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Émeutes à Anderlecht, rassemblement à Courcelles en plein confinement: y a-t-il du relâchement dans l'air ?

Le confinement dure désormais depuis un mois, suite à la pandémie de coronavirus en Belgique. Confinés chez eux, les Belges commenceraient-ils à trouver le temps un peu long ? Certains exemples de débordements semblent le laisser entendre.

Le confinement semble commencer à peser sur le moral de certains Belges. Les mesures de confinement décidées par le gouvernement fédéral en début du mois de mars tiennent désormais depuis un mois. Au départ, selon une étude de l'Université de Gand, 81% des Belges étaient d'accord avec ces mesures et prêts à les suivre. Un mois plus tard, ce pourcentage diminue un peu, puisque 76% des Belges sont encore prêts à suivre les mesures.

Une émeute à Anderlecht

La majorité tient bon, donc, et continue à rester chez elle, et à ne sortir qu'en cas de nécessité. Malgré tout, certaines entorses ont encore lieu. Par exemple, cette émeute hier dans la commune d'Anderlecht, à Bruxelles, pour protester contre la mort d'Adil, un jeune de 19 ans qui fuyait un contrôle de police. Le jeune roulait en scooter dans son quartier, lorsque la police est intervenue. Pour fuir, le jeune homme à continuer à rouler avec son véhicule, puis a percuté une voiture de police. Une situation trop difficile à encaisser pour certains habitants, qui ont déclenché une émeute face à la police. 

Selon le bourgmestre d'Anderlecht, Fabrice Cumps, ce rassemblement qui a dégénéré n'est pas directement lié au confinement. "Mais il est clair qu'avec la nervosité liée au caractère pesant du confinement, et le beau temps qui incite les gens à sortir, ça n'a pas aidé", précise-t-il via conférence vidéo sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche". 

Un rassemblement autorisé à Courcelles

Caroline Taquin, la bourgmestre de la commune de Courcelles, a autorisé un rassemblement dans le cadre de l'enterrement d'un entrepreneur de la région. Caroline Taquin elle-même était présente à cet enterrement et a assuré à nos journalistes que la police maîtrisait la situation. Pourtant, dans le cimetière, plusieurs dizaines de personnes s'étaient rassemblées, au lieu des 15 personnes maximum autorisées. 

La bourgmestre, vivement critiquée pour sa décision, se défend. "Pour clarifier les choses : je suis intervenue", explique la bourgmestre. "J'ai reçu une demande des employés qui voulaient faire une haie d'honneur avec leurs camions devant l'entreprise, et j'ai répondu positivement en me basant sur d'autres hommages rendus dans d'autres communes, notamment à Arlon, Charleroi ou à Anderlecht. Ça fait du bien aux citoyens de voir cette solidarité, mais j'insiste aussi sur le fait que les règles doivent être respectées."

Ces règles ont été données dès le début par la bourgmestre : 15 camions maximum, avec un chauffeur par engin, et des distances de sécurité suffisantes entre chaque personne statique devant son camion. "La police a veillé au bon respect de ces obligations", poursuit la bourgmestre. "Mais la réalité sur le terrain fait que nous avons été confrontés à un imprévu : au lieu des 15 camions prévus, il y en avait environ 180 venus de l'extérieur indépendamment de notre volonté. En plus de cela, des personnes supplémentaires se sont rendues au cimetière."

Sur le terrain, il n'était pas possible de contenir la situation correctement. "A travers la situation à Courcelles, vous avez l'exemple que les mesures ne peuvent pas être maintenues indéfiniment tant elles sont difficiles à faire respecter, que ce soit par les autorités ou par les chefs d'entreprises", ajoute la bourgmestre. "Allez vous promener devant un magasin, vous verrez bien que tout est mis en oeuvre, mais que c'est de plus en plus difficile de garantir à 100% le respect des mesures."

"Nous ne sommes pas au bout du phénomène"

Alors que certains pays européens, comme l'Autriche, envisagent très clairement leur déconfinement dès cette semaine, d'autres pays serrent la vis. En Italie, par exemple, le confinement a été prolongé jusqu'au 3 mai, et la situation devrait être similaire en France.

Chez nous, le confinement risque aussi d'être prolongé jusqu'au début du mois de mai, voire jusqu'à la mi-mai. "Le confinement s'avère probablement efficace", commente Didier Reynders, commissaire européen à la justice et la protection des consommateurs. "On le voit en Italie et en Espagne, notamment, le nombre de décès se stabilise. Et on espère le voir en Belgique. Ce qui laisse penser que nous ne sommes pas au bout du phénomène."

L'objectif de la Commission européenne est de coordonner le déconfinement à l'échelle européenne. "On va travailler plutôt en mois qu'en semaines ou qu'en jours", poursuit Didier Reynders, le pic de l'épidémie n'étant pas encore atteint en Belgique. 

Un constat partagé par l'OMS, Organisation mondiale de la Santé, qui rappelle qu'en ce moment, la priorité est de ne pas relâcher ses efforts, mais bien de les renforcer. "C'est une décision à prendre de manière très délicate", explique Catherine Smallwood, de l'OMS. "Plusieurs choses doivent être prises en compte, et cela devra se faire petit à petit. Notamment savoir si le virus est contrôlé dans la population."

Déconfiner la population d'ici le mois de mai est donc totalement incertain et dépendra de l'évolution de la maladie dans notre pays. 

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