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"Est-ce que vous avez de l'eau ?": l'inspection du travail sillonne les chantiers pendant la canicule

"Bonjour, c'est l'inspection du travail !" En période de forte chaleur, sillonner les chantiers se transforme en chasse aux bouteilles d'eau pour cet inspecteur du travail des Hauts-de-Seine, qui vérifie que les entreprises respectent bien leurs obligations envers des salariés particulièrement exposés.

10H30 dans une petite ville de banlieue parisienne, le soleil cogne dans un ciel sans nuage. L'inspecteur du travail, casque blanc sur la tête, fait le tour avec le jeune conducteur des travaux d'un chantier de construction de logements, dont les trois niveaux sont déjà montés.

Au sommet du bâtiment, des couvreurs sont à l'ouvrage. L'un d'eux scie des planches de bois torse nu, un tee-shirt rouge noué sur sa tête pour se protéger des rayons. L'autre tête nue.

"Attention à l'insolation !" leur lance l'inspecteur du travail. Immédiatement, un responsable rabroue son salarié: "tu n'as pas une casquette ? Un chapeau ?". "Si, mais en bas", répond ce dernier, penaud.

"Ils travaillent en short, normalement c'est pas autorisé mais vous comprenez, avec cette chaleur...", plaide leur employeur. "On boit beaucoup dans la journée !" tente de rassurer l'ouvrier.

Au rez-de-chaussée, l'inspecteur du travail s'enquiert justement de savoir combien de litres d'eau sont mis à disposition des salariés. Dans le secteur du BTP, soumis à des obligations particulières, les entreprises doivent fournir "trois litres, au moins" d'eau "par jour et par travailleur", stipule le code du Travail.

Un peu affolé, le conducteur des travaux cherche partout un pack d'eau qu'il dit avoir acheté - en vain. En ouvrant le frigo blanc, au milieu de bouteilles de sodas, seulement deux bouteilles d'eau.

"Ça ne suffit pas", tranche l'inspecteur du travail. "Et vous avez une douche ?" "Non, je sais c'est obligatoire...", se désole l'homme, promettant d'en installer une.

Un courrier sera envoyé à son entreprise "pour dire que la prochaine fois, il faudra de l'eau en quantité suffisante et une douche fissa", explique le représentant de l'administration qui fait ce métier depuis 35 ans. "Ce qui compte c'est de marquer le coup par écrit".

- Éviter l'hyperthermie -

Quelques rues plus loin, un autre chantier en est lui aux fondations. Au milieu des bruits de marteau, le chef d'équipe grimpe à une échelle pour venir à la rencontre de l'inspecteur du travail, qui veut visiter les pré-fabriqués, isolés de manière à maintenir la fraîcheur, et servant de vestiaire et de salle à manger aux ouvriers.

Dans le frigo, ici aussi, seulement quatre bouteilles d'eau. Pour cinq personnes sur le chantier. "Mais on a une livraison de packs tous les jours, à 13h", explique précipitamment le chef d'équipe, un peu anxieux, mains sur les hanches.

Au moins, ici, un point d'eau est bien installé. "Des fois on prend des douches le midi, ça nous fait du bien", raconte le chef d'équipe.

Continuant sa tournée, l'inspecteur du travail tombe sur des travaux de voirie. "Je voudrais voir les réserves d'eau", demande-t-il encore aux ouvriers, qui travaillent de 7H00 à 16H00 en plein cagnard.

L'un d'eux extirpe fièrement une petite glacière bleue de leur camionnette, avec six bouteilles à l'intérieur.

"Des consignes ont été données pour la canicule", affirme l'ouvrier. "Boire beaucoup, et puis aller se reposer un peu à l'ombre si on a trop chaud", énumère l'homme en désignant une rue moins exposée, à quelques pas.

Jeudi, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a reconnu que "les failles" ressenties "ces dernières années" du dispositif canicule, pourtant éprouvé depuis une quinzaine d'années, concernaient surtout les personnes travaillant "à l'extérieur".

"Il faut absolument éviter que leur corps ne se réchauffe trop, c'est ce qu'on appelle l'hyperthermie, ça entraîne des symptômes importants, qui peuvent être très dangereux", a insisté la ministre.

"Des circulaires ont été envoyées à tous les employeurs" pour leur rappeler leurs obligations, a-t-elle assuré.

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