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L'automédication concerne surtout les moins favorisés: voici les risques liés à trois cas classiques de surconsommation

La prise de médicaments en vente libre est nettement plus fréquente chez les publics précaires qu'auprès des catégories sociales les plus favorisées, ressort-il de l'enquête conjointe de la mutualité socialiste et de Multipharma menée durant l'été 2018 auprès de plus de 2.000 coopérateurs francophones du réseau de pharmacies et d'une centaine de médecins. Un pharmacien nous explique quelques risques liés à ce qui est finalement de l'automédication...

9 patients sur 10 prennent des médicaments accessibles sans prescription, comme des antidouleurs ou des anti-inflammatoires. Et 6% en consomment même de manière journalière! C'est une enquête menée auprès de médecins et de collaborateurs du groupe Multipharma qui le révèle. Ce recours fréquent, qui correspond finalement à une automédication, est surtout constaté dans les catégories de population plus défavorisées.

L'étude confirme donc que ce ne sont pas les catégories les plus favorisées qui recourent le plus aux médicaments en vente libre mais bien les plus défavorisées. Ainsi, 38% des répondants avec des difficultés financières fréquentes disent y avoir recours contre 17% chez les sondés plus favorisés.

Le risque de l'automédication, c'est la mauvaise consommation de médicaments. Nous avons évoqué trois cas concrets avec un pharmacien.

Si on prend trop de Dafalgan (paracétamol), qu'est-ce qu'on risque ? "Des problèmes rénaux, des problèmes hépatiques (foie)… Et ces choses peuvent s'accélérer très rapidement. Donc oui, il y a des risques", a expliqué Benoit Derasse, pharmacien à Bois-Seigneur-Isaac, qui confirme par ailleurs le rôle important du métier de pharmacien (de nombreuses personnes y prennent les renseignements de base au lieu d'aller chez le médecin).

Et si je donne de la vitamine D à mon enfant, en trop grande dose ? "Les vitamines D sont liposolubles, elles font partie, avec la A, la E et la K, des vitamines qu'on ne sait pas facilement éliminer (car elles ne sont pas hydrosolubles). Il y a des risques de concentration qui ne sont pas négligeables, notamment chez les enfants".

Et pour le spray nasal ? "Il faut respecter la posologie, bien sûr, mais surtout la durée limitée d'utilisation. Passé cette limite, le patient va développer des rhinites médicamenteuses, et il va entretenir cette rhinite (nez bouché, par exemple) par le médicament. Le pharmacien doit bien indiquer que c'est, par exemple, maximum une semaine. Mais on en rencontre tous les jours, des patients qui en surconsomment".

Des lacunes dans les connaissances des répondants

L'enquête montre par ailleurs que les connaissances qu'ont les répondants des médicaments souffrent de nombreuses lacunes mettant potentiellement leur santé en danger. Et si une connaissance est acquise, elle n'est pas pour autant intégrée dans les pratiques de consommation.

Ainsi, parmi les personnes ayant un bon score de connaissance, elles sont près d'un tiers (29,3%) à ne pas avoir le comportement approprié y correspondant dans l'usage du médicament contre 38,4% pour celles ayant mal répondu à la question.

Il ressort encore de l'enquête qu'une personne sur deux considère les médicaments comme un produit chimique à éviter.

Enfin, 34% des répondants disent éprouver des difficultés pour trouver une information fiable et accessible concernant la médication et sont très critiques à l'égard de la publicité et des firmes pharmaceutiques.

Du côté des médecins généralistes interrogés, ils sont nombreux à penser que les patients n'en savent pas assez sur les différents types de médicaments en vente libre et qu'ils ont tendance à sous-estimer leurs connaissances à ce sujet.

Solidaris et Multipharma encouragent dès lors médecins généralistes, prescripteurs et pharmaciens à sensibiliser et accompagner le grand public pour un recours optimal aux médicaments.

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