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Le bestiaire déjanté et grave de l'exposition Zoonomia à Roubaix

Le plasticien suisse Christian Gonzenbach est un homme de science mais le bestiaire "Zoonomia" déjanté qu'il expose à Roubaix (Nord), à partir de vendredi, pose avec drôlerie des questions philosophiques sur les rapports de l'homme et de l'animal.

Docteur en biologie de 35 ans, Christian Gonzenbach est devenu artiste dans la logique de sa "fascination pour le monde animal et en général de tout ce qui se trouve à la frontière de plusieurs mondes", dit-il.

A Roubaix, "La condition publique" - un bâtiment de l'histoire industrielle de la ville devenu une fabrique culturelle - lui a offert une immense surface pour créer un muséum en folie.

On y voit dans une demi-pénombre l'oeuvre "Life size" (grandeur nature) : un squelette de baleine bleue de 30 mètres de long en bois qui ressemble à la charpente des bateaux baleiniers qui la poursuivaient.

Sur le mode gigantesque, on recense aussi ce lapin, blanc et doux mais mesurant 5 mètres de long et fabriqué avec la peau de 650 vrais congénères. Gonzenbach précise qu'il a recueilli la matière première dans un élevage qui jette ce produit comme ayant "mauvais genre", alors qu'il s'agit objectivement d'une fourrure de grande qualité.

D'autres peaux de lapins sont utilisées pour des gravures au laser représentant des scènes de bandes dessinées... avec lapins, alors que de vraies pattes d'autruche sont transformées en bottes féminines.

Il y a encore ces animaux (renardeaux, souris) taxidermisés en retournant les poils à l'intérieur, ce qui atténue étrangement leur sauvagerie ou ce "Petit homme", en fait véritable squelette de blaireau debout, tenant un épieu.

Ou bien ce crâne humain réalisé avec les éclats d'un oeuf d'autruche et ce "Sapiens sapiens", squelette de super humain à quatre bras et autant de jambes, en céramique.

Les objets ne sont pas en reste : une collection d'outils préhistoriques en silex a été reconstituée avec des gommes, objets qui eux-mêmes sont en train de passer dans le domaine de l'archéologie du fait de l'évolution des techniques.

Et, par le biais d'une vidéo d'animation, le spectateur arrive à se projeter sur des cornichons qui ressemblent, suivant les scènes, à des foules en mouvement ou à des amoncellements de cadavres.

L'artiste qui est également enseignant d'art et design à Genève a réalisé ces gros travaux lui-même en embauchant "quelques copains" au cas par cas.

Son hypothèse qu'il "n'y a pas de grande différence entre l'animal et l'homme, sinon dans nos têtes" résonne gravement au spectacle d'une oeuvre vivante intitulée "Sursis".

Dans un décor de faux rochers, trois vrais agneaux gambadent après avoir été retirés de la filière agroalimentaire à laquelle ils étaient destinés : la durée du sursis est d'un peu plus de deux mois, durée de l'exposition.

("Zoonomia, de la nature humaine" du 21 janvier au 27 mars, manufacture culturelle "La condition publique" à Roubaix avec présentation parallèle de spectacles de danse, opérette, marionnettes et contes.)

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