe... La réunion a été annulée. Ni la ministre Annelies Verlinden, ni le bourgmestre d'Anvers Bart De Wever n'a souhaité s'exprimer.

Nous essayons alors d'avoir une réponse de l'avocat général du parquet de Liège : "Nous nous considérons qu'il n'est pas opportun que des magistrats s'expriment publiquement dans les médias sur ce sujet", nous répond Jean-Baptiste Andries.

De son côté, le procureur général de Bruxelles Johan Delmulle s'inquiète de la situation: "C'est un problème national, ce qui se passe à Anvers, ça nous concerne tous. Le danger plane sur nous que la Belgique soit qualifiée de narco-état", a-t-il dit. 

C'est pourquoi plusieurs mesures sont sur la table du gouvernement. Tout d'abord, le renforcement de policiers pour la police judiciaire. La ministre de l'Intérieur promet un renfort de 195 enquêteurs d'ici 2024. Autre objectif annoncé : celui d'un contrôle effectif de 100% des containers dits "à risque" qui passent par la Belgique. En 2021, et-un les douanes annonçait un record de 90 tonnes de cocaïne saisies à Anvers, pour une valeur marchande d'environ 13 milliards d'euros.

Les autorités craignent que ces sommes très importantes encouragent une économie parallèle avec de la corruption d'agents, comme des douaniers ou des policiers et que des entreprises soient utilisées pour blanchir l'argent sale. D'ailleurs, un projet de loi permettra bientôt aux bourgmestres de faire fermer sur leur territoire les commerces jugés douteux. "Je pense que c'est un problème très sérieux sur lequel les services de police, les différents bourgmestres du pays et l'état fédéral se sont regroupés, notamment encore il y a quelques jours pour aborder ce problème de façon très ferme", souligne Philippe Close, bourgmestre de Bruxelles.

En 2021, un montant record de 2.300.000.000 d'euros d'argent sale a été détecté en Belgique par la cellule de traitement des informations financières.

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