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D'Iggy Pop à Clara Luciani, la musique de Michel Legrand vibre toujours

Une œuvre si riche et influente: un coffret rend hommage au compositeur Michel Legrand, créateur des thèmes des "Demoiselles de Rochefort", entre reprises par Iggy Pop ou Clara Luciani, collaborations avec Miles Davis ou Stan Getz.

"Je pense qu'il aurait aimé vivre plus longtemps pour voir venir à lui tous ces jeunes chanteurs, compositeurs, fondus de sa musique", décrit pour l'AFP Macha Méril, sa dernière grande histoire d'amour, ambassadrice de son répertoire.

La nouvelle vague de la variété française le cite abondamment. Comme quand Juliette Armanet reprend, en ouverture du festival de Cannes en 2018, "Les moulins de mon cœur", musique du film "L'Affaire Thomas Crown". Et son premier Oscar en 1969 (avant "Un été 42", 1972, et "Yentl", 1984).

Une réinterprétation intégrée dans le coffret "Hier & demain" qui sort ce vendredi. Cinq CDs ("Reprises et relectures", "Chanteur", "Jazz", "Variété instrumentale", "Cinéma") supervisés par Stéphane Lerouge, biographe de Legrand.

On y trouve aussi Clara Luciani, épaulée par le producteur électro Vladimir Cauchemar, qui emmène dans une autre dimension "La chanson de Delphine" (tiré des "Demoiselles de Rochefort"). Une version de "Noël d'espoir" profite du timbre de crooner d'Iggy Pop (aux côtés de Madeleine Peyroux, Carla Bruni, Emilie Simon et Rufus Wainwright). La présence de "L'Iguane" n'est pas surprenante. L'ancienne tête brûlée des Stooges a coloré son dernier album "Free" de teintes très jazz.

- Rio, bossa nova -

Or le jazz, c'est l'autre ADN de Michel Legrand. "Bach, Ravel, Stravinsky et Prokofiev étaient ses maîtres dans le classique et puis il avait eu un immense coup de foudre pour le jazz", résume Macha Méril. Le pianiste et arrangeur français se frottera à des pointures, comme Stan Getz ("Flight", "Now, you've gone" sont dans le coffret) ou Miles Davis ("Round midnight", "The Jitterbug waltz").

"Nadia Boulanger (monument du classique, professeure de Legrand) était triste qu'il ait eu ce penchant pour le jazz, mais, si on y ajoute sa maîtrise du classique, il pouvait se balader dans tous les genres", dissèque Macha Méril.

C'est du jazz et d'une de ses chanteuses Helen Merrill que vient son nom d'actrice, Méril. Macha Méril et Michel Legrand se rencontrent une première fois à Rio en 1964 en marge d'un festival de cinéma. "Il était surpris que je l'accompagne écouter de la bossa nova dans les clubs", se souvient-elle.

Leur coup de foudre à l'époque n'ira pas plus loin que le flirt, la comédienne et le musicien étant engagés avec d'autres. Un demi-siècle plus tard, en 2014, alors qu'elle a 74 ans et lui 82 ans, ils se rapprochent à nouveau et cette fois se marient. Le compositeur décédera en 2019.

- Animation japonaise -

Désormais, elle perpétue son œuvre. "Il m'en a chargé, alors qu'il était toujours très flou pour ce qui est juridique (rires), tout d'un coup, pour sa succession, il a été très efficace, il m'a fait un testament car il savait que personne d'autre que moi ne pouvait avoir le droit moral sur sa musique", souligne-t-elle.

Parmi ses multiples casquettes, Macha Méril préside l'association décernant "le prix Michel Legrand", créé en 2021, qui récompense notamment un compositeur de musique de films. Le jury de la prochaine édition, le 8 mai, est présidé par Claude Lelouch et comprend entre autres l'actrice (et réalisatrice et chanteuse) Agnès Jaoui ou encore Bertrand Burgalat, auteur-compositeur-interprète et producteur.

Un prix d'honneur sera aussi remis à Joe Hisaishi (on entend sa reprise des "Parapluies de Cherbourg" dans le coffret), surtout connu pour ses B.O. de la légende des films d'animation japonais Hayao Miyazaki ("Princesse Mononoké", "Le voyage de Chihiro", etc). Les notes de Michel Legrand ont essaimé partout.

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